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Constructeurs

Ruée vers le lithium dans les Cornouailles

Publié le 19 juillet 2021

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Le Royaume-Uni aura besoin de 75 000 tonnes de lithium d'ici 2035. Pour répondre à cette demande, Cornish Lithium veut extraire une partie de ce précieux métal dans la région des Cornouailles. Mais ce n'est pas un long fleuve tranquille.
La société britannique Cornish Lithium s'est lancée, depuis 2016, dans l'extraction de lithium dans les Cornouailles.

 

Les Cornouailles, nouvel eldorado pour le lithium ? C'est le pari d'une société minière britannique prête à faire revivre une tradition ancestrale et à surfer sur le boom de ce métal incontournable dans les voitures électriques. Cette région verdoyante du sud-ouest de l'Angleterre est connue pour ses villages pittoresques et ses plages, mais dans l'arrière-pays, au détour de routes tortueuses, Cornish Lithium a élu domicile sur le site d'une ancienne mine. Son but est d'extraire des eaux souterraines chaudes assez de lithium pour répondre à l'explosion de la demande pour les batteries électriques, en respectant l'environnement et en défendant l'industrie britannique.

 

Jeremy Wrathall, patron de Cornish Lithium et ancien banquier d'affaires, s'est lancé dans l'aventure en 2016, attiré par la révolution "verte" dans l'automobile. "Un ami m'a dit qu'on avait trouvé du lithium en Cornouailles et je me suis dit que c'était quelque chose qui n'était pas connu au Royaume-Uni", explique-t-il à l'AFP. Le lithium, identifié pour la première fois en Cornouailles en 1864, est un métal qui entre dans la composition des batteries rechargeables les plus utilisées dans les véhicules électriques.

 

Le chemin n'a pas été facile. Il a fallu obtenir les droits de forer auprès des propriétaires des terrains, puis trouver la technologie pour ramener de l'eau à la surface et ensuite récupérer le lithium. La société peut même envisager de se servir de la chaleur des eaux et de la géothermie pour produire de l'énergie propre sur les sites d'extraction. Cornish Lithium réalise pour l'heure des tests sur deux sites, l'un dans des eaux souterraines, la ressource la plus écologique et la plus prometteuse puisqu'elle pourrait être disponible ailleurs dans la région, et l'autre dans de la roche.

 

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"Les premiers résultats sont encourageants", affirme Jeremy Wrathall, qui vante une "eau de Cornouailles très propre" où "il y a beaucoup de lithium et très peu d'autres choses, comme du sel ou du magnésium, ce qui est un énorme avantage". Autre atout, les habitants de Cornouailles sont bien disposés à l'égard du projet. "Les Cornouailles ont une longue histoire minière et donc les gens comprennent mieux l'industrie que dans d'autres endroits en Europe", selon lui.

 

La société n'est pas la seule à faire ce pari dans la région. Son concurrent British Lithium tente d'extraire du lithium du granite. Ces entreprises se posent en héritières d'une tradition minière - notamment pour extraire des métaux comme le cuivre et l'étain - vieille de 4 000 ans en Cornouailles, où la dernière mine avait fermé en 1998. "Bien sûr j'aimerais faire revivre l'industrie minière en Cornouailles mais il s'agit d'un projet commercial. Je n'ai pas de mission au point d'être dans l'émotion ou le romantisme", prévient Jeremy Wrathall.

 

Malgré des perspectives attrayantes, Cornish Lithium n'a pas encore la certitude de pouvoir passer à la phase de production, qu'il espère pour 2025. "Nous savons que nous pouvons extraire du lithium. Savoir si nous pouvons le commercialiser reste à confirmer", selon le dirigeant, prêt à "fournir une proportion importante de la demande britannique", qui devrait atteindre 75 000 tonnes d'ici 2035.

 

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Pour le Royaume-Uni, il s'agit d'un enjeu de souveraineté dans la course à la transition énergétique. Le lithium est extrait essentiellement en Australie et en Amérique du sud, et la Chine a la main sur la chaîne d'approvisionnement. L'institut Faraday, centre de recherche sur les batteries électriques au Royaume-Uni, évoquait fin décembre une nouvelle "ruée vers l'or", pour les métaux comme le lithium, le cobalt et le nickel. Et les besoins vont être énormes comme pour le pays qui va interdire les nouvelles voitures à essence et diesel à partir de 2030. Le japonais Nissan a lui un projet d'usine géante de batteries dans le pays.

 

Pour l'heure, "l'Europe n'a pas d'offre", regrette Jeremy Wrathall, ce qui pose des problèmes environnementaux puisque le lithium et les batteries fabriquées en Asie sont souvent produites avec des énergies fossiles polluantes. En France, il existe un projet d'extraction de lithium du sous-sol en Alsace et en Allemagne le groupe Vulcan pense pouvoir en produire dans la vallée du Rhin.

 

Pour Alex Keynes, de l'ONG Transport & Environnement à Bruxelles, à court terme l'extraction minière de lithium respectueuse de l'environnement est nécessaire pour répondre à l'explosion de la demande. Mais d'ici 15 ou 20 ans, "la majorité des matériaux comme le lithium devraient venir d'un recyclage efficace et propre" quand les premières batteries électriques arriveront en fin de vie. (avec AFP)

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