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Constructeurs

Renault Trafic, héros malgré lui

Publié le 28 mai 2010

Par Benoît Landré
4 min de lecture
Qu'il s'agisse de délocalisation ou de re-localisation, rien ne se fait dans la facilité entre le gouvernement et Renault. Le gouvernement, par la voix de Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, a, de nouveau, dévoilé...
...le nom du véhicule qui sera produit dans l'usine de Sandouville tandis que Renault s'efforce de maintenir une totale discrétion sur ce sujet pour gérer au mieux les négociations avec ses partenaires.

Alors que l'information faisait le tour des médias nationaux, Renault s'est empressé de corriger le tir en diffusant un communiqué le 31 mai, avec cette phrase assez claire : "A ce jour, il est trop tôt pour annoncer le nom du véhicule". La vraie question étant : trop tôt pour quoi ? Quelles sont les raisons qui poussent encore Renault à cacher ce que tout le monde connaît depuis plusieurs semaines ? Le ministre de l'Industrie avait déjà lâché, en février dernier, l'identité du véhicule utilitaire qui serait produit à Sandouville à partir de 2012. Puisqu'il ne s'agit pas du Kangoo, produit à Maubeuge, et encore moins du Master dont la nouvelle génération est actuellement produite sur les lignes de montage de Batilly, l'énigme était assez simple à résoudre. Quel autre modèle utilitaire que le Trafic peut être concerné par cette re-localisation ? Depuis plusieurs mois, les dirigeants de Renault se prêtent au jeu du "motus et bouche cousue", non sans une certaine pointe d'amusement tant ce besoin extrême de confidentialité s'avère caduc.

Quand les annonces du gouvernement parasitent les négociations de Renault

Cependant, il apparaît que l'enthousiasme communicatif de l'Etat sur ce fameux véhicule ne soit pas sans causer quelques contrariétés à Renault. "Les annonces du gouvernement compliquent nos négociations. Cela peut, en effet, créer un trouble dans la vision de nos partenaires, précise la direction de la communication de Renault. De manière générale, nous ne communiquons jamais en amont sur un projet de nouveau véhicule car nous ne souhaitons pas que la concurrence bénéficie de ces informations et détermine sa stratégie industrielle en fonction de nos décisions". Les négociations en question portent sur une collaboration industrielle avec "plusieurs partenaires, dont Nissan", ajoute-t-on avec prudence chez Renault. Il y a fort à parier que la marque Opel soit également mêlée à ces discussions.

En effet, le Trafic étant produit à la fois dans l'usine de Barcelone de Nissan et dans l'usine anglaise de Luton, appartenant à Opel, des interrogations demeurent quant à la suite qui sera donnée à ces partenariats. Les marques nippone et allemande ayant, elles aussi, rencontré des baisses de production importantes dans leurs usines respectives. "A ce jour, Renault n'a rien dévoilé. Par conséquent, Opel ne souhaite pas se prononcer et ne voit pas de raison à ce jour de spéculer sur le futur de l'usine Luton", répond la direction de la communication d'Opel.

Le Trafic insuffisant pour assurer la pérennité de Sandouville ?

Même si Renault confirme que la production de son nouveau Trafic à Sandouville n'est en aucun cas suspendue à l'arrivée ou non d'autres partenaires, l'enjeu véritable est d'assurer la pérennité du site de production de Haute-Normandie (76) en y affectant des volumes de production supplémentaires. En 2009, 47 321 exemplaires du véhicule utilitaire Renault avaient été produits dans les deux sites de production contre près de 80 000 unités en 2008. A elle seule, la marque Renault annonce qu'elle aura la capacité de produire 65 000 unités en année pleine à Sandouville. Loin des 150 000 véhicules par an annoncés par Christian Estrosi dans les colonnes du Figaro récemment. Un chiffre d'ailleurs démenti par le service de communication de Renault.

Début des aménagements cet été

Le site de Sandouville qui a perdu 1 300 emplois entre fin 2008 et début 2009, "dans le cadre d'un vaste plan de départs volontaires", insiste le constructeur, a produit 63 301 unités (Espace IV, Laguna III, Laguna III Estate, Laguna III Coupé et la Vel Satis) l'an passé. En 2007, année un peu plus représentative du potentiel de l'usine, 97 866 ont été fabriquées. Le 20 mai dernier, les syndicats n'avaient pas manqué de manifester leur déception lors d'une réunion du comité de suivi de l'usine en déclarant que "cet investissement est fait pour dimensionner l'usine à l'utilitaire donc pour des volumes nettement inférieurs à la capacité actuelle de 300 000 véhicules/an contre 50 000 pour l'utilitaire". L'avenir de Sandouville reste donc toujours aussi nébuleux.

Rares certitudes à ce jour, l'usine normande qui emploie 2 500 salariés continuera de produire la Laguna et l'Espace "jusqu'à la fin de vie de ces modèles", affirme le constructeur français. Concernant le véhicule utilitaire, les premiers travaux d'aménagement dans l'usine débuteront cet été. L'assemblage du modèle est prévu en 2012 pour une commercialisation attendue pour 2013.

Photo : Les travaux d'aménagement pour configurer l'usine de Sandouville à la production du nouveau Trafic débuteront cet été.

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