Renault sort Nissan de ses comptes et perd 9,5 milliards d'euros
Les résultats financiers de Nissan n'influenceront plus ceux de Renault. En effet, le français vient d'annoncer que sa participation dans le nippon (35,71 %) ne sera plus comptabilisée par mise en équivalence. Elle devient un actif financier basé sur la valeur en Bourse de Nissan.
Cette écriture comptable explique la perte de 9,5 milliards que Renault annonce, qui représente la différence entre la valeur comptable de la participation et sa valeur en Bourse. Estimée à 1 500 yens dans les comptes, l'action Nissan valait 350 yens (2,07 euros) lundi à la clôture de la Bourse de Tokyo, a expliqué le groupe français.
Cette modification comptable "marque une rupture structurelle avec des décennies de consolidation avec la méthode de mise en équivalence" et simplifie les résultats de Renault, ont salué les analystes d'Oddo BHF dans une note.
"Cet ajustement améliore la transparence et est en ligne avec la relation capitalistique rééquilibrée entre Renault et Nissan, dont nous prévoyons qu'elle évoluera davantage (Renault devant réduire/vendre la majorité de sa participation - voire la totalité - lorsque cela sera possible/attrayant)", ont-ils poursuivi.
"Toute variation de la juste valeur de la participation dans Nissan (estimée sur la base du cours de Bourse de Nissan) sera directement comptabilisée en capitaux propres, sans impact sur le résultat net de Renault Group", a précisé le constructeur français.
Si ce mode de comptabilisation avait été à l'œuvre durant l'exercice 2024, le bénéfice net de Renault aurait atteint 2,8 milliards d'euros, alors qu'il a finalement été de 800 millions à cause de la perte de 4,1 milliards de Nissan.
La modification annoncée est "sans impact" sur les flux financiers (cash flow) de Renault ni sur le calcul du dividende, et n'est pas liée au départ annoncé du directeur général de Renault, Luca de Meo, a précisé le groupe.
D'alliés à simples partenaires
Ce montant de 9,5 milliards intègre la perte de 2,2 milliards d'euros annoncée fin mai 2025 par Renault et liée aux dépréciations et coûts de restructuration de Nissan.
Le constructeur français a reçu huit milliards d'euros de dividendes de Nissan depuis le début de l'Alliance en 1999, a-t-il signalé.
"Cette évolution comptable implique un ajustement important des états financiers de Renault Group", mais "ne modifie en rien les engagements stratégiques et opérationnels entre Renault Group et Nissan", a souligné le groupe de Boulogne.
Après des années de projets communs, Nissan et Renault, ainsi que leur partenaire nippon Mitsubishi, ont commencé à détricoter leur alliance en 2023. Ils ont annoncé fin mars 2025 qu'ils allaient pouvoir descendre à 10 % de leur capital respectif, contre 15 % actuellement.
Mais ils "continuent à travailler sur des programmes communs de développement industriels et technologiques", comme la nouvelle Nissan Micra basée sur la Renault 5, a relevé le groupe français.
Rappelons que Nissan a annoncé fin mai 2025 une perte nette annuelle colossale de 4,1 milliards d'euros. Le constructeur est engagé dans de douloureuses restructurations, visant 20 000 suppressions de postes dans le monde d'ici l'exercice 2027, soit 15 % de ses effectifs mondiaux, et de drastiques réductions dans ses capacités de production qui devraient entraîner la fermeture de sept usines. (avec AFP)
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.