Renault s’offre le plus beau des “Cave”
A la traîne ? Pas vraiment. Si Renault n’est évidemment pas le premier à investir dans un “Cave” (Cave Automatic Virtual Environment), Peugeot, Mercedes et d’autres l’ayant devancé depuis près de dix ans, le constructeur au losange n’en est pas moins impliqué dans la réalité virtuelle pour le développement de ses véhicules… Au Technocentre, point névralgique de Renault pour la conception des nouveaux véhicules, plusieurs dizaines d’ingénieurs partagent depuis 2002 la passion du virtuel avec, pour objectif, de réduire au maximum la fabrication de maquettes et autres prototypes, coûteux en temps, et en cash. Simulateurs statiques, dynamiques, mur d’images immersif… une palette de moyens sert ce Graal depuis des années. Mais le “Cave” constitue l’étape ultime d’immersion des personnels dans un environnement totalement virtuel.
Il s’agit d’une salle constituée d’écrans de rétroprojection stéréoscopiques (3D) et synchronisés. L’utilisateur, muni de lunettes spécifiques, est alors intégré dans cet univers où les murs, le sol et le plafond sont des images projetées, reconstituant un environnement virtuel. Un ensemble de capteurs analyse les déplacements du regard du visiteur, recalculant en temps réel la perspective pour respecter son point de vue.
Comme nous le disions, ce n’est pas une première, puisque la technologie existe déjà chez d’autres constructeurs ou dans le domaine aéronautique. Mais Renault a longtemps attendu que la qualité des images vidéo soit suffisante pour permettre de faire du développement avec les équipes de design, et que la puissance de calcul informatique soit également propice à gérer ces images et leurs mouvements complexes, sans saccade…
C’est aujourd’hui chose faite avec le Cave Iris (Immersive Room and Interactive System), qu’Andras Kemeny, responsable du centre de réalité virtuelle et immersive chez Renault, était fier de nous présenter. “Avec notre Cave Iris, c’est la première fois que nous allons parvenir à créer une parfaite symbiose entre les équipes d’ingénierie et celles du design”, s’enthousiasmait-il.
Spécificités bluffantes
Le Cave de Renault, c’est un projet de deux ans, pour six mois d’installation. Il a fallu creuser une fosse de 80 m3 sous le Technocentre, à l’endroit précis du futur Cave, afin d’y loger les projecteurs et miroirs qui génèrent l’image au sol. Quinze autres projecteurs HD stéréoscopiques sont utilisés autour de la pièce de 3 mètres sur 3 mètres pour des images de 70 millions de pixels. Côté calcul, il a fallu toute l’expertise de Mechdyne, prestataire et partenaire de Renault sur ce projet. L’entreprise a ainsi fourni 20 PC de 3.6 GHz, utilisant 24 GHz de RAM, 40 cartes Nvidia Quadro 6000, pour une puissance de calcul totalisant 20 téraflops ! Indispensable pour gérer 19 nouvelles images toutes les 16 millisecondes !
Le résultat est bluffant de fluidité et l’image virtuelle, d’un piqué exceptionnel. Muni de ses lunettes 3D au look futuriste, l’utilisateur, développeur ou designer, est totalement immergé dans son projet à l’échelle 1, et remarque ainsi plus facilement les erreurs ou aberrations éventuelles, pour lesquelles il faut d’ordinaire attendre plusieurs prototypes. Au plan du design, la qualité d’image est telle que l’on peut même visualiser les textures du tableau de bord, par exemple, afin d’en valider la pertinence sur tel ou tel véhicule. Bref, un outil d’une précision redoutable, qui présente aussi l’intérêt d’être évolutif, puisque Renault prévoit d’ores et déjà d’ajouter à l’immersion d’autres expériences sensorielles liées par exemple au toucher ou encore à l’odorat… Le futur Espace sera notamment développé dans le Cave Iris. Laurens Van den Acker, responsable du design de Renault, qui a essayé le système, s’est dit conquis par les possibilités offertes par cette technologie.
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