Renault et la F1
...concernant la présence de la marque en Formule 1. En fait, tout ou presque avait été dit par le grand patron de Renault le 31 janvier lors de la présentation de la nouvelle R26 à Monaco (voir JA n° 947 du 10/02/06). Rappel des propos. "Tant que nous continuerons à offrir un bon spectacle, à avoir de bons résultats et à rester au meilleur niveau de la Formule 1, il n'y a pas de questions à se poser sur notre avenir en Formule 1. Il y a évidemment des incertitudes sur les conditions dans lesquelles la Formule 1 va évoluer à partir de 2008. Il ne s'agit pas d'une préoccupation pour Renault uniquement, mais pour tous les constructeurs essayant de définir quel sera l'environnement de la Formule 1. Il poursuit : Mais si j'élimine cette incertitude, que je considère que nous allons résoudre ces questions, et que la Formule 1 continue à avoir un bon retour sur investissement pour les participants et en particulier pour le vainqueur, alors nous devons y être". Il est un fait certain que, depuis le retour en 2002, les résultats sont allés crescendo : 4e en 2002, à nouveau 4e en 2003 (mais avec
ZOOMSondage révélateur Un sondage récent révèle qu'en interne, 60 % des salariés de Renault sont passionnés, alors que 80 % s'intéressent à la F1. Parallèlement, une enquête consommateur lancée en novembre 2005 se veut pour le moins révélatrice. En effet, 66 % des personnes interrogées citent spontanément Fernando Alonso comme Champion du monde, alors qu'une personne sur deux cite Renault en tant que Champion du monde des constructeurs. Autre point significatif, les deux critères mis en avant au niveau du produit sont la fiabilité et la qualité. "Sur ces bases, nous sommes véritablement en train de mettre en place une communication F1 qui permette d'irriguer la communication institutionnelle, explique un interlocuteur particulièrement au fait de l'image. Le but est d'opérer un décloisonnement entre la F1 et l'entreprise". Il ajoute : "Chez nous, la F1 est en train de se mettre au service de l'image et n'est pas uniquement un objectif sportif". Une image qui passe aussi par la qualité et la rapidité du service. Ainsi, en Espagne, la communication relative aux Renault Minute rappelle un "pit-stop" de F1. |
Pour le groupe Renault, un succès isolé n'est pas non plus suffisant
Patrick Faure, président du Renault F1 Team (il quittera ses fonctions au cours du 2e semestre 2006) explique : "Si notre objectif reste clairement de gagner, il est évident que nous devons également prendre en compte la possibilité d'être 2e ou 3e lors d'une saison. Nous savons très bien qu'on ne peut gagner durant 10 ans… Cela, notre président en est parfaitement conscient".
Reste que, pour le groupe Renault, un succès isolé n'est pas, non plus, suffisant. De même, comme l'avait souligné Carlos Ghosn au dernier GP de France, "la firme au losange doit exploiter davantage les retombées de son engagement en Formule 1". Mieux, désormais, elle peut aussi capitaliser sur le fait qu'elle est Champion du monde. "L'année 2006 sera une année de relance pour Renault, et le programme F1 doit jouer un rôle important dans ce projet, reprend Patrick Faure. Plus que par le passé, l'idée est d'essayer d'établir un lien plus marqué à l'avenir entre la F1 et les voitures de tous les jours. Ainsi, outre les opérations liées à la publicité, à la communication et au merchandising, nous allons aussi et surtout développer plus de modèles haut de gamme et sportifs. Des modèles qui pourraient être disponibles sur le marché à partir de 2007". Une nécessité, tant l'inadéquation entre la F1 et la gamme est aujourd'hui flagrante. Exemple typique : en janvier dernier, les "Journées Renault F1 Team" organisées le week-end dans le réseau proposaient un tarif préférentiel (6 990 euros HT) sur… une série spéciale Twingo. Bref, il n'en reste pas moins vrai que, dans le futur immédiat, ce sont ces titres mondiaux qui démontrent les valeurs de performance, d'excellence technique et de fiabilité. "Ils représentent une plate-forme formidable pour accompagner l'expansion commerciale de Renault sur de nouveaux marchés tels que la Chine ou la Russie, souligne Patrick Faure. Mobiliser l'entreprise afin de faire passer ce message à nos clients sera une priorité en 2006".
Outre l'aspect réduction des coûts, les "incertitudes" relèvent de la redistribution des revenus générés par la F1
Ainsi, d'une manière ou d'une autre, Renault doit faire fructifier ses investissements dans la discipline phare du sport automobile. Régulièrement considéré comme le 4e ou le 5e budget du plateau, celui-ci peut raisonnablement être estimé à quelque 100 millions d'euros par saison, exception faite de la part supplémentaire incombant aux différents sponsors (dont Mild Seven qui devra s'effacer fin 2006 eu égard à la législation antitabac) et des revenus télé redistribués selon le barème des Accords Concorde régissant l'aspect commercial de la discipline. Mais, à l'instar des autres grands constructeurs automobiles engagés que sont Toyota, Honda, BMW et DaimlerChryler (Mercedes), la marque française rechigne à signer les nouveaux Accords Concorde devant entrer en vigueur à partir de 2008, estimant les retombées financières insuffisantes. D'où les fameuses "incertitudes" avancées par Carlos Ghosn, celles-ci étant également liées à la réglementation, donc à la réduction des coûts. "Sur ce plan-là, la réglementation publiée par la FIA fin 2005 nous paraît offrir un cadre de négociations et de réflexions acceptables, bien que certains détails doivent encore être soumis à approbation, note Patrick Faure. Il est un fait que, globalement, nous sommes dans la bonne direction. A nous et nos partenaires, de travailler pour rentrer dans le cadre. Maintenant, pour ce qui concerne la redistribution des revenus générés par la F1, sans trahir de secrets, nous avons bien progressé ces derniers mois et j'ai donc bon espoir que l'on arrive à trouver un compromis acceptable prochainement". Il faut savoir que ces discussions ont lieu pour l'essentiel non pas avec le seul Bernie Ecclestone, mais avec le fond d'investissements américain CVC, qui a acquis 75 % des droits de la F1.
Marc David
ZOOMPhénomène franco-français Lors de la présentation de la nouvelle R26, Flavio Briatore, apparemment irrité par deux articles publiés le matin même (articles traitant d'un éventuel retrait de Renault fin 2006), fustige la presse française. "Les journalistes français écrivent n'importe quoi, sans fondement. Normalement, la presse doit se faire l'alliée de l'écurie qui représente son pays, et non l'enfoncer à la moindre occasion". Certes, le moment était mal choisi pour ce "coup de gueule". Certes encore, le sémillant italien a tendance à mettre tout le monde dans le même panier. Mais, avouons-le, ses propos reflètent une vérité patente. Sur la même longueur d'onde que le directeur général du Renault F1 Team, Patrick Faure déclarait peu après : "Le jour où Schumacher quittera la F1, aucun journaliste italien n'écrira que Ferrari arrête la F1. Nous, nous avons un pilote qui nous quitte, et la rumeur enfle. Franchement insupportable pour toute l'équipe !" Le pire est que le syndrome Alonso se retrouve également au niveau du consommateur final. "Le constat est édifiant, note un vendeur de la marque rencontré chez un agent. Lors de nos "Journées Portes Ouvertes", la majorité des gens a davantage mis en avant le fait qu'Alonso quitte l'écurie, plutôt que de souligner le fait que Renault soit Champion du monde. Un phénomène purement franco-français…" En officialisant si tôt son départ pour McLaren, l'espagnol ne se doutait sans doute pas des répercussions engendrées par sa démarche. |
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