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Constructeurs

Régulateur de vitesse : Renault, sûr de son fait

Publié le 15 octobre 2004

Par Tanguy Merrien
7 min de lecture
Après diverses expertises, le constructeur de Boulogne-Billancourt est quasiment certain de la fiabilité de la Vel Satis mise en cause par un conducteur. Ce dernier affirme qu'une panne électronique touchant le régulateur de vitesse l'a obligé à rouler à près de 200 km/h sur l'A71. Le constructeur...

...évoque la possibilité d'une cause d'ordre comportemental.

"Les données recueillies et les faits constatés n'ont fait apparaître aucun dysfonctionnement. Le système de freinage, qui ne présente pas de signe d'usure anormale, la commande de boîte de vitesses, le groupe motopropulseur et le régulateur de vitesse sont tous parfaitement opérationnels", assure Renault. Voici la réponse - qui se veut particulièrement rassurante quant à la fiabilité du véhicule - du constructeur suite à la polémique née de la soi-disant course folle d'une Vel Satis sur l'autoroute A71.
Rappelons brièvement les faits. Selon la gendarmerie, un automobiliste a été contraint de rouler durant 150 km à la vitesse de 190 km/h du fait d'un problème électronique sur le régulateur de vitesse de sa Vel Satis, avant de pouvoir finalement s'arrêter près de Riom, dans le Puy-de-Dôme. "J'étais en train de doubler un camion et j'avais verrouillé le régulateur de ma Renault Vel Satis sur 130 km/h. J'ai accéléré pour dépasser le poids lourd et là, je n'ai pas compris, le régulateur s'est emballé. La vitesse a grimpé à 190 km/h. Impossible pour moi de la faire descendre !", se souvient Hicham Draa, âgé de 29 ans. L'automobiliste assure qu'il a tenté en vain d'arracher la boîte séquentielle de vitesses et de retirer la carte magnétique qui sert de clé de contact. "Le conducteur a eu relativement peur, d'autant qu'il a été obligé à un moment de doubler à 200 km/h sur la bande d'arrêt d'urgence" alors qu'une voiture doublait un camion, a expliqué un gendarme. A peine l'incident connu, Louis Schweitzer, le patron de Renault, a considéré qu'il s'agissait d'un "incident très improbable". Le constructeur a déclaré ne pas s'expliquer le "cumul d'incohérences" qui a pu laisser le conducteur sans possibilité de freiner ou de couper le moteur.





FOCUS

Les différentes possibilités pour déconnecter le régulateur de vitesse
Le conducteur dispose de plusieurs moyens pour déconnecter son régulateur de vitesse. Un porte-parole de Renault précise qu'ils sont au nombre de cinq :

  • Deux capteurs disposés sous la pédale de freins déconnectent le système en cas de freinage.
  • Deux commandes au volant permettent d'agir sur le régulateur.
  • Sur la planche de bord, une commande permet d'agir sur la vitesse de consigne du régulateur.
  • Sur la planche de bord, un interrupteur permet de déconnecter le régulateur.
  • Si l'automobiliste roule durant plusieurs minutes au-delà de la vitesse de consigne, le régulateur se déconnecte automatiquement.

  • Des études comportementales

    Trois jours plus tard, Renault a procédé, sous le contrôle d'un expert indépendant, à l'expertise statique et dynamique de toutes les fonctions de la Vel Satis en cause, dans les domaines électronique, mécanique et hydraulique. Les analyses effectuées au Technocentre de Guyancourt et au centre d'essais d'Aubevoye n'ont donc fait apparaître aucun problème particulier. Le constructeur, visiblement sûr de lui, a porté l'affaire devant le tribunal de grande instance de Bourges. Ce dernier a mandaté deux experts judiciaires qui vont mener une contre-expertise.
    Outre les différentes possibilités pour déconnecter le régulateur de vitesse (voir encadré), un porte-parole de la firme de Boulogne-Billancourt explique que dans tous les cas de figure, le conducteur aurait pu passer en "neutre" sur sa boîte automatique. En outre, le constructeur souligne que la puissance de freinage de la Vel Satis est de 100 à 150 fois supérieure à sa puissance d'accélération.
    Au vu des résultats des expertises déjà menées, Renault est quasiment certain que les voitures mises en cause par leur utilisateur n'ont en réalité pas connu de défaillance technique. Le constructeur évoque comme hypothèse le stress du conducteur face à l'utilisation du régulateur de vitesse. Renault va mener diverses études d'ordre comportemental pour tenter de comprendre ce qui a bien pu arriver.


    Cyril André





    Zoom

    Un cas non isolé
    Le constructeur de Boulogne-Billancourt assure qu'il est en train d'analyser quatre ou cinq cas qui pourraient se révéler similaires à celui de la Vel Satis de l'A71. Les résultats de ces différentes expertises devraient être rendus public dans le courant de la semaine.


     Le propriétaire d'une Renault Mégane, demeurant à Larnod, dans le Doubs, a affirmé avoir lui aussi été victime de l'électronique de son véhicule alors qu'il roulait sur l'autoroute A6, le 14 septembre dernier. "Après avoir ramené le régulateur à 92 km/h dans une zone de travaux, j'ai voulu freiner car il y avait des véhicules devant, mais impossible : ma pédale ne descendait pas et le régulateur ne s'est pas déconnecté", a expliqué Jacques Brosselard à l'AFP. Il se rendait à Rennes en compagnie de deux collègues de travail.


    " Pour ne pas rentrer dans la voiture qui me précédait, je suis parti sur une voie de dégagement à droite, dans la zone de travaux, et j'ai fini au frein à main en faisant un tête-à-queue avant que la voiture ne finisse par caler", a-t-il précisé. L'automobiliste a assuré avoir tenté d'enlever la carte pour couper le moteur et essayer de débrayer afin de couper le régulateur, dont il se servait pour la première fois sur cette voiture de service livrée huit jours plus tôt. "Quand j'ai expliqué ma mésaventure chez Renault, on m'a dit que c'était impossible, que dans la panique j'avais dû toucher tous les boutons, qu'il n'était pas envisageable que le régulateur ne se coupe pas… J'aurais été tout seul dans la voiture, personne ne me croirait", a-t-il poursuivi.


    "Le Parisien" rapporte un cas nettement plus dramatique. Selon le quotidien, un avocat parisien est actuellement mis en examen pour homicide involontaire après que son véhicule eut percuté une autre voiture au mois d'août sur l'A10, entre Paris et La Rochelle. Un jeune homme de 22 ans est décédé dans l'accident. Dans ce cas aussi, le régulateur de vitesse pourrait s'être bloqué sans que le conducteur puisse intervenir sur son fonctionnement. Concernant ce dernier cas, Renault explique que l'Espace possédait une boîte mécanique et une motorisation tout à fait différente de la Vel Satis par qui l'affaire est arrivée sur le devant de la scène médiatique. Le constructeur dissocie donc ce cas des autres.






    Zoom

    Les distributeurs n'y croient pas
    Qu'ils soient distributeurs, directeurs de sites ou directeurs des ventes, le réseau Renault dans son entier a bien du mal à croire à l'affaire de la Vel Satis de l'A71. D'une part, ils ne donnent pas ou prou d'importance à l'histoire et, d'autre part, ils n'ont eu à souffrir d'aucune retombée. "Nous avons organisé un week-end porte ouverte juste après, ce qui ne nous a pas empêchés de commercialiser deux Vel Satis", explique Philippe Loriquert, directeur du site de Valence du groupe Bernard. Le dirigeant doute de la version donnée par le conducteur mis en cause : "On peut certes avoir des problèmes technologiques, mais j'ai du mal à y croire. J'ai exactement la même voiture avec la même motorisation et je ne crains absolument pas ce genre de problème. De plus, lors de la remise en main d'une Vel Satis à un client, on lui explique comment déconnecter le système." Lui et plusieurs de ses confrères reconnaissent en outre que les clients ne sont pas dupes. "La plupart nous en parlent, mais avec humour, sans y croire réellement, pensant à une supercherie", affirment-ils en chœur. Jean-Pierre Paumart, du groupe Guilmaut, pense que l'histoire est montée de toutes pièces et que la mauvaise blague ne tient pas la route. "Je me réjouis cependant de la position du constructeur qui a décidé de poursuivre l'affaire en justice", a-t-il ajouté.


    Par ailleurs, il se murmure dans le réseau que le conducteur de la Vel Satis soit disant folle avait prochainement l'intention de changer de véhicule dans une concession de la région parisienne…
    TM

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