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Constructeurs

PSA tient sa nouvelle feuille de route

Publié le 5 avril 2016

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Maintenant sorti de l'ornière, le constructeur français veut asseoir son avenir sur la performance. Il n'y aura pas de course aux volumes, bien que chacune des marques lancera dans chaque grande région une nouveauté par an, mais une course à la profitabilité. Durant le plan "Push to Pass", couvrant la période 2016-2021, PSA veut insister sur l'amélioration de son chiffre d'affaires et sa marge opérationnelle.

(AFP)

Le constructeur automobile PSA a annoncé mardi viser une nette hausse de son activité et de sa rentabilité d'ici à 2021, qui passera par des voitures neuves, mais aussi des services et des offres de mobilité comme l'autopartage. Redressé après avoir évité de justesse la faillite il y a deux ans, le premier groupe automobile français veut atteindre une croissance de son chiffre d'affaires de 10% d'ici à 2018, puis de 15% supplémentaires à taux de change constant à l'horizon 2021, échéance de son nouveau plan stratégique.

Pour ce faire, PSA va mener "une offensive sans précédent au niveau du produit et de la technologie", passant notamment par le lancement de quatre voitures électriques et sept hybrides (essence-électricité) rechargeables, ainsi que d'un pick-up, a indiqué son patron Carlos Tavares, lors d'une conférence de presse. Au total, trente-quatre nouveaux véhicules seront commercialisés dans les cinq ans à venir dans le monde, vingt-six véhicules particuliers et huit utilitaires, selon l'entreprise.

Afin d'élargir son assise géographique, PSA, qui est en train de négocier une implantation industrielle en Algérie après le Maroc, est "à la recherche d'un partenariat pour démarrer en Inde", a confié son directeur financier, Jean-Baptiste de Chatillon, en ajoutant que le groupe "souhaite être industriellement présent en ASEAN" (Asie du Sud-Est).

PSA veut en outre revenir "très progressivement" aux Etats-Unis, pays dont il est absent depuis un quart de siècle, via des "services de mobilité", avant d'y proposer éventuellement ses véhicules en suivant un plan de marche sur une décennie. L'entreprise va d'ailleurs consentir quelque 100 millions d'euros à des investissements dans le capital-risque, reflet de sa volonté de devenir un "fournisseur de services de mobilité de référence", et pas seulement aux Etats-Unis.

"Nos clients sont à la recherche de mobilité au-delà de la simple notion de propriété", a affirmé Carlos Tavares, en énonçant plusieurs autres axes de développement de l'entreprise dans les services : gestion de flottes, location multimarquesaprès-vente... Dans l'immédiat, PSA a annoncé mardi avoir investi, avec l'assureur MAIF, 18 millions d'euros dans la société d'autopartage entre particuliers Koolicar.

Côté finances, le groupe aux trois marques (Peugeot, Citroën et DS) a aussi dit son ambition d'une "marge opérationnelle courante moyenne de 4% pour la division automobile sur la période 2016-2018 et une cible à 6% en 2021". En 2015, premier exercice bénéficiaire depuis 2010 avec 1,2 milliard d'euros de résultat net, PSA avait réalisé une marge opérationnelle de 5% pour sa division automobile.

PSA a vendu 2,97 millions de véhicules l'année dernière, dont un tiers produits en France. Mais il reste en deuxième division au niveau mondial, loin des quelque 10 millions de Toyota, General Motors et Volkswagen. Le plan ne mentionne pas d'objectif de production totale. "Ce qui nous importe d'abord, c'est la performance. La performance, c'est plus important que la taille, parce que c'est la performance qui permet de se donner le temps de rester maître de son destin", a philosophé Carlos Tavares. Ce dernier est resté évasif sur une éventuelle alliance pour atteindre une "taille critique" qui permettrait de partager les coûts, comme le fait Renault avec Nissan.

Alors que le plan prévoit une nouvelle hausse de la productivité dans les usines et que PSA négocie actuellement un nouvel accord de compétitivité avec ses salariés en France, Carlos Tavares a affirmé que le niveau de production dans l'Hexagone dépendrait du marché. "Il n'y a aucune raison pour que la base France ne continue pas d'être une base forte au cœur de l'entreprise, mais il y a pour nous tous (...) l'attente de ce que sera, à l'horizon de dix ans ou vingt ans, le marché automobile européen", a-t-il remarqué. Le précédent plan, qui arrive à échéance en fin d'année, prévoit notamment le maintien des sites industriels jusqu'en 2016, contrepartie aux efforts fournis par les salariés.

Les syndicats ont donc réagi avec inquiétude aux déclarations de Carlos Tavares. "C'est provocateur", a commenté Franck Don, représentant CFTC. La CGT, pour sa part, s'est dite "déterminée à combattre la politique de Tavares qui consiste à vider les usines de ses salariés".

Le plan stratégique 2016-2021 est baptisé "Push to Pass", référence au surcroît de puissance utilisé en compétition pour doubler. Sa publication s'est accompagnée d'un changement de nom pour l'entreprise qui, de "PSA Peugeot Citroën", devient "Groupe PSA", avec un nouveau logo. Le plan succède à "Back in the race", remède de cheval pour un groupe qui avait frôlé le dépôt de bilan et n'avait dû son salut qu'à l'intervention de l'Etat français et du groupe chinois Dongfeng, tous deux entrés au capital à hauteur de quelque 14%. La Bourse a accueilli fraîchement ce plan stratégique. Dans un marché très baissier (-2,18%), le titre Peugeot cédait près de 6% en début d'après-midi.

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