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Constructeurs

PSA maintient le cap

Publié le 17 février 2006

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Les records atteints par la division automobile du groupe en 2002 sont bien loin : le taux de marge et le rendement des capitaux investis ont été divisés par deux, à respectivement 2 et 7,4 %. Médiocre, reconnaît Jean-Martin Folz. Toutefois, aucune remise en cause stratégique n'est envisagée....
Les records atteints par la division automobile du groupe en 2002 sont bien loin : le taux de marge et le rendement des capitaux investis ont été divisés par deux, à respectivement 2 et 7,4 %. Médiocre, reconnaît Jean-Martin Folz. Toutefois, aucune remise en cause stratégique n'est envisagée....

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"Médiocre", c'est ainsi que Jean-Martin Folz a qualifié le bilan d'activité du groupe PSA pour l'année 2005. Les chiffres sont évocateurs : la marge opérationnelle qui atteignait son sommet en 2002 à 2,9 milliards d'euros est quasiment revenue au niveau de 1999, à 1,9 milliard d'euros. Pire, le taux de rentabilité des capitaux employés, mesure d'efficacité économique retenue par le groupe, est tombé à 7,1 % après un bon 12,9 % en 2004. En clair, les capitaux employés ont augmenté de 14 %, pour couvrir les investissements du groupe et son besoin en fonds en roulement, tandis que le résultat net a chuté de 37,5 % à 1,029 milliard d'euros.

La faute aux matières premières

Si le chiffre d'affaires de PSA est stable, à 56,3 milliards d'euros (+ 0,3 %), la marge opérationnelle est en forte baisse (- 21,8 %), baisse qui touche tous les domaines d'activité du groupe, à l'exception du financement (+ 17,2 %), épargné par la hausse du prix des matières premières qui semble être une des causes principales des déboires du groupe. Ainsi, la marge du transporteur Gefco s'est dégradée de 8, 2 %, à 4,8 % de son chiffre d'affaires, en raison d'un surcoût de 100 millions d'euros lié à la hausse du gazole ; l'équipementier Faurecia a été impacté à hauteur de 1,3 point de marge, soit 140 millions d'euros, par la hausse du prix de l'acier et des plastiques ; enfin, le surcoût supporté par l'activité automobile a triplé par rapport à 2004 pour atteindre 340 millions d'euros. "Nous prévoyons un impact de l'ordre de 200 à 250 millions d'euros en 2006, en raison de la renégociation de nos contrats de fournitures d'acier", a annoncé Jean-Martin Folz.





ZOOM

Des surprises en 2006 ?
Un tiers de l'offre produit du groupe va être renouvelé en 2006. La gamme comptera alors 38 silhouettes de véhicules, contre 28 en 2001, et son âge moyen passera à 4,1 ans contre 4,5 ans en 2005 (le pic de la décennie). L'âge va continuer à baisser régulièrement pour atteindre 3,3 ans en 2008, voilà la dynamique produit que PSA va imprimer. Citons notamment le 4x4 produit au Japon par Mitsubishi à 30 000 exemplaires pour le groupe dont le lancement est prévu en 2007. Jean-Martin Folz a indiqué que l'impact du lancement de 207 en avril ne se fera sentir qu'au second semestre mais que d'autres produits arriveront en 2006 : "Parmi les supputations de la presse spécialisée toutes ne sont pas erronées", s'amuse-t-il.

La baisse des ventes grève la marge de 380 millions d'euros

En définitive, cette cause externe est presque aussi importante que la cause principale et intrinsèque au groupe, la baisse des volumes de vente en Europe qui grève la marge de 380 millions d'euros. Toutefois, souligne Jean-Martin Folz, il y a des points positifs : Peugeot et Citroën ont compensé ce recul par un accroissement de leur volume hors d'Europe de l'Ouest, de respectivement 5,7 % et 15,8 %. Or, l'impact négatif du mix pays sur la marge automobile n'a été "que" de 60 millions d'euros, "signe que la rentabilité à l'international se rapproche du niveau européen", se satisfait le patron de PSA. En outre, l'effet prix, n'a été "que" de 80 millions d'euros (contre 330 millions en 2004), "ce qui est faible par rapport à la forte pression concurrentielle supportée notamment par la Peugeot 206 en fin de vie". Last but not least, la réduction des coûts de production s'est poursuivie avec un gain de 614 millions d'euros (contre 640 millions en 2004), l'objectif étant de rester sur ce rythme dans les années futures.

La stratégie est bonne, sa mise en œuvre trop lente

"Notre stratégie est bonne, c'est sa mise en œuvre qui est trop lente", a conclu Le P-dg pour justifier la dégradation significative de ses résultats en 2005. La stratégie du constructeur, la stratégie "un groupe, deux marques" est donc réaffirmée : PSA va poursuivre sa politique de plate-forme et de coopération pour réduire ses coûts ; les deux marques vont continuer à croiser le cycle de vie de leur gamme respective pour lisser l'activité des usines (lissage qui ne profite toutefois pas à leurs réseaux de distribution toujours bien distincts).
Le nombre de véhicules produits sur ses 3 plates-formes va doubler d'ici 2008 (3,2 contre 1,6 en 2005), ainsi que le nombre de véhicules produits en coopération (520 000 contre 280 000 en 2005). L'objectif d'économie sur les deux plates-formes principales (C3/207 et C4/307) est de 11 % d'ici à 2008. Il s'accompagnera d'un accroissement des volumes moins coûteux produits à l'Est, avec notamment le second site de Travna en Slovaquie qui doit produire un tout nouveau véhicule sur la plate-forme 1 (C3/207) d'ici 2010. Le P-dg a confirmé ses objectifs de moyen terme, sans toutefois se fixer d'échéance précise : 4 millions de voitures vendues et 6 % de marge opérationnelle "le plus rapidement possible". A la Bourse de Paris, l'action PSA baissait de 2,5 %, non pas à l'annonce des résultats, déjà connus, mais en réaction aux prévisions jugées trop "vagues" et prudentes pour 2006. Le groupe prévoit, en effet, de maintenir au premier semestre le niveau de marge atteint au second semestre 2005, soit environ 2,8 % de son chiffre d'affaires.


Xavier Champagne

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