Portrait de Nathalie Gigandet, directeur de gamme produit gamme basse Renault
...avec des responsabilités importantes au sein du développement produit du constructeur français. Un parcours, une personnalité atypique.
Tout commence donc par des études de commerce, émaillées d'un séjour au Japon, où débute une histoire d'amour pour un pays, une culture. Nathalie Gigandet apprend la langue, qu'elle maîtrise aujourd'hui parfaitement. Revenue en France pour démarrer sa carrière, en 1990, la jeune femme fait part, lors de son entrée chez Renault, de son désir de repartir au pays du soleil levant. C'est donc en toute logique que la hiérarchie de l'époque la propulse... Aux Etats-Unis ! Allez comprendre...
Elle s'installe pendant neuf mois sur place, durant lesquels elle effectue de la veille produit, autrement dit, elle étudie le marché local, évalue les méthodes des concurrents... Et cette expérience va représenter le creuset de la culture automobile de Nathalie. Nous sommes alors à l'époque de la montée en puissance des constructeurs japonais aux Etats Unis. Elle voit arriver Infiniti, la marque de luxe de Nissan, ainsi que Lexus. C'est également l'époque où la Honda Accord devient un best-seller, devant le sacro-saint Ford.
Elle est finalement envoyée au Japon en 1994, comme expatriée du groupe Renault. Mais cette fois, son statut se révèle plus porteur. L'aventure durera dix ans. "Au début, je suis restée un an responsable "veille produit" puis j'ai pris la direction du bureau de liaison à l'été 95." Tant et si bien que la liaison avec les partenaires japonais ira jusqu'à l'Alliance entre Renault et Nissan, au printemps 99. En septembre de la même année, Nathalie Gigandet entre à son tour chez Nissan, où elle passe ses journées à traquer les attentes de tous, pour concevoir l'auto du futur. Elle est rappelée au Technocentre en 2003, où elle prend un poste au sein de la stratégie technologique long terme de l'Alliance. En 2006, elle revient à la direction du produit, comme "directeur de gamme produit gamme basse" (petites voitures), incluant les Twingo, Modus, Clio... ainsi que leurs petits
CURRICULUM VITAEAprès plusieurs séjours au Japon et aux Etats-Unis, Nathalie Gigandet occupe désormais le poste de "directeur de gamme produit petites voitures", un service dont le but est de connaître les habitudes des clients, d'étudier les tendances du futur, puis enfin d'élaborer la voiture de demain. |
Concrètement, sa fonction consiste aujourd'hui à étudier les besoins des clients, puis à définir des produits pour répondre à ces attentes. Cela sous entend une collaboration étroite, en interne, avec la direction des études et recherches Clientèle. "Au regard de l'analyse minutieuse des CSP, de leurs revenus, de leurs aspirations, on segmente le marché, puis on élabore les véhicules du futur... En ce moment, nous travaillons sur les véhicules qui sortiront entre 2012 à 2014", s'enthousiasme Nathalie. C'est le coeur du métier produit. Se remettre en question encore et toujours, se battre pour les clients. Un principe qu'elle s'applique d'ailleurs à elle-même. Elle se félicite d'appartenir à une entreprise "tellement vaste, multimétiers et polymorphe", que l'on peut y faire quasiment ce que l'on veut tout au long de sa carrière. Toutefois, Nathalie Gigandet admet que les opportunités pour les hommes et les femmes sont souvent liées aux cursus. Ainsi, si chacun, chez Renault, semble porter son sort entre ses mains, elle pointe du doigt les "phénomènes de filière". "En effet, dit-elle, par la finalité de son métier, un constructeur automobile accueille logiquement beaucoup d'ingénieurs. Or, cette filière attire encore aujourd'hui essentiellement des hommes. Maintenant, si l'on parle de fonctions commerciales, la tendance s'inverse et les femmes sont bien présentes."
Lorsque l'on avance un éventuel avantage à être une femme pour réfléchir sur les petites voitures, Nathalie Gigandet s'inscrit en faux. "Plutôt que de parler des qualités favorisant une femme par rapport à un homme, je préfère croire que ce job nécessite une sensibilité aux valeurs féminines. Un homme peut tout à fait avoir le profil !"
Des valeurs féminines qu'elle trouve d'ailleurs de plus en plus représentées dans la société actuelle. "De nos jours, il n'y a plus de surprise à installer une femme à un poste important ! Chez Nissan, au Japon, je dirigeais une équipe de 13 personnes en tant que senior manager. Il y avait alors seulement 3 femmes dans l'organigramme de tête, sur un total de 2 000 personnes. En plus d'être une femme, j'étais étrangère, un véritable ovni pour les Japonais ! Malgré tout cela, je n'ai eu aucun problème d'intégration ou de management." Très simplement, Nathalie analyse ces bonnes relations par le contexte même du travail à l'heure actuelle. "Je pense que, de toute façon, nous sommes tous sous la pression des objectifs. Plus personne n'a le temps de s'occuper des détails comme de savoir si l'on est dirigé par un homme ou une femme. Et ceci de la manière la plus naturelle qui soit." Tout est extrêmement fluide dans les méthodes de management de Nathalie Gigandet. Elle n'a nul besoin de faire preuve d'autorité, un mot dont elle dit "ne pas avoir l'usage". Pas de discipline militaire donc. Des convictions certes, mais en cela, Nathalie excelle, et considère même la persuasion comme l'une des valeurs les plus féminines, une compétence peut être plus à la portée des femmes que des hommes...
Quant aux autres qualités des femmes par rapport aux hommes, Nathalie Gigandet ne tarit pas d'éloges sur la polyvalence. "A la fois urbaines et rurales, au foyer et au travail, modernes et traditionnelles, maternelles et épouses, les femmes gèrent tout de front... Et ce principe s'applique de plus en plus, à tout le monde. Maintenant, les hommes ont parfois la vie des femmes au foyer. Mais sur l'optimisation du temps, nous sommes bien meilleures (rires)".
Frédéric Richard
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