"Nous préférons parler de recadrage de notre dispositif"
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Quel est le poids des filiales Peugeot et Citroën aujourd’hui ?
CHRISTOPHE BERGERAND. Le poids de nos filiales dans les deux marques varie selon les pays, l’histoire des marques dans ces pays et les besoins du constructeur en général. Ainsi, les filiales Peugeot représentent 27 % des ventes réseau en France tandis que les sites en propre Citroën pèsent de leur côté 37 % des ventes réseau. Ce poids est important et bien différent du reste de l’Europe où, en général, nos filiales représentent au global 21 % des ventes réseau, mais avec des écarts. Ainsi, en Allemagne, les filiales Peugeot écoulent 33 % des ventes du réseau Peugeot quand les ventes des filiales Citroën Suisse montent jusqu’à 40 %. Parallèlement, en Italie, nous possédons des sites en propre uniquement à Milan et Rome, qui représentent à eux seuls près de 10 % des ventes totales des deux marques, tout comme dans les pays de l’Est d’ailleurs.
Vous le constatez donc, le poids de ces filiales et le nombre de sites varient selon l’histoire et la maturité des marques dans certains pays, ainsi que selon la présence dans les métropoles et selon, parfois, la nécessité pour le constructeur de se substituer aux investisseurs privés.
JA. Pour revenir à la France, nombre de filiales ont été cédées récemment au sein de la marque Peugeot. Assiste-t-on à un rééquilibrage au sein des sites en propre et les poids de ceux-ci risquent-ils d’évoluer à terme ?
CB. Effectivement, cela a un peu bougé ces derniers temps. Comme vous le faites remarquer, nous avons cédé quelques affaires Peugeot à Reims (groupe Hess), à Strasbourg (groupe Kroely), à Perpignan (groupe David Gerbier) ou encore à Corbeil (groupe Métin). Toutefois, je tiens aussi à rappeler que parallèlement, nous en avons repris d’autres (Roncq, Bordeaux, Paris (N.D.L.R. : Paris 16e)) et région parisienne (N.D.L.R. : Neuilly). Pour expliquer ces mouvements, nous préférons ainsi parler de recadrage de notre dispositif selon les besoins pour couvrir de façon plus cohérente notre territoire. Ensuite, certaines affaires sont traitées au cas par cas. Ainsi, il nous a semblé raisonnable de reprendre l’affaire de Roncq du groupe Dubois car le site était trop éloigné de la zone de chalandise du distributeur et ne se justifiait pas dans son maillage. Cela nous a permis d’améliorer notre maillage sur le “grand Lille”.
JA. Mais en cas de défection ou de retrait d’un distributeur, votre rôle n’est-il pas aussi d’occuper le terrain sous peine de perdre des parts de marché ?
CB. Pas forcément, comme en témoigne la reprise du site de Roncq auquel je faisais référence. C’est identique à Bordeaux où l’agent en place ne pouvait développer le dispositif et où nous avons préféré nous installer en propre. Quant à Paris, suite à des échanges avec le constructeur, le groupe Bernier souhaitait se désengager, et c’est pourquoi il nous a paru judicieux de prendre la place laissée vacante.
JA. On parle de Peugeot, mais la marque Citroën a cédé, elle aussi, quelques affaires récemment ?
CB. Effectivement. Nous avons cédé au groupe Dubois (N.D.L.R. : un autre opérateur homonyme présent dans l’est de la France) la succursale de Dijon et, plus récemment, celle de Lisieux à un ancien collaborateur, tout comme celle d’Angers à un opérateur Peugeot connaissant particulièrement bien cette ville, le groupe Thierry Dubois-Hamon.
JA. Que répondez-vous à ceux qui affirment que ces cessions sont une façon pour le constructeur de céder des actifs ?
CB. C’est faux car il s’agit simplement d’une histoire de maillage et de rééquilibrage de notre réseau en propre. En période de crise, nous avons des choix à faire, et la cession de certains sites en propre nous permet aussi d’investir plus dans d’autres. Ainsi, parallèlement, en Europe, Peugeot Citroën Retail a repris ou ouvert de son côté d’autres affaires comme celles de Londres, La Corogne, Dublin, Zagreb ou Anvers (en cours).
JA. Quel est le rôle joué par une filiale aujourd’hui ?
CB. Il est identique à celui joué par les distributeurs privés. Une filiale se doit d’assumer les volumes, d’être une référence, de répondre aux exigences des clients en termes de satisfaction, de contribuer aux volumes BtoB… Si une filiale n’obtient que rarement, par définition, la même rentabilité qu’un distributeur privé compte tenu des coûts d’exploitation, notamment l’immobilier dans les grandes métropoles, ses performances opérationnelles dans le secteur de la vente et celui de l’après-vente sont parfaitement comparables.
JA. Justement, on entend ici ou là certaines critiques poindre sur l’état de certains sites en propre, lesquels subiraient un grave retard en termes de représentation par rapport aux concessions du réseau privé ?
CB. Effectivement, nous venons de lancer un programme dans le but de remettre à niveau l’image de certaines affaires en propre du réseau. Sur les 170 sites que compte notre réseau France, 50 % ont déjà bénéficié d’investissements liés à l’image de marque (nouvelle image de marque pour Citroën et Blue Box pour Peugeot). D’autres ont connu quelques restructurations et 30 % des sites sont en cours de mise à l’image, soit au total 140 sites concernés. Il nous est important de compter sur les meilleures représentations possibles afin d’être irréprochables au niveau du service clientèle, et ce dans tous les secteurs d’activité d’une concession. A nous de fournir des niveaux de prestations et de qualité élevés afin d’être reconnus comme des ambassadeurs des deux marques.
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