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Constructeurs

Mercosur : l'automobile européenne a-t-elle vraiment à y gagner ?

Publié le 6 décembre 2024

Par Nabil Bourassi
2 min de lecture
La Commission européenne a forcé le passage en signant un traité de libre-échange avec la principale zone économique d'Amérique latine. Mais selon les spécialistes, cette convention ne devrait pas changer fondamentalement les arbitrages des constructeurs automobiles qui produisent déjà sur place, et resteront dans cette configuration.
Mercosur import-export automobile
La Commission européenne a forcé pour signer le traité de libre-échange avec le Mercosur. ©AdobeStock_iuneWind

C'est le sujet brûlant du moment à Bruxelles… L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (une zone de libre-échange qui réunit plusieurs pays d'Amérique latine) suscite beaucoup de débats enflammés. Le plus visible reste les actions spectaculaires des agriculteurs, notamment français, vent debout contre un nouvel accord qui les défavoriserait. 

 

Un traité "déséquilibré" ?

 

Ils ont d'ailleurs surnommé cet accord "viande contre voitures", une manière de caricaturer un traité qui sacrifie l'agriculture pour favoriser la filière automobile. Dans le détail, l'Amérique latine exporterait des produits agricoles de type viande, sucre, miel, riz… En échange, l'Europe verra ses voitures, produits pharmaceutiques, machines… dénués de droits de douanes. Sur les voitures, les droits peuvent s'élever jusqu'à 35 % du prix du neuf.

 

Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu'il était contre cet accord. Mais Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est passée outre, et a signé l'accord ce vendredi 6 décembre 2024. Selon elle, l'Europe a tout à gagner en accédant à un marché d'environ 270 millions de consommateurs, soit 82 % du PIB du continent. 

 

Les constructeurs automobiles, eux, ne sont pas plus enthousiastes que cela. Ils sont déjà nombreux à avoir installé leurs usines sur place. Les opportunités d'exportations sont faibles, sauf pour compléter des catalogues avec des produits européens. Mais globalement, les marques européennes ont dessiné des gammes spécifiques pour ces marchés et préfèrent produire sur place. 

 

L'accord ne protège pas contre les effets de change

 

Il faut dire que la volatilité monétaire, très caractéristique des marchés émergents de la région, pèse lourd sur les performances financières des filiales européennes. Les groupes ont donc accentué leur sourcing local afin d'échapper aux variations des devises. Et le traité du Mercosur ne les immunise pas de ces effets de change.

 

Seules les marques premium allemandes pourraient y gagner en saisissant des opportunités d'export. Mais le marché premium sud-américain est encore faible, et les spécialistes estiment que les débouchés ne pallieront jamais la baisse des exportations vers la Chine.

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