Mercedes enfin seul
Néanmoins, comment résister aux avances d'un constructeur allemand aussi prestigieux que Mercedes-Benz ? En revendant son équipe à ce constructeur en mal d'identité, Ross Brawn aura réussi le casse du siècle. Officiellement, la cession a pris corps ce lundi 16 novembre. Avec 75,10 % du capital de Brawn GP (en fait, 45,1 % pour Daimler, 30 % pour Aabar, le fonds d'investissements émirien engagé avec le constructeur allemand, le reste demeurant aux actionnaires actuels de Brawn, soit Ross Brawn lui-même et Nick Fry), la firme à l'étoile a désormais les moyens de ses ambitions. A savoir, aligner ses propres monoplaces en Grands Prix, comme elle avait pu le faire avec un succès non démenti (neuf victoires et deux titres pilotes pour Fangio) sur les deux saisons 1954 et 1955.
Une démarche similaire à celle de Renault envers Benetton, ou encore de BMW envers Sauber. Il faut d'ailleurs souhaiter un meilleur avenir pour cette nouvelle union, que celui relatif au concurrent bavarois !
Bref. L'équipe Mercedes GP, qui demeurera sous la responsabilité de Ross Brawn, sera toujours basée à Brackley pour le châssis et à Brickworth pour les moteurs. "On ne change pas une équipe qui gagne", déclarait Norberg Haug, qui conserve son rôle de coordinateur auprès de Mercedes.
Un constructeur en mal d'identité, disions-nous ? Certes, durant quinze ans de vie commune avec son partenaire privilégié, Mercedes aura obtenu trois titres pilotes (deux pour Häkkinen en 1998 et 1999, un pour Hamilton en 2008) et un titre constructeurs (1998). Une récolte à la fois prolifique et peu prolifique, compte-tenu de la durée de la liaison. Mais le problème est ailleurs. Face à la notoriété de McLaren en Grands Prix, mais aussi à la personnalité de Ron Dennis, le motoriste éprouvait les plus grandes difficultés à mettre en avant et à exploiter une image pourtant prestigieuse. De plus, il n'a même pas eu la possibilité de sceller son partenariat en compétition en développant une voiture de haut de gamme destinée à la route, par exemple. Au contraire, McLaren décidait de se lancer sur ce marché avec sa propre voiture, baptisée MP4-12C. L'une des raisons, sinon la raison majeure, du divorce. Beau joueur néanmoins, Mercedes continuera d'équiper les voitures de l'équipe de Woking jusqu'en 2015. D'ici là, les 40 % du capital détenus par Daimler auront été racheté par McLaren, dont Martin Whitmarsh assure désormais la destinée.
Tour de passe-passe !Côté pilotes, la future équipe Mercedes GP risque fort de compter deux acteurs de nationalité allemande dans ses rangs. En effet, alors que l'engagement de Nico Rosberg, transfuge de Williams, est désormais acquis, celui de Nick Heidfeld, libre de son destin après le retrait de BMW, semble imminent. Une chose est certaine. Le transfert très médiatique de Jenson Button, le champion du monde 2009, chez McLaren-Mercedes, laisse une place vacante dans la nouvelle équipe qui officiera sous les couleurs gris-argent…Quant à Button, il rejoint donc Lewis Hamilton au sein de l'équipe de Woking pour une durée de trois ans au minimum. Une belle opération pour cette écurie qui aura des allures de "dream team" avec deux champions du monde, celui de 2009 et celui de 2008. Mais attention : la cohabitation entre les deux pilotes britanniques ne sera sans doute pas si simple, d'autant que le jeune prodige (Hamilton) se sent comme chez lui à Woking, fort d'un contrat courant jusqu'en 2012 inclus. Particulièrement alléchante au début, la cohabitation Prost-Senna n'avait-elle pas fait des vagues ? |
Photo : En rachetant l'équipe victorieuse de Ross Brawn, Mercedes assure la résurrection des légendaires Flèches d'argent.
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