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Constructeurs

Mercedes déterre l’H de guerre

Publié le 19 juin 2009

Par Frédéric Richard
8 min de lecture
Avec sa nouvelle Classe S, Mercedes inaugure l'hybridation. Pour faire face à la Lexus 600 H, la firme de Stuttgart propose un V6 essence assisté d'un module électrique et d'une batterie lithium-ion. Les consommations et...
...les émissions s'affichent donc à un niveau très bas pour ce niveau de gamme.

Les grosses berlines haut de gamme souffrent chroniquement de leur masse, qui induit souvent de gros moteurs, donc d'importantes consommations, donc de significatives émissions de CO2, donc de gros malus, donc l'ire des écolos etc. Mercedes n'échappe pas à la règle, à tel point que le constructeur de Stuttgart blanchit sa conscience en dotant sa Classe S d'une version hybride. Comme sa consœur d'outre océan, la Lexus LS 600 H, la S 400 H devrait ainsi séduire les grands de ce monde, soucieux de l'environnement quand leur image ou celle de leur entreprise est en jeu, et, bien sûr, si l'écologie n'écorne pas le plaisir.

De ce côté, pas d'inquiétude, la S400 H n'est pas une Prius… Il s'agit d'une vraie Mercedes, de haut rang, qui plus est. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle s'affiche à des tarifs plus que compétitifs pour ce niveau de prestation… En effet, la première hybride haut de gamme de Mercedes reprend de très nombreux éléments de sa compatriote dotée d'une motorisation classique. Une politique volontaire de "Carry Over" qui limite les coûts et délais de développement. Sur un marché trusté par les motorisations Diesel, à plus de 70 %, Mercedes espère tout de même bénéficier de l'image historique de sa Classe S et maintenir sa position de leader du segment H2 (berline Premium). La marque a vendu 870 Classe S en 2008, dont seulement 145 en motorisation essence. Rappelons que Mercedes domine ce segment en France devant BMW, Audi, Lexus, Jaguar et Maserati.


Une vraie Mercedes

Après quatre ans aux services des grands de ce monde, le vaisseau amiral de l'étoile allemande s'offre un lifting discret, sobre et chic, à l'image de l'imposante berline. Car l'hybride n'est pas la seule nouveauté présentée par Mercedes sur sa série S. L'ensemble de la voiture a été revu, pour faire honneur aux 270 000 unités de sa devancière.

A l'extérieur, la grille de calandre prend une forme de flèche plus prononcée, et un nouveau pare-chocs discrètement souligné par une arête lumineuse et une baguette chromée sous les prises d'air de refroidissement. Pour encore plus de dynamisme et de différenciation, le Pack ILS propose des bandeaux LED pour les feux de jour, les clignotants et les feux de position (de série sur la S 400 Hybrid et la S 600), qui confèrent à la Classe S une vraie signature visuelle propre. Le nouveau design des feux arrière, permet de s'affranchir des anciennes baguettes transversales dans le ton carrosserie et de les remplacer par 52 LED, dont l'agencement contribue, lui aussi, à compléter cette signature lumineuse unique. Dans l'habitacle, le nouveau design se base également sur la lumière. Grâce à l'éclairage d'ambiance (de série sur la S 400 Hybrid et la S 600), le conducteur peut désormais choisir entre trois ambiances : solaire (couleur ambre), neutre (couleur blanche) et polaire (bleu glace).

Précurseur

La S400 Hybrid est la première berline de série au monde à utiliser une batterie lithium-ion dans sa chaîne cinématique. Un choix dicté par les avantages essentiels qu'offre cette technologie, par rapport aux batteries nickel-métal hydrure (Ni-MH). En effet, le li-ion offre une densité énergétique plus élevée et un meilleur rendement électrique, pour un poids et un encombrement réduits. La chaîne cinématique mérite également toute notre attention, car elle présente bon nombre de particularités. Les ingénieurs de Mercedes ont travaillé d'arrache-pied pour faire de l'hybridation un système quasiment "plug-in" dans la voiture. Le but avoué consistant à limiter l'impact de cette nouveauté sur l'ingénierie globale du véhicule, et donc de limiter les coûts de développement et les tarifs pour le client final. Ainsi, l'accent a été mis sur le développement de composants compacts et légers, si bien que l'ensemble du système moteur électrique/électronique de gestion/batterie, n'excède pas 75 kg.

La motorisation combine le V6 essence de 3,5 l et 279 ch, dont les culasses et les pistons ont été modifiés, ainsi qu'un moteur électrique de 20 ch, offrant un couple de 160 Nm, ce qui porte le couple global à 385 Nm. La transmission est confiée à la très performante 7G-Tronic, aux "set-ups" et à l'architecture remaniés pour accueillir le module hybride. L'autre gros intérêt de l'hybridation, c'est que la direction assistée comme le compresseur de climatisation sont désormais électriques. Les deux systèmes fonctionnent donc également lorsque le moteur thermique est coupé.

La récupération de l'énergie du freinage a, elle aussi, fait l'objet de toutes les attentions. En conduite normale, un léger appui sur la pédale du milieu déclenche logiquement un ralentissement de l'auto. Mais il n'y a, à ce moment, aucune intervention des plaquettes de frein. Il s'agit du moteur électrique qui fonctionne alors comme un alternateur, récupérant du même coup l'énergie générée, pour gaver la batterie. Une batterie lithium-ion qui trouve, elle aussi, sa force dans sa compacité. Et là encore, cela a permis de limiter les impacts de l'hybridation sur la base de S350 utilisée. A première vue donc, rien ne distingue la batterie lithium-ion des modèles standard qui trouvent couramment leur place sous les capots moteur… Emplacement, taille, forme, tout est conforme… Mais en retirant un simple cache, le système de refroidissement par gel très sophistiqué apparaît. Car une lithium-ion, ça chauffe ! Et ça chauffe même beaucoup. A tel point que c'est l'un des points clé à maîtriser dans la technologie, pour éviter des désagréments en terme de fiabilité, et même d'explosion !

Afin de tester l'aptitude à une utilisation quotidienne de la nouvelle batterie, les spécialistes de Sindelfingen, où est produite la S 400 Hybrid, ont soumis 200 modèles de présérie à un véritable parcours du combattant. Les véhicules ont parcouru quelque dix millions de kilomètres dans des conditions de chaleur et de froid extrêmes, à plein gaz ou dans une circulation en accordéon, mais aussi en conditions de marche courantes. 

Un positionnement tarifaire travaillé

Pour se rendre compte des efforts consentis par la firme allemande en termes de coût, il nous faut utiliser la S350 CDI, la plus vendue des Classe S, pour la comparer aux données de la nouvelle S400 H. La 350 CDI pointe à 87 500 euros, auxquels il faut ajouter le prix des options proposées en série sur la S400 H. Ce qui fait un total de 91 310 euros, avec le pack ILS, le SSPP, l'éclairage d'ambiance et l'interface media. Sans oublier le malus, qui augmente encore le tarif de 1 600 euros !

Pour la S400, tous ces équipements sont donc inclus, et le malus écologique n'est "que" de 750 euros. Soit un delta de 1 170 euros, puisque la S400 est proposée à 92 300 euros. Moins de 2 % d'augmentation par rapport à la 350 CDI, ce qui devrait permettre à la berline essence de prendre rapidement son envol, face à une Lexus LS 600 H elle aussi très réussie, et dotée d'une motorisation plus valorisante. Souvenez-vous, un V8 à la puissance combinée de 445 ch avec des émissions à 219 g/km. C'est d'ailleurs peut-être le seul reproche que l'on pourrait faire à Mercedes. La volonté d'utiliser des composants déjà présents dans la gamme et de minimiser les coûts de développement justifie sans doute la présence d'un 6 cylindres… Pour autant, la puissance perçue au volant nous semble un peu insuffisante. Un moteur électrique un peu plus puissant aurait certainement trouvé sa place…

Equipement pléthorique

Mercedes a mis le paquet pour impressionner sa clientèle et lui offrir un confort tout à fait exceptionnel. Certes, la Classe S était déjà une référence de silence et de confort. Mais la version 2009 marque encore un peu plus la suprématie du spécialiste allemand dans le domaine. De nombreux équipements jadis optionnels passent en série, comme  le stationnement guidé, l'Attention Assist, les projecteurs au xénon, la commande vocale Linguatronic, la caméra de recul… Pour les autres véritables options, toujours incroyablement nombreuses chez MB, il faudra sortir le chéquier. Mais dans le domaine de l'assistance à la conduite, il faut admettre que la marque a des arguments… Un système global, basé sur l'utilisation dune caméra et d'un radar, permet plusieurs fonctionnalités, au rang desquelles le Lane Keeping Assist, l'éclairage adaptatif, la vision infrarouge avec détection des piétons, la reconnaissance des panneaux de signalisation… En termes de sécurité, la nouvelle Classe S s'offre le Brake Assist Plus, comprenez freinage automatique d'urgence, qui détecte une situation d'accident inévitable et intervient sur les freins à la place du conducteur.

Pour conclure, la nouvelle classe S est toujours chic, très chic même. Et avec cette nouvelle offre hybride, Mercedes la décale encore un peu plus de ses concurrentes.

La S 400 H en bref

Date de sortie : 26 juin

Segment : H2 berlines premium,  2 000 voitures par an

Principale concurrente de la S400 H :
Lexus LS 600h Pack President : 126 500 euros

Prix : 92 300 euros

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