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Constructeurs

Maria Stenström : “L’important, c’est d’être un manager”

Publié le 3 septembre 2004

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Regard clair, poignée de main franche et de la volonté à revendre, Maria Stenström a réussi à s'imposer au sein de la marque suédoise et à tracer une carrière qui l'a fait cheminer dans divers pays d'Europe. Aujourd'hui à la tête de Volvo en France, elle est la seule femme dirigeant une marque...
Regard clair, poignée de main franche et de la volonté à revendre, Maria Stenström a réussi à s'imposer au sein de la marque suédoise et à tracer une carrière qui l'a fait cheminer dans divers pays d'Europe. Aujourd'hui à la tête de Volvo en France, elle est la seule femme dirigeant une marque...

...automobile dans l'Hexagone.


L'année dernière, Linda Jackson, seule femme dirigeant une marque automobile dans l'Hexagone, quittait ses fonctions de présidente de MG Rover France et retournait en Grande-Bretagne prendre la direction financière de la marque pour l'Europe. Le cercle restreint des dirigeants de constructeurs automobiles, de filiales de constructeurs automobiles ou d'importateurs de marques étrangères en France se retrouvait, une fois de plus, dépourvu de toute représentation féminine. Pas pour longtemps ! Seulement quelques semaines plus tard, la Suédoise Maria Stenström reprenait le flambeau et était nommée à la tête de la filiale française de Volvo Car. Il ne s'agissait pas pour autant d'un parachutage orchestré par les cols blancs du siège de la marque scandinave, mais au contraire d'une véritable suite logique à une carrière entamée chez Volvo il y a plus de dix-huit ans et orientée très tôt à l'international. Maria Stenström n'est en effet pas du genre casanier et, à l'image des Vikings qui sillonnaient les sept mers, elle a très vite fait le choix de voir du pays. Dans sa vie personnelle - "j'ai fait la moitié du monde en bateau avec mes parents, puis avec mon mari" -, mais aussi dans sa vie professionnelle. Dès son entrée chez Volvo en tant que simple stagiaire, elle commence par faire le tour des départements au siège, puis s'envole pour l'Italie où elle passe trois mois. Ce stage de 15 mois au total débouchera sur une embauche. Pas vraiment par passion de l'automobile, mais




Curriculum vitae


  • Nom : Stenström

  • Prénom : Maria

  • Age : 45 ans

  • En 1983, elle obtient un diplôme de business administration et marketing de l'Université de Göteborg et entre chez Volvo pour un stage de 15 mois. Elle travaille ensuite dans les domaines du développement réseau, de la vente et du marketing produit au sein de la direction marketing et ventes. En 1992, pendant le rapprochement Renault-Volvo, elle travaille sur le projet Safrane en France. De retour à Göteborg, elle devient responsable de marchés puis, en 1996, responsable de marchés pour l'Europe du Sud et de l'après-vente pour l'Europe. Elle devient ensuite directeur du département offre produit pour l'Europe du Sud, basée en France, puis, en 2003, directeur général Volvo Automobiles France.
  • plutôt parce que "c'était une bonne opportunité". Pourquoi rester ? "Parce qu'à chaque fois l'occasion d'un poste intéressant s'est présentée", répond-elle simplement. Et par intéressant, il faut entendre un poste basé à l'étranger : "J'ai toujours travaillé à l'international et cela me séduisait parce que je parle italien et espagnol." Sans compter sa maîtrise de l'anglais et, surtout, son français impeccable qu'elle a appris sur les bancs du lycée et qu'elle a peaufiné au gré de ses nominations en Belgique et en France. Cela fait d'ailleurs un peu plus de trois ans qu'elle habite la région parisienne avec son mari et ses deux enfants, Anna, 13 ans, et Magnus, 10 ans. Sa famille l'a toujours suivie au cours de ses pérégrinations chez Volvo. Pour les enfants, elle trouve cela important car, ainsi, "ils apprennent à être différents et à s'adapter". Quant à son mari, c'est facile : il travaille aussi chez Volvo, pour le siège à Göteborg. "Il travaille à distance et, une fois par mois, il se déplace en Suède." Une organisation infaillible, mais aussi un véritable projet de famille : "On veut découvrir", lâche-t-elle avec évidence.

    Seulement 3 filiales de Volvo sont dirigées par des femmes

    Tout globe-trotter qu'elle soit, Maria Stenström ne s'est toutefois pas distinguée chez Volvo uniquement grâce à sa maîtrise de quatre langues étrangères. Ses qualités de meneuse lui ont aussi permis de se faire une place dans un monde réputé très masculin et à des postes où les femmes ne sont pas légion : "Parmi toutes les filiales de Volvo dans le monde, il n'y en a que trois qui sont dirigées par des femmes, c'est encore peu !" La Suède jouit pourtant d'une réputation avant-gardiste, de pays où l'égalité des sexes n'est plus un vœu pieux. "Il est vrai qu'il y a une volonté politique de renforcer la présence des femmes sur la scène publique et que cela se traduit également dans les conseils d'administration des entreprises", admet-elle. Sans naïveté toutefois : "Sur les dix personnes du comité de direction de Volvo, il n'y a qu'une seule femme… En revanche, il y a beaucoup de femmes ingénieurs." La France fait d'ailleurs figure d'exemple pour le groupe scandinave puisque le conseil d'administration de Volvo Automobiles France compte trois femmes parmi ses sept membres.

    Un style de management qui ne laisse pas de prise au machisme

    Néanmoins, elle n'a pratiquement jamais eu à faire face à des problèmes de machisme, quel que soit le pays où elle a travaillé. "Une fois, en Suède, un homme a montré quelques réticences à être dirigé par une femme", se souvient-elle toutefois, "mais il ne me l'a dit que 6 mois après, quand il s'est rendu compte que mon style de management lui convenait." Son secret est là : son style. Visiblement, elle ne semble pas s'embarrasser de questions de genre et préfère  imposer une image d'efficacité. "L'important, c'est d'être un manager", tranche-t-elle, en appuyant ses propos d'un regard franc et direct. Et de développer : "Qu'ils soient hommes ou femmes, Suédois ou Français, les gens veulent la même chose : quelqu'un qui les guide, quelqu'un de fort pour les protéger, et tout cela tient à la personne, pas au sexe. Ce qu'il faut, c'est savoir motiver son équipe."
    Elle va même jusqu'à tordre le cou aux habituels clichés imposant une ligne de démarcation du machisme entre pays nordiques et méditerranéens. Après s'être longtemps occupée des marchés de l'Europe du Sud pour Volvo, elle dit ainsi ne pas avoir été traitée différemment. "Il y a cependant des différences culturelles, nuance-t-elle, dans les autres pays, on respecte plus facilement une personne du fait de la hiérarchie, ce qui n'est pas nécessairement le cas en Suède." De même, de sa courte expérience chez Renault, où elle a travaillé sur le projet Safrane au moment de la tentative de mariage entre les deux constructeurs, elle se rappelle du penchant marqué des Français pour les diplômes. "En France, je me suis rendu compte que le diplôme ou l'école d'où l'on sort constitue une valeur, alors qu'en Suède il faut toujours faire ses preuves. On n'est pas prédestiné à être manager, il faut montrer que l'on a des capacités, au-delà de son diplôme." Des capacités qu'elle a, de l'après-vente à la vente, du siège social aux filiales européennes, amplement réussi à démontrer chez Volvo.


    Arnaud Dumas






  • Etes-vous passionnée d'automobile ?
    Je suis passionnée de Volvo et j'ai une flamme particulière : réussir à redresser Volvo en France. Nous avons eu des hauts et des bas dans ce pays, mais aujourd'hui, je pense que c'est le moment pour remonter.
  • L'automobile, hasard ou choix ?
    Opportunité.
  • Quel est l'autre secteur qui vous plairait ?
    La voile. J'ai fait la moitié du monde en bateau.
  • Votre voiture ?
    Un XC90, parce que ce sont mes enfants qui ont choisi.
  • L'avantage d'être une femme ?
    C'est quelque chose que j'ai appris récemment en France : deux hommes m'ont dit qu'il était plus simple de travailler avec une femme parce qu'il n'y avait pas le même instinct de compétition qu'entre deux hommes.
  • L'inconvénient d'être une femme ?
    Je n'en ai pas trouvé.
  • La voiture la plus féminine ?
    J'ai eu une Volvo C70 Coupé orange que j'ai bien aimée. Le matin, quand je sortais, je me disais : "Qu'elle est belle !"
  • La voiture la plus masculine ?
    Je ne sais pas.
  • A choisir, week-end shopping ou week-end F1 ?
    Week-end shopping…
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