Maria Stenström : “L’important, c’est d’être un manager”
...automobile dans l'Hexagone.
L'année dernière, Linda Jackson, seule femme dirigeant une marque automobile dans l'Hexagone, quittait ses fonctions de présidente de MG Rover France et retournait en Grande-Bretagne prendre la direction financière de la marque pour l'Europe. Le cercle restreint des dirigeants de constructeurs automobiles, de filiales de constructeurs automobiles ou d'importateurs de marques étrangères en France se retrouvait, une fois de plus, dépourvu de toute représentation féminine. Pas pour longtemps ! Seulement quelques semaines plus tard, la Suédoise Maria Stenström reprenait le flambeau et était nommée à la tête de la filiale française de Volvo Car. Il ne s'agissait pas pour autant d'un parachutage orchestré par les cols blancs du siège de la marque scandinave, mais au contraire d'une véritable suite logique à une carrière entamée chez Volvo il y a plus de dix-huit ans et orientée très tôt à l'international. Maria Stenström n'est en effet pas du genre casanier et, à l'image des Vikings qui sillonnaient les sept mers, elle a très vite fait le choix de voir du pays. Dans sa vie personnelle - "j'ai fait la moitié du monde en bateau avec mes parents, puis avec mon mari" -, mais aussi dans sa vie professionnelle. Dès son entrée chez Volvo en tant que simple stagiaire, elle commence par faire le tour des départements au siège, puis s'envole pour l'Italie où elle passe trois mois. Ce stage de 15 mois au total débouchera sur une embauche. Pas vraiment par passion de l'automobile, mais
Curriculum vitae
|
Seulement 3 filiales de Volvo sont dirigées par des femmes
Tout globe-trotter qu'elle soit, Maria Stenström ne s'est toutefois pas distinguée chez Volvo uniquement grâce à sa maîtrise de quatre langues étrangères. Ses qualités de meneuse lui ont aussi permis de se faire une place dans un monde réputé très masculin et à des postes où les femmes ne sont pas légion : "Parmi toutes les filiales de Volvo dans le monde, il n'y en a que trois qui sont dirigées par des femmes, c'est encore peu !" La Suède jouit pourtant d'une réputation avant-gardiste, de pays où l'égalité des sexes n'est plus un vœu pieux. "Il est vrai qu'il y a une volonté politique de renforcer la présence des femmes sur la scène publique et que cela se traduit également dans les conseils d'administration des entreprises", admet-elle. Sans naïveté toutefois : "Sur les dix personnes du comité de direction de Volvo, il n'y a qu'une seule femme… En revanche, il y a beaucoup de femmes ingénieurs." La France fait d'ailleurs figure d'exemple pour le groupe scandinave puisque le conseil d'administration de Volvo Automobiles France compte trois femmes parmi ses sept membres.
Un style de management qui ne laisse pas de prise au machisme
Néanmoins, elle n'a pratiquement jamais eu à faire face à des problèmes de machisme, quel que soit le pays où elle a travaillé. "Une fois, en Suède, un homme a montré quelques réticences à être dirigé par une femme", se souvient-elle toutefois, "mais il ne me l'a dit que 6 mois après, quand il s'est rendu compte que mon style de management lui convenait." Son secret est là : son style. Visiblement, elle ne semble pas s'embarrasser de questions de genre et préfère imposer une image d'efficacité. "L'important, c'est d'être un manager", tranche-t-elle, en appuyant ses propos d'un regard franc et direct. Et de développer : "Qu'ils soient hommes ou femmes, Suédois ou Français, les gens veulent la même chose : quelqu'un qui les guide, quelqu'un de fort pour les protéger, et tout cela tient à la personne, pas au sexe. Ce qu'il faut, c'est savoir motiver son équipe."
Elle va même jusqu'à tordre le cou aux habituels clichés imposant une ligne de démarcation du machisme entre pays nordiques et méditerranéens. Après s'être longtemps occupée des marchés de l'Europe du Sud pour Volvo, elle dit ainsi ne pas avoir été traitée différemment. "Il y a cependant des différences culturelles, nuance-t-elle, dans les autres pays, on respecte plus facilement une personne du fait de la hiérarchie, ce qui n'est pas nécessairement le cas en Suède." De même, de sa courte expérience chez Renault, où elle a travaillé sur le projet Safrane au moment de la tentative de mariage entre les deux constructeurs, elle se rappelle du penchant marqué des Français pour les diplômes. "En France, je me suis rendu compte que le diplôme ou l'école d'où l'on sort constitue une valeur, alors qu'en Suède il faut toujours faire ses preuves. On n'est pas prédestiné à être manager, il faut montrer que l'on a des capacités, au-delà de son diplôme." Des capacités qu'elle a, de l'après-vente à la vente, du siège social aux filiales européennes, amplement réussi à démontrer chez Volvo.
Arnaud Dumas
Je suis passionnée de Volvo et j'ai une flamme particulière : réussir à redresser Volvo en France. Nous avons eu des hauts et des bas dans ce pays, mais aujourd'hui, je pense que c'est le moment pour remonter. Opportunité. La voile. J'ai fait la moitié du monde en bateau. Un XC90, parce que ce sont mes enfants qui ont choisi. C'est quelque chose que j'ai appris récemment en France : deux hommes m'ont dit qu'il était plus simple de travailler avec une femme parce qu'il n'y avait pas le même instinct de compétition qu'entre deux hommes. Je n'en ai pas trouvé. J'ai eu une Volvo C70 Coupé orange que j'ai bien aimée. Le matin, quand je sortais, je me disais : "Qu'elle est belle !" Je ne sais pas. Week-end shopping… |
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.