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Constructeurs

Logan, une voiture mondiale

Publié le 11 juin 2004

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Renault vient de dévoiler la Logan, la fameuse voiture à 5 000 euros destinée aux marchés émergents. Sa commercialisation débutera en Roumanie avant de s'étendre aux autres marchés. En 2010, elle sera produite dans 6 usines et devra représenter 20 % des ventes mondiales du groupe. Actualité...

...chargée pour Renault ! A peine deux semaines après la présentation de sa Modus (lire page 10), la marque conviait l'ensemble de la presse européenne dans son Technocentre de Vélizy pour dévoiler la tant attendue "voiture à 5 000 euros" ou "projet X90". le modèle s'appelle en définitive Logan (à prononcer comme Mégane et non comme Trabant). C'est néanmoins davantage à son prix que se sont intéressé les journalistes. Louis Schweitzer,




FOCUS

Evolution des ventes de voitures entre 1999 et 2003


  • En Chine : 136 %
  • En Iran : 147 %
  • En Roumanie : 66 %
  • grand ordonnateur du projet, a dû répondre à deux questions principales : Le pari des 5 000 euros a-t-il été tenu ? Et si oui, comment ?
    A la première question, la réponse est oui, tout au moins en Roumanie lorsque Dacia cessera la commercialisation de la Solenza, un modèle d'ancienne génération à un prix équivalent. "En septembre, explique un chef de produit, ce n'est pas la version de base qui sera lancée, pour ne pas concurrencer la Solenza, mais une version à 5 700 euros, équipée de la direction assistée, de l'airbag conducteur et des appuis-tête". Pour les autres pays, Turquie, Moyen-Orient, Afrique du Nord en tête, le lancement de Logan est prévu en fin d'année. Le prix devra être majoré des éventuels droits de douane qui peuvent être très élevés, comme en Turquie.

    De 5 000 à 8 000 euros

    Le prix de 5 000 euros correspond donc à un prix d'entrée de gamme en Roumanie, il pourra monter jusqu'à 8 000 euros en fonction de l'équipement. Un exploit tout de même qui est obtenu en premier lieu grâce au faible coût de la main-d'œuvre. "Lorsque j'ai défini ce projet en 1998, explique Louis Schweitzer, j'ai demandé aux ingénieurs de créer une voiture moderne, fiable et abordable. Moderne signifie qu'elle doit répondre aux normes antipollution Euro IV, aux normes moyennes de sécurité européenne et qu'elle soit recyclable à 95 %. Abordable signifie qu'elle doit être accessible à 5 000 euros TTC. C'est dans ce cadre que nous avons acquis le constructeur roumain Dacia en septembre 1999, élément essentiel du projet pour obtenir de faibles coûts de main-d'œuvre".
    Deuxième élément, la conception. On ne parle pas de design mais d'un véhicule fiable et robuste, bénéficiant de 5 vraies places et d'un grand coffre avec une contrainte de prix qui interdit toutes fioritures. "Nos ingénieurs ont dû trouver des solutions techniques originales pour arriver à combiner fiabilité et faible coût". C'est ainsi que les vitres latérales sont plates et que la planche de bord est monobloc. Troisième élément, les pièces. "Le principe a été d'utiliser au maximum des éléments que nous avions déjà développés pour d'autres modèles". C'est ainsi que la Logan utilise la plate-forme des Micra, Modus et future Clio (à venir dans 18 mois), que le train avant est celui de l'actuelle Clio, et que le train arrière est celui de la Modus. Les moteurs essence 1,4 l et 1,6 l et la boîte 5 rapports sont piochés dans l'offre Renault. Les équipementiers qui ont accepté de suivre Renault sur ce projet avaient, encore plus qu'à l'accoutumée, de fortes contraintes de prix. C'est ainsi que Valeo réalise les blocs optiques avec un partenaire local, que Michelin produit ses pneus Montana sur place et que Johnson Controls ou Autochâssis International ont installé des unités de production près de l'usine Dacia de Pitesti.

    700 000 véhicules à l'horizon 2010

    Le projet X90 est essentiel dans le programme de Renault qui vise à vendre 4 millions de véhicules en 2010. En effet, la Logan et ses dérivés (break, fourgonnette) doivent représenter un volume de 700 000 véhicules, volume que le patron de Renault a même qualifié de "conservateur". Cinq sites se consacreront à sa production et assureront au produit une présence internationale : Celui de Pitesti en Roumanie, disposera d'une capacité de production de 200 000 véhicules en 2005 ; la ligne de production russe détenue en partenariat avec la mairie de Moscou disposera d'une capacité de 60 000 véhicules/an, qui peut facilement être doublé en fonction de la demande. L'usine de la Somaca au Maroc produira 30 000 unités ; à partir de 2006, l'usine de Medelin, en Colombie, pourra produire 44 000 véhicules/an ; enfin, en Iran, Renault Pars, la société commune créée avec deux partenaires locaux, va moderniser deux usines qui pourront produire 300 000 unités/an. "Notre sixième implantation devrait être la Chine, explique Louis Schweitzer. Si nous y allons, ce sera sans doute avec Dongfeng, puisque Nissan a déjà un joint-venture avec ce constructeur".


    Xavier Champagne





    Un véhicule badgé Dacia ou Renault

    "Au départ, la Logan devait être une Dacia, mais nous nous sommes aperçus que dans certains pays, l'utilisation de la marque Renault apportait un plus", a expliqué Louis Schweitzer. En réalité, la Logan sera badgée Renault dans les pays où la marque est encore peu présente, Logan devant y jouer un rôle de conquête, en Russie par exemple. En revanche, là où Renault est déjà implantée, la Logan sera badgée Dacia, en Europe centrale, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, sans doute pour ne pas nuire à l'image de la marque Renault.





    Dacia en bref

    Depuis qu'il a racheté Dacia, Renault y a investi 489 millions d'euros pour remettre à niveau l'outil industriel et améliorer la qualité, et 200 autres millions d'euros pour mettre en place la ligne de production de Logan. La modernisation du site s'est traduite par une réduction importante de l'effectif, de 30 000 personnes en 1999, le nombre de salariés est passé à 13 000 en 2003. Les ventes de Dacia ont progressé de 30 % entre 2000 et 2003 passant de 52 000 à 70 000 unités (dont 11 000 exportations), lui octroyant une part de marché de 45 %. "En 2005, Dacia fera ses premiers bénéfices", annonce Louis Schweitzer, et produira 200 000 véhicules/an.

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