Lodgy : Période cubiste pour Dacia
Dacia réalise un nouveau coup d’éclat avec son Lodgy. Le véhicule devrait permettre au réseau de gagner de nouveaux volumes, après une année 2011 de décroissance (voir Focus Gamme Entry). En effet, le véhicule possède plus d’un atout pour séduire les familles. Le premier argument reste sans conteste le prix. Les tarifs du Lodgy commencent à 9 900 euros, mais le constructeur compte sur une facture moyenne comprise entre 14 500 à 14 700 euros, le coût des options ayant été défini pour les rendre attractives.
Afin de proposer ces tarifs, comme les autres modèles Dacia, les équipes ont fait jouer les synergies au sein du groupe. Renault ne répond pas clairement sur le taux de réutilisation des pièces, déclarant que “plus de 40 % de la valeur du véhicule est du carry-over, le reste est fabriqué ou assemblé en local, à Tanger, avec des fournisseurs implantés, réalisant des pré-assemblages sur d’autres sites”. Climat politique oblige, le constructeur ajoute que “l’usine marocaine importe, depuis la France, pour plus de 800 euros de valeur pour chaque véhicule produit”. Renault précise aussi que plusieurs éléments de châssis viennent du Mans (Renault ACI) ou de Roumanie, dont les trains avant (Logan MCV) et arrière (Kangoo) ainsi que des pièces de structure ou de tôlerie (hors extérieur véhicule, embouti sur place au Maroc). Du côté de la conception, 20 % de l’ingénierie véhicule a été faite au centre Renault Technologie Roumanie (RTR), le reste provenant principalement du Technocentre de Guyancourt, en France, avec un apport du bureau brésilien pour le design extérieur.
Pour produire son monospace, Dacia s’appuie donc sur une nouvelle usine basée à Tanger. Après le Maroc et la France, depuis avril, le Lodgy arrive ailleurs en Europe et la Turquie clôturera les lancements en fin d’année. La production monte donc en cadence en fonction de lancements commerciaux. Le site est d’ailleurs en train de passer d’une à deux équipes quotidiennes, avant d’arriver à trois en fin d’année, pour atteindre une capacité de 160 000 véhicules par an. Bien évidemment, Dacia assure que les volumes pourront encore s’accroître afin de répondre à la demande du marché, moyennant un investissement complémentaire. Le constructeur prévoit que plus de 80 % de la production sera exportée dans le monde.
Conquérir les clients du VO
Long de 4,50 m, le gabarit se rapproche de celui d’un Scénic ou d’anciennes générations d’Espace. Renault entend d’ailleurs bien attaquer cette cible, à savoir les familles qui roulent en monospace (Scénic ou Espace), mais plébiscitent le véhicule d’occasion pour des raisons budgétaires. “Nous disposons du recul nécessaire pour savoir qu’il y a peu de cannibalisation entre Renault et Dacia, précise Bernard Cambier, directeur commercial de la marque. La clientèle Dacia provient à 50 % du VO et possède un véhicule âgé de plus de 10 ans. Elle souhaite un véhicule 100 % utile, d’où la présence d’une climatisation ou d’un limitateur de vitesse sur Lodgy. Alors que les clients Renault Scénic privilégient le confort de conduite, avec un régulateur de vitesse ou une climatisation automatique.”
Quatre niveaux de finition sont proposés (Lodgy, Ambiance, Lauréate et Prestige). L’intérieur a bénéficié d’une attention particulière sur les matières, notamment pour obtenir un niveau de qualité perçue optimal. De plus, “les espaces ont été travaillés afin de mettre de la valeur là où elle est utile et où elle se voit”, précise le constructeur lors de la présentation de son monospace. La planche de bord a été dessinée pour accueillir le nouveau système multimédia baptisé “Media Nav”. Réalisant ainsi sa première apparition au sein du groupe, celui-ci centralise l’ensemble des fonctionnalités pour 430 euros (de série sur Prestige). Depuis un écran tactile de 7 pouces (18 cm), l’automobiliste accède à un GPS, à la radio ainsi qu’à des appareils auxiliaires via une prise USB et jack. Il faudra en revanche prendre l’option Plug and Radio pour disposer d’un lecteur CD et de la technologie Bluetooth. Cette option devra à l’avenir faire son apparition sur les autres modèles de Dacia, et même chez certains modèles Renault. Autres options attendues, le mode 7 places se paie 490 euros et l’aide au parking arrière 200 euros.
Du côté du coffre, Lodgy joue les gros bras, avec un volume allant de 207 dm3 (coffre d’une Twingo) en mode 7 places à 634 dm3 (coffre d’un Laguna Estate) en mode 5 places. Il atteint même 1 861 dm3 au maximum de sa capacité, fauteuils rabattus.
Pour les motorisations, trois blocs sont proposés : 1.6 MPI 85 ch, 1.5 dCi 90 ch et 110 ch. Le nouveau moteur 1.2 TCe 115 ch viendra compléter la gamme dans le courant du deuxième semestre 2012. Tous les moteurs viennent des usines européennes, de Roumanie pour le 1.6 MPI et d’Espagne pour les dCi.
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Le Dacia Lodgy en bref
Date de lancement : 14 mars
Objectif* : 20 000 unités en 2012
Segment de marché : monospace
Principales concurrentes du Dacia Lodgy 1.5 dCi 90 ch (13 900 euros) :
Renault Grand Scénic 1.5 dCi 110 7 pl. : 26 600 €
Chevrolet Orlando 1.8 16V LS+ : 20 600 €
Peugeot Partner Tepee 1.6 HDi 75 Access : 18 100 €
Prix :
de 9 900 à 10 900 € - Essence
de 13 900 à 16 500 € - Diesel
*Estimation JA
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ZOOM : L’usine de Tanger
Renault est implanté commercialement au Maroc depuis 1928. En 2011, le groupe Renault a détenu 37 % du marché avec ses deux marques Dacia (n° 1 sur le marché) et Renault (n° 2). Il y possède un réseau de distribution de 64 sites. Il produit déjà sur un premier site industriel, la Somaca, à Casablanca, détenu à 72 % par Renault, 8 % par Renault Maroc et 20 % par PSA Peugeot Citroën. Celui-ci a produit plus de 40 000 véhicules en 2011 (Kangoo VP et VU, Dacia Logan et Dacia Sandero) pour le compte du groupe Renault.
L’usine de Tanger, qui produit le Lodgy, a nécessité un investissement d’un milliard d’euros, et complète donc l’outil industriel du constructeur au Maroc. Elle livre l’ensemble des marchés européens et méditerranéens, à la fois sous la marque Dacia et sous la marque Renault. D’une capacité de 170 000 véhicules/an, sa production passera à terme à 400 000 véhicules/an. “Il s’agit de la première usine automobile zéro carbone et zéro rejet d’eaux industrielles du monde, précise le constructeur. Les émissions de CO2 de l’usine de Tanger seront réduites de 98 %, ce qui correspond à un gain annuel de 135 000 tonnes de CO2, grâce à l’optimisation des consommations d’énergie et l’utilisation des énergies renouvelables.”
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ZOOM : Le Dokker est déjà prêt !
Comme prévu, le Dacia Lodgy n’est pas resté seul longtemps. Le Dokker a déjà fait son apparition le 17 mai dernier lors du salon de Casablanca, au Maroc. Logique, me diriez-vous, car comme le Lodgy, ce combispace est fabriqué dans l’usine de Tanger. Les Kangoo, Berlingo, Partner, et autres Caddy ont du souci à se faire aussi bien dans leur version VP que VUL. Le Dokker reprend les éléments techniques du Lodgy même si son allure sera quelque peu différente. En effet, il devrait être un peu plus court et plus haut que le monospace dont il découle. La version VP offrira 5 places et une à deux portes coulissantes selon les versions. La version Van, utilitaire, pourra également profiter de ces portes latérales très appréciées dans l’univers professionnel. Mais parions que le prix sera sans doute l’un des plus beaux atouts de ce modèle. A condition, bien sûr, de pouvoir (ou de vouloir) livrer des Dokker Van, car avec la Logan MCV Van, Dacia possédait déjà une arme qui n’a finalement pas vraiment rencontré le succès en France. Peut-être pour préserver le Kangoo ? Réponse en octobre prochain, lors du mondial de Paris, où nous pourrons en savoir davantage sur ces deux modèles.
En attendant, avec ce nom, faisant référence à l’univers du fret maritime et des “Dockworker” (les dockers), le Dokker se veut robuste tout en offrant un vaste volume de chargement. Espérons simplement que les bateaux venant du Maroc puissent être déchargés dans un port français !
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FOCUS - Succès de la gamme Entry
La gamme Entry a été créée en 2004 avec l’arrivée de la Dacia Logan et a connu un succès grandissant au fil des années, avec “une croissance annuelle supérieure à 20 %”, communique Renault. En 2011, le constructeur annonce un total de 813 822 ventes de cette gamme – sous un badge losange (60 %) ou Dacia (40 %) –, soit environ 30 % des ventes globales du groupe. En Europe (25 pays), en cumulé, Dacia a vendu plus de 1,1 million de véhicules, dont 252 323 unités sur 2011, selon le CCFA. En France, toujours selon la même source, le total atteint 358 000 immatriculations, en cumulé, dont 88 980 ventes sur 2011. Une baisse conséquente par rapport à 2010, où la marque dépassait les 100 000 immatriculations. Mais pour Bernard Cambier, directeur commercial de Dacia, “l’année a été atypique avec la fin de la prime à la casse et du bonus GPL. Malgré tout, la marque s’en tire bien, puisque le marché connaît une baisse globale de 10 %. En 2012, le réseau sera porté par le lancement de Lodgy et en 2013, nous entrerons dans une phase de renouvellement des véhicules, hors Duster”.
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