L’Insignia monte d’un cran
Retour en arrière. Nous sommes en 2008 et Opel présente son nouveau fleuron à la presse : l’Insignia. Au cours de cette parade d’inauguration médiatique, la berline se décline en de multiples motorisations prévues au catalogue, dont l’une tire 190 ch du 2,0 l CDTi. Cette déclinaison qui devait chapeauter la gamme ne verra pourtant jamais le territoire hexagonal. Issue de la collaboration entre GM et le groupe Fiat, le 2.0 CDTi 190 ne répondait pas aux exigences d’Opel. “Nous n’étions pas satisfaits de ses performances”, répète Jean-Philippe Kempf. Selon le directeur européen de la communication produits, les ingénieurs allemands ont à l’époque jugé que la courbe de couple était trop faible à bas régime, rendant le moteur creux dans les premiers tours.
Purement et simplement retiré des catalogues, le 2.0 CDTi est reparti au centre d’ingénierie Diesel, à Turin, en Italie, pour y subir un nouveau développement. Il a tant changé dans sa configuration que la direction peine à reconnaître qu’il s’agit toujours, dans le fond, du moteur d’origine Fiat. La principale évolution porte sur l’emploi d’un second turbo. Indépendants l’un de l’autre, ils sont programmés pour fonctionner individuellement, et de manière à se compléter tout au long de l’accélération. Ainsi, 80 % du couple est disponible dès 1 250 tr/min. Aussi, les ingénieurs ont-ils eu l’idée d’intégrer deux échangeurs, sur autant de circuits différents, respectivement attachés à chacun des turbocompresseurs. “Il a mis du temps à être développé, admet Massimo Giraud, l’assistant de l’ingénieur en chef au département Moteur 2.0 Diesel d’Opel, mais ce moteur a désormais pour lui une grande souplesse, sans effet turbo.”
Commercialement, ce bloc, une fois logé sous le capot de l’Insignia, nourrit forcément de grandes ambitions. Dans cette nouvelle livrée, le 2.0 CDTi est un 4 cylindres qui se targue d’offrir 5 ch supplémentaires et les performances des anciens V6, avec une consommation de carburant bien moindre. Opel veut soutenir la comparaison avec le 2.2 HDi de PSA (204 ch), le 2.2 TDCi de Ford (200 ch) ou encore le 2.0 dCi de Renault (180 ch). Le constructeur sait que, sur le marché de la berline moyenne, 75 % des clients européens achètent un Diesel, une proportion qui dépasse les 80 % chez Opel. A ce jour, le CDTi 160 réalise 60 % des ventes de l’Insignia en Allemagne et 45 % en France. Pourtant Jean-Philippe Kempf juge “qu’il y a un marché pour un moteur plus puissant”. Opel vise en effet “une clientèle plus haute, qui pèse 10 % des volumes”, dont une partie proviendrait de conducteurs naturellement désireux de monter en puissance.
Bourgeoise en tout point
Insignia ne se contente pas uniquement d’un moteur refait à neuf, elle se renouvelle également par son châssis. La berline et le break se dotent, en effet, d’une version Supersport, optionnelle, à quatre roues motrices, en plus d’évolutions techniques, dont la séparation de l’amortissement et de la direction afin de rendre la voiture plus réactive. Ce qui est réellement le cas à l’usage. Les lacets de notre route d’essai l’ont prouvé. Mais le 2.0 CDTi bi-turbo de 195 ch n’ira pas faire de l’ombre à la version OPC de l’Insignia, tant la voiture se profile plus comme une bourgeoise que comme une sportive. Peut-être le moteur, aussi généreux soit-il, souffre-t-il de la masse totale à déplacer, en plus de son obsession à rester sobre. La fiche technique de l’Insignia 5 portes fait état d’une prise de poids de 124 kg entre les versions deux et quatre roues motrices. Non négligeable.
En France, l’Insignia se vend à 7 000 exemplaires annuels, dont 96 % en Diesel. Ce sous-total se décomposant de la sorte : 45 % de CDTi 130, 45 % de CDTi 160 et 10 % de CDTi 110. La répartition est égale entre professionnels et particuliers. “Nos clients sont des hommes de 45 ans, contre 48 ans en moyenne sur le segment, avec un pouvoir d’achat aisé”, rappelle Jean-Philippe Kempf. De l’aisance budgétaire, il en faudra pour acquérir l’Insignia de 195 ch. Elle ouvre les négociations à 38 000 euros (4x2) et il faut compter 40 500 euros pour la version 4x4 qui, au passage, ne peut être associée à la transmission automatique. Un tarif qui encouragera les habitués de la marque à sauter le pas, mais qui pourrait rebuter certains prospects. Peugeot propose une 508 de 204 ch en automatique pour 38 750 euros, tandis que les Renault Laguna et Ford Mondeo se placent autour des 32 000 euros. A ce tarif, les clients sonderont certainement les offres d’Audi, BMW et Mercedes, avec un dilemme : la force de l’image ou la richesse de l’équipement Opel.
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INSIGNIA EN BREF
Date de lancement : mars
Segment de marché : berline
Objectif : 300
Principales concurrentes de l’Opel Insignia 2.0 CDTi 195 4x2 5 portes (38 000 €) :
Citroën C5 2.2 FHDi 200 FAP Exclusive BV6 (37 350 €) ;
Ford Mondeo 2.0 TDCi 200 Titanium 5 p (32 750 €) ;
Peugeot 508 2.0 HDi 204 FAP GT BA (38 750 €) ;
Renault Laguna 2.0 dCi 180 FAP GT 4 Control (32 300 €)
Prix :
De 38 000 à 40 500 € - Berline 4 et 5 portes
De 39 150 à 41 650 € - Tourer
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