Le gouvernement renforce son soutien à la filière automobile
Transition énergétique, innovation, relocalisation, formation : le comité stratégique de la filière automobile qui s’est réuni ce 26 avril 2021 autour des ministres de l’Economie, du Travail et de la Transition écologique vient de décider d’un avenant au contrat de filière signé en 2018 et qui court jusqu’en 2021. "C’est un rendez-vous majeur pour la filière automobile durement touchée par la crise et par la transformation de l’industrie. Je rappelle qu’en 2020, 1,3 million de véhicules ont été produits en France contre 2,2 millions en 2019. Une baisse qui résulte également de 30 ans de délocalisations massives dans le secteur. Mais nous avons une opportunité historique de relocaliser en France des productions à forte valeur ajoutée", a rappelé Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, lors du point presse qui s’est déroulé à l’issue de la réunion.
Accompagné par Luc Chatel, président de la PFA et du comité stratégique de la filière, ce dernier a également tenu à rappeler que malgré la crise actuelle, sans doute la plus grave de l'histoire automobile, les constructeurs et l'ensemble de la filière ont tenu leurs engagements de baisse des émissions de CO2 et sont même en avance sur leur feuille de route. "Nous voulions proposer une diversité de moteurs pour respecter les normes environnementales mais la vérité est que ces normes auront pour conséquence la quasi disparition des moteurs thermiques et l'émergence d'une solution unique, non choisie. Il nous faut donc transformer l'essai du véhicule électrique avec des bornes de recharges, de l'hydrogène pour les VUL et les véhicules industriels et ensuite préparer les entreprises à une transformation de masse et à leur conséquences économiques et sociales. Enfin, nous devons attirer les investissement du futur" a déclaré Luc Chatel.
Cet avenant au contrat stratégique de la filière met en avant 4 piliers du contrat stratégique appelés à être renforcés.
1 – Accompagnement de la transition vers le véhicule électrique
En 2020, 107 000 véhicules électriques ont été immatriculés en France, soit le triple de la réalisation de 2019. Mais jusqu’à présent, l’argent public, via les bonus et la prime à la conversion se tournait vers les véhicules particuliers, jusqu’à un prix public de 60 000 euros TTC. Cette limite financière va être revue avec la suppression de ce plafond pour pouvoir inclure les véhicules utilitaires légers afin d’accélérer également la transition de ce segment de véhicules. Les ventes de véhicules utilitaires électriques se sont limitées, en 2020, à moins de 9 000 unités, soit 0,4 % de part de marché. Grâce à cette aide, la filière vise un objectif de 1,2 % de part de marché, soit trois fois plus dans les deux années à venir.
En parallèle, et afin d’accélérer le déploiement de bornes de recharge dont le gouvernement s’est engagé sur un volume de 100 000 bornes à la fin de l’année, le ministre de l’Economie a également annoncé une enveloppe de 100 millions d’euros afin d’équiper, dès cet été, 156 aires de services sur les 368 qui jalonnent les autoroutes et voies rapides en France de bornes de recharge rapides. Fin 2021, ce sont 192 aires de services qui seront équipées. Au début de cette année, la France disposait d’environ 33 000 points de recharge pour un parc roulant de 465 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables
2 – Renforcer l’innovation et la production locale à forte valeur ajoutée
"Nous devons financer l’innovation dans le véhicule électrique, rechargeable et autonome", a déclaré Bruno Le Maire, tout en rappelant l’investissement déjà consenti de 700 millions d’euros pour la localisation de la production de batterie. La première réalisation concrète sera visible à Douvrin dans le Nord avec la création de l’usine de batterie portée par ACC (Automotive Cells Company) portée par la co-entreprise entre Stellantis et Total-Saft, avec 2 000 emplois à la clé. Un soutien financier qui bénéficie à Renault qui a décidé également de faire du Nord, sa base européenne de production de véhicule électrique mais aussi à Valeo avec l’usine d’Etaples (62) pour la production du moteur 48 V ou encore de Bosch. Plus globalement, en juillet 2020, une enveloppe de 150 millions d’euros a été engagée dans 25 projets pour développer la production française de composants stratégiques pour les véhicules électrifiés. 17 nouveaux projets, qui n’ont pas été détaillés viennent d’être présélectionnés, pour une nouvelle aide de 150 millions d’euros.
Au-delà de ces aides et de la baisse des impôts de production pour réduire l’écart de compétitivité entre la France et les autres pays, le gouvernement s’est engagé à soutenir des zones appelées "Green Deal" qui accueilleront des clusters d’entreprises à haute valeur ajoutée. Le ministre de l’Economie s’est également montré déterminé à accélérer pour accompagner les investissements sur les semi-conducteurs, "dont la crise et la pénurie ont montré à quel point nous étions dépendants", a souligné Bruno Le Maire.
Le développement du véhicule autonome reste également en bonne position dans cet avenant avec notamment un engagement à tester des cas d’usage de services avec le déploiement des systèmes d’assistance à la conduite ou encore l’expérimentation de services de mobilité autonome et la mise en place d’opérations pilotes à partir de 2022-2023 sur voies dédiées et routes ouvertes.
3 – Soutenir les sous-traitants dans cette transition
Souvent en première ligne des victimes de la crise, le gouvernement a décidé de la mise en place d’un suivi de la médiation pour analyser les relations entre fournisseurs et donneurs d’ordre. La crise sanitaire avait permis d’aboutir, en novembre 2020, à la signature d’un code de performances et de bonnes pratiques entre les deux parties. Ce suivi de la médiation doit permettre de protéger les sous-traitants de ces évolutions industrielles.
4 – Accompagnement des salariés
Les conséquences de la profonde transformation de l’industrie automobile sont d’ores et déjà visibles, avec près de 76 500 emplois perdus au cours de la décennie 2010-2020, selon l’enquête réalisée par l’Observatoire de la métallurgie et 13 000 nouvelles suppressions de postes rien que pour l’année 2020. Lors du point avec la presse, Elisabeth Borne, ministre du Travail, a rappelé les dispositifs existants de congés de reclassement qui peuvent aller jusqu’à 24 mois, de FNE mais aussi de la création d’un fonds d’accompagnement de reconversion des salariés de l’auto de 50 millions d’euros.
A ce titre, un point dédié sur le secteur de la fonderie en France a été réalisé. Ce secteur pèse 355 entreprises sur le territoire et 30 000 emplois dont la moitié dédié à l’automobile. "Ce secteur vit une situation préoccupante. Notre outil de production est trop petit, trop dispersé et avec un positionnement qui n’est pas le plus porteur car trop porté sur les métaux ferreux. Pour exemple, les véhicules diesels réclament 120 kg de métaux, contre 35 kg pour les véhicules électriques", a ajouté Bruno Le Maire. L’accompagnement de la filière passe également par la mise à disposition d’experts des constructeurs pour trouver des solutions de diversifications sectorielles comme, par exemple, vers le nucléaire.
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