Le deuxième adieu de Maybach
"Comme naguère, le nom de Maybach sera de nouveau l'incarnation de l'exclusivité et de l'élégance automobile à leur niveau le plus achevé", avait lancé Jürgen Hubbert, alors membre du directoire de DaimlerChrysler AG, en 2002.
Malgré cet optimisme, la deuxième vie de Maybach n'aura duré que 11 ans ! En effet, cette marque de luxe exhumée par Daimler en 2002 n'aura jamais atteint ses objectifs, notamment celui de faire de l'ombre à Rolls-Royce. En 2010, alors que la marque britannique, propriété de BMW, a écoulé plus de 2 700 unités, Maybach culminait à … 190 exemplaires ! Voilà peut-être le chiffre qui explique la décision de Dieter Zetsche. Même le marché chinois où pourtant à peu près tout se vend n'y a pas suffi. Pourtant, faire renaître Maybach aurait pu être une formidable aventure pour Daimler. Irmgard Maybach, la petite-fille de Wilhelm Maybach, le fondateur de la marque, que nous avions interviewé en 2002, était d'ailleurs très fière de voir renaître la marque qui portait son nom.
Un motoriste avant tout
Largement méconnu, Wilhelm Maybach est pourtant le complice de Gottlieb Daimler, dans l'ombre duquel il assurera souvent le rôle de technicien alors que Daimler est plus actif sur l'aspect commercial. Cependant, la marque Maybach monte en puissance avec les dirigeables Zeppelin jusqu'à l'explosion de l'Hindenburg le 6 mai 1937. Ceci étant, Maybach, sous l'impulsion de Karl, le fils, avait développé l'activité automobile à partir de 1918 pour lancer, en 1921, la W2. Les modèles vont s'enchaîner à une cadence très exclusive puisque, juste avant la guerre, Maybach n'a produit que 1 800 véhicules. Durant la guerre, les automobiles Maybach disparaissent bien que d'autres activités subsistent, notamment dans les moteurs de bateaux avec ce qui est aujourd'hui devenu MTU. Retrouvez d'ailleurs le dossier spécial du JA N°799, daté du 21 juin 2002, que nous avions consacré à l'histoire vraiment passionnante de cette marque et des hommes qui l'ont fondée avec notamment Karl Maybach, qui a d'ailleurs travaillé 4 ans en France, à Vernon, au sortir de la guerre en 1946. L'occasion également de redécouvrir les ambitions que Daimler s'était fixées à l'époque.
La future Classe S remplacera les Maybach
Les raisons de cet échec ? Elles sont nombreuses mais l'une des plus visibles est sans doute une trop grande filiation avec l'univers Mercedes. Cela ne remet en cause aucunement la formidable image de l'Etoile mais pour un produit encore plus exclusif, dont les prix dépassent allégrement les 300 000 euros, le concept de la "Super Classe S" a touché ses limites. D'ailleurs, c'est la nouvelle génération de la grande berline Mercedes, qui va être lancée en 2013, qui précipite l'arrêt de Maybach. En effet, Dieter Zetsche a indiqué que "la prochaine Classe S est une voiture tellement convaincante sous tous les rapports qu'elle peut remplacer les modèles de Maybach". De plus, la part grandissante d'AMG, qui est aujourd'hui traitée comme une marque à part entière, a encore réduit le champ d'action de Maybach.
Les M 57 et M 62 vivent donc leurs dernières heures, comme l'on fait avant elles les Maybach W2, W5, type 12 ou Zeppelin. Reverra-t-on un jour des automobiles Maybach ? Les plus optimistes n'oublieront pas de rappeler le fameux dicton "jamais deux sans trois", mais rien n'est moins sûr.
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