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Constructeurs

Lada se cherche un nouveau patron

Publié le 10 mars 2016

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Sur fond de crise du marché russe, le Suédois Bo Andersson, patron d'AvtoVAZ, n'a pas résisté. Son successeur devrait être connu le 15 mars prochain et aura, toujours, pour dure mission de redresser le constructeur des Lada.

(AFP)

Après de très fortes pertes, le constructeur automobile russe Avtovaz va se séparer de son patron, a annoncé lundi la société contrôlant le fabricant des Lada, détenue en majorité par l'alliance Renault-Nissan. Le départ de Bo Andersson, qui était attendu, intervient alors qu'AvtoVAZ subit de plein fouet l'effondrement du marché automobile russe. "Alliance Rostec Auto BV annonce aujourd'hui (lundi) que Bo Inge Andersson, P-dg d'Avtovaz, a prévu de démissionner", a indiqué la maison mère du constructeur russe, ajoutant que le conseil d'administration de la société se réunirait le 15 mars et devrait annoncer à cette occasion le nom de son successeur. Ce dernier "mènera la réorganisation (d'AvtoVAZ) dans une nouvelle phase opérationnelle", selon la même source.

Les ventes de voitures neuves en Russie se sont effondrées de 36% l'an dernier (-31% pour Lada) sur fond de récession économique et de chute du rouble causés par le plongeon des cours du pétrole et les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. Les constructeurs s'attendent à une nouvelle année de baisse en 2016. En février, AvtoVAZ a annoncé avoir triplé sa perte nette en 2015, à 73,8 milliards de roubles (930 millions d'euros), et a prévenu avoir besoin d'un renflouement de ses actionnaires pour survivre.

Alors que certaines fuites laissaient entendre que Bo Andersson pourrait tenir jusqu'à la fin de son contrat en décembre, Sergueï Tchemezov, l'influent président de la holding publique russe Rostec, qui détient une minorité de blocage dans AvtoVAZ, a signé la fin de la partie. "Il faut changer de personne", a-t-il déclaré, cité vendredi par le Wall Street Journal. De son côté, le P-dg de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, avait évoqué à demi-mots un futur départ lors du salon de Genève la semaine dernière. "Le management n'est pas éternel", avait-il dit à l'AFP. "Vous avez des passages de relais qui se feront, mais je ne veux pas du tout que ceci soit interprété comme étant un jugement de valeur sur le travail des uns ou des autres", avait-il plaidé, soulignant la tâche "pas facile" assignée à M. Andersson.

Rostec, qui représente les pouvoirs publics, lui avait reproché d'avoir favorisé les fournisseurs étrangers de Renault-Nissan au détriment des sous-traitants locaux, causant une augmentation des coûts vu la dépréciation de la monnaie. A l'automne, Sergueï Tchemezov, réputé proche du président Vladimir Poutine, avait déjà vertement rabroué Bo Andersson pour avoir mis à la porte des milliers d'ouvriers de l'usine AvtoVAZ, qui représente depuis les années 1970 une part considérable de l'activité dans la ville de Togliatti, sur la Volga.

Début 2014, Bo Andersson avait pris ses fonctions dans un contexte radicalement différent. Renault-Nissan venait de prendre le contrôle du constructeur des Lada avec l'objectif de se renforcer sur un marché russe devenu le numéro deux en Europe après l'Allemagne, et appelé à devenir le numéro un. Le Suédois, ancien militaire et vétéran de l'Américain General Motors, devait, comme il venait de le faire avec succès à la tête des poids lourds Gaz, assainir les finances d'AvtoVAZ et poursuivre pour cela la modernisation entreprise par son prédécesseur Igor Komarov, parti pour le secteur spatial.

Il a ainsi amplifié la stratégie de rapprochement entre Lada et Renault-Nissan (lignes de production communes, modèles proches...). Et il a coupé dans les effectifs, tombés à 44000 employés contre plus de 100000 avant la crise de 2008-2009. Mais, avec la récession, les difficultés se sont accentuées et AvtoVAZ a annoncé en février de nouvelles mesures d'économies, dont la semaine de quatre jours pour tous les employés.

Certaines sources interrogées par la presse russe ont dénoncé en outre les méthodes parfois brutales de Bo Andersson, qui auraient provoqué des départs en série de cadres. "La tension augmentait" à Togliatti, a déploré Sergueï  Tchemezov dans le Wall Street Journal. "Je lui ai dit plusieurs fois de faire attention, mais il ne comprend pas." Pour le remplacer, les actionnaires d'AvtoVAZ pourraient, selon le journal Kommersant, faire appel à un cadre étranger venu de Renault, secondé par un responsable chargé des relations avec les pouvoirs russes et des relations sociales.

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