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Constructeurs

La R28 du rachat

Publié le 15 février 2008

Par Marc David
6 min de lecture
En repensant totalement sa F1, Renault entend revenir sur le devant de la scène en 2008."Si, comme l'a dit Flavio Briatore, notre 3e place de 2007 a été un désastre, alors cela signifie que...

...nous devrions faire mieux en 2008 !". Dans le cadre symbolique du "Square Com" à Boulogne-Billancourt, théâtre de la présentation de la nouvelle R 28, Carlos Ghosn donne le ton, non sans un certain humour. Le président de Renault sait sans doute que la progression vers le haut du tableau ne sera pas si évidente, d'autant que dans les faits, la place réelle de la marque au losange aurait dû être la 4e. Elle ne doit en effet de figurer officiellement sur la 3e marche du podium final qu'au seul déclassement de McLaren-Mercedes…

Bref, pour ce qui est de la saison à venir, Flavio Briatore (directeur général d'ING Renault F1 Team) fixe les objectifs avec réalisme. "En F1, il n'y en a qu'un qui gagne le championnat en fin de saison, rappelle-t-il. Dans ce contexte, Renault doit se battre pour la victoire. Pour cela, il faut figurer à chaque départ de course dans une position qui puisse nous permettre de terminer premier, deuxième, troisième, voire quatrième". Il ajoute : "En 2007, nous avons terminé troisième avec une mauvaise voiture, que nous n'avons pas développée pendant la moitié de la saison. En 2008, compte tenu du travail accompli cet hiver, nous avons une bonne monoplace et un champion du monde à son volant. La situation est donc prometteuse".

Le fait de cerner avec précision les problèmes de 2007 s'est avéré déterminant

Pour ce qui est du champion du monde, il s'agit bien sûr de Fernando Alonso, de retour dans l'écurie qui lui a permis d'obtenir deux titres. Cette saison, l'espagnol aura comme nouvel équipier Nelson Piquet Jr, promu titulaire après avoir tenu le rôle de pilote d'essais. "Avoir Fernando comme coéquipier constitue une référence, pense "Nelsinho". J'espère beaucoup progresser à ses côtés et je reste convaincu que nous saurons faire ensemble du bon travail pour l'équipe. S'ils ont été capables d'obtenir deux titres, il n'y a pas de raison qu'ils ne puissent en obtenir un troisième. En ce qui me concerne, mon objectif sera de faire de mon mieux". Evidemment, tout dépendra du matériel mis à la disposition du nouveau duo d'ING Renault. Sur ce point, il convient de revenir sur la saison passée. Bob Bell, directeur technique de Renault le reconnaît : fin 2006, à l'heure de la conception de la R 27, l'équipe technique avait mal apprécié l'ampleur des changements qu'impliquait le passage aux pneumatiques Bridgestone. "Notre philosophie de conception précédente privilégiait une répartition des masses et un équilibre aérodynamique orientés "vers l'arrière", en accord parfait avec les caractéristiques des pneus Michelin, confie-t-il. Or, les pneumatiques Bridgestone demandent l'inverse". Là-dessus sont venus se greffer des problèmes de corrélation entre les calculs de la soufflerie et les performances en piste, cause d'un comportement "erratique" de la voiture dans la première partie de la saison. Mais, plutôt que d'aligner une version B de la R 27 "revue et corrigée", les ingénieurs de Renault ont préféré se concentrer sur le développement de la R 28. Ainsi, par rapport à sa devancière, la différence fondamentale réside dans l'adoption d'une suspension avant à "quille zéro", c'est-à-dire avec des triangles inférieurs classiquement ancrés sur les flancs de la coque, et non plus sur une quille. Parallèlement, un soin tout particulier a été porté à la face avant, puisque c'est lui qui conditionne l'écoulement de l'air au-dessus, au-dessous et sur les côtés de la monoplace. Dans ce contexte, le museau de la R 28 est sensiblement plus bas que celui de la R 27 et surtout, il comporte un magnifique aileron tri-plan destiné à "organiser" le flux d'air. Par ailleurs, toute la partie en arrière des pontons et des radiateurs a encore été affinée, à l'instar des suspensions arrières. De plus, l'équipe châssis a beaucoup travaillé sur la rigidité et le poids de la voiture afin de se donner une plus grande latitude pour la répartition du lest. Une approche classique mais jamais évidente !

Le gros du travail a porté sur la compréhension du nouveau boîtier électronique

Côté moteur, le gel du développement imposé par la FIA a été étendu à 5 ans, avec un élargissement du périmètre "plombé" (rampe d'injecteurs, pompe à huile, etc.). Parallèlement, la boîte de vitesses doit désormais tenir quatre Grands Prix. Dans ce contexte, le travail se situait ailleurs. "Le gros du travail a porté sur la compréhension et l'adaptation du boîtier électronique standard d'origine McLaren, explique Rob White, le directeur technique "moteur". La capacité d'une équipe à tirer son épingle du jeu reposera donc sur le chemin qu'elle aura eu à parcourir pour appréhender ce nouveau système et adapter son savoir-faire. Il est certain que nous ne partons pas tous du même point (surtout face à McLaren, NDLR), bien que nous étions tous au courant de ces changements. Nous y avons travaillé très tôt, à l'usine et sur la piste, et nous pensons avoir atteint un niveau acceptable". Chez les "Jaunes", beaucoup de travail reste néanmoins à fournir pour revenir au niveau de Ferrari et de McLaren.

Photo : Flavio Briatore, tout sourire avec son nouveau duo de pilotes 2008.

FOCUS

Un français pilote d'essais

  • Si Renault a choisi le brésilien Lucas Di Grassi (2e du championnat GP2 2007 derrière Timo Glock) comme 3e pilote, deux autres pilotes ont rejoint l'écurie franco-anglaise en tant que pilotes d'essais et de développement : le japonais Sakon Yamamoto et le français Romain Grosjean. Agé de 25 ans, le premier a pris part à 14 GP de Formule 1 en 2007 sous les couleurs de Super Aguri et Spyker. Son meilleur résultat reste sa 12e place au GP du Japon au Mont Fuji. Pour sa part, Romain Grosjean est âgé de 21 ans. Champion de F3 Euro Series 2007, il découvre cette année le GP2 (il vient de signer deux victoires à Dubai dans le cadre des GP2 Asia Series) et la F1 grâce au soutien apporté par le programme Renault Driver development (RDD). "Pour moi, c'est mieux de ne pas être 3e pilote, avouait le futur espoir. Il faut prendre les choses les unes après les autres et cette année, cela passe par de bons résultats en GP2. Après, je pourrais songer à la F1".
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