La production en Europe sera tractée par l’Est et la Turquie
“Au niveau de la production, le marché européen, comprenant l’Europe de l’Ouest, l’Europe centrale, la Turquie, la Russie et la CEI, est à nouveau sur une dynamique positive, une première depuis deux ans, avec un SAAR (N.D.L.R. : pour “Seasonally Adjusted Annual Rate”) à + 1,8 %”, glisse en préambule Denis Schemoul, avant de mettre en exergue deux éléments clés : d’une part, dans une perspective avant et après crise, on produit toujours plus de véhicules que l’on en vend en Europe et d’autre part, il faudra encore 5 ans pour retrouver le niveau d’avant-crise, ce qui ne sera pas valable pour le seul périmètre Europe de l’Ouest. Au 1er semestre, il convient de noter que l’Allemagne, la France et la Russie sont les trois marchés qui ont eu l’impact le plus négatif sur le niveau de production de la zone, recul compensé par d’autres pays et par le jeu des exportations.
De belles perspectives pour l’Espagne, plus de risques pour l’Italie
Sur les cinq marchés phares de l’Europe de l’Ouest, les prévisions de production à l’horizon 2020 ne sont ni réjouissantes ni alarmistes. Solide leader, l’Allemagne ne subira pas de choc majeur avec les généralistes et pourra toujours compter sur l’empreinte domestique du Premium. A la seconde place, l’Espagne a de belles perspectives devant elles, notamment par l’intermédiaire de Ford (le pays perdra la Fiesta, mais récupérera la production du site belge de Genk qui va fermer ses portes), de Renault (avec le “Qashqai” en version losange), de Nissan (gain du futur modèle destiné à concurrencer la Golf), de PSA (301, C3 Picasso) ou encore d’Opel (Mokka). N° 4, le Royaume-Uni va continuer à bénéficier de l’implication de Nissan et surtout des avancées programmées chez JLR (effet Evoque bientôt relayé par un SUV et une berline du segment D chez Jaguar). Classée en 5e position, l’Italie va faire face à un avenir plus incertain. “En effet, le groupe Fiat a fait le pari des exportations avec Alfa Romeo, Maserati ou encore Jeep, ce qui est ambitieux tout en comportant un facteur risque important”, explique Denis Schemoul. Enfin, pour la France, intercalée au 3e rang, la production devrait se stabiliser, mais principalement grâce à… Nissan !
D’ici 2020, l’Europe centrale et la Turquie devraient gagner 1 million d’unités
Au final, il apparaît évident que la hausse de production dans cette Europe élargie viendra principalement de l’Europe centrale et de la Turquie et dans un second temps, de la Russie. “La Russie pâtit actuellement d’un contexte macro-économique défavorable, mais avec le décret 166 notamment, la production repartira fortement par la suite”, souligne Denis Schemoul. Sur les sept prochaines années, l’Europe centrale et la Turquie devraient gagner 1 million d’unités produites, surtout au profit de la Turquie, de la Pologne et de la Hongrie, grâce aux projets de constructeurs comme Mercedes-Benz, Audi, Fiat ou encore Hyundai. Ces prévisions sont à mettre en perspective avec celles concernant le reste du monde. Les marchés traditionnels devraient se stabiliser avec quelques petites nuances selon Denis Schemoul : “Au Japon et en Corée, la demande sera atone et la production en léger déclin, tandis que les Etats-Unis vont continuer à rebondir pour retrouver leur niveau de production d’avant-crise”. Naturellement, la Chine continuera à croiser sur un rythme de croissance, tandis que le reste du monde fait valoir un potentiel considérable en production comme en ventes. Jouant actuellement à la belle endormie, notamment à cause d’un système de financement problématique, l’Inde devrait à moyen terme connaître un notable essor.
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FOCUS - Production européenne : les prévisions 2020 pour les principaux constructeurs
Ces prévisions délivrées par IHS et commentées par Denis Schemoul reposent essentiellement sur l’agrégation de trois critères : plan “produits”, exposition favorable aux marchés ou non, jeu import-export.
Volkswagen : “Le groupe subira un effet défavorable en Allemagne et n’aura, entre guillemets, plus le vent dans le dos. Cependant, la force de frappe du groupe et les gros efforts sur les plans “produits” de marques comme Porsche ou Skoda par exemple, pourront compenser. En outre, il s’agit d’un choix stratégique du groupe, à l’image de la production d’Audi en Amérique”.
GM : “GM va bénéficier d’un effet Russie très marqué pour Chevrolet, notamment avec la Cruze, comme Opel. Si le plan “produits” donne lieu à une note neutre, l’exposition aux marchés semble, elle, favorable”.
Ford : “Le groupe obtient une note neutre sur les trois principaux critères. Une légère inquiétude peut même concerner la Russie où Ford a tenté un coup de poker en arrachant l’association avec Sollers à Fiat. Le groupe a pris à cette occasion de grands engagements, alors que leur pénétration sur le marché est somme toute assez faible, bien loin de celle de groupes comme Volkswagen ou GM…”.
BMW : “Pour l’heure, la production de BMW est trop européo-centrée. Si quelques investissements sont programmés en Russie et en Hollande, les efforts vont être portés sur l’outil de production en Chine et aux Etats-Unis. La production européenne n’est pas menacée, mais la priorité stratégique du groupe concerne d’autres zones”.
Daimler : “Le profil de Daimler est assez proche de celui de BMW en termes de production, même si Daimler bénéficie déjà en Europe de sa croissance via sa descente en gamme”.
Fiat : “En schématisant, on peut parler d’un scénario à la Costa Concordia. En effet, le groupe est tombé tellement bas et il est tellement dépendant d’un marché italien aujourd’hui moribond que le redressement ne peut être que significatif, voire spectaculaire. En outre, le plan “produits”, après de multiples reports, va se trouver en adéquation avec la reprise de certains marchés, dont l’Italie”.
Hyundai : “C’est incontestablement le bon élève de la classe. Tout va bien, notamment en Russie. Toutefois, il ne faut pas s’attendre à une forte croissance de la production en Europe à l’horizon 2020, car le groupe atteint un plateau, dans la mesure où toutes ses usines tournent déjà à plein régime”.
PSA : “Le plan “produits” est bien adapté et la météo semble plutôt favorable sur le front de l’exposition aux marchés. Encourageant”.
Renault : “Renault présente un profil comparable à celui de PSA, mais il bénéficie d’un bien meilleur ancrage en Turquie, en Russie et en Europe centrale. Notons aussi que le site de Tanger, qui va monter en régime, n’est pas compris dans le périmètre de ces prévisions Europe élargie”.
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