La Grande Muraille s’entrouvre pour Renault
Renault ne sera bientôt plus le seul des dix premiers constructeurs mondiaux à ne pas être implanté en Chine. Après avoir reçu l’approbation des autorités locales début décembre, la marque au losange a signé quelques jours plus tard avec Dongfeng Motors, deuxième constructeur du pays, la création de la société Dongfeng Renault Automotive Company (DRAC), détenue à parité (50/50). Condition sine qua non pour lui permettre de s’installer sur le premier marché mondial, cette coentreprise offre surtout à Renault de nouvelles perspectives de développement. Jusqu’alors simple importateur à hauteur de 30 000 unités annuelles, la firme dirigée par Carlos Ghosn a déjà entrepris d’agrandir son réseau pour faire passer celui-ci de 92 concessions aujourd’hui à 120 en 2016.
870 millions d’euros d’investissement
A cette date, l’usine DRAC, qui sera basée à Wuhan (fief de Dongfeng), produira ses premiers modèles avec, dans un premier temps, une capacité de 150 000 véhicules chaque année, et qui pourra être doublée par la suite. Bénéficiant d’un investissement total de 7,76 milliards de yuans (870 millions d’euros) de la part des deux partenaires, cette coentreprise va permettre de créer 2 000 emplois dans la région. Ce contingent sera, durant la première phase du projet, chargé d’assembler les modèles de la marque les mieux identifiés localement (Talisman, Fluence et surtout Koleos), mais aussi de fabriquer, selon le plan produit de DRAC, “une nouvelle gamme de crossovers”, comme l’explique le communiqué de Renault.
Mais les constructeurs étrangers ayant désormais plus besoin de la Chine que l’inverse, cette collaboration entre Renault et Dongfeng ne s’est pas finalisée sans concessions pour le premier nommé et ira en réalité beaucoup plus loin qu’une simple fabrication de véhicules. Si l’un comme l’autre ont tenu à souligner le caractère pérenne du partenariat, le président de Dongfeng, Xu Ping, parlant d’une “coopération approfondie” s’inscrivant dans le cadre d’“une stratégie à long terme” selon Carlos Ghosn, l’opération permettra à la firme de Wuhan de bénéficier des connaissances technologiques de son homologue tricolore.
Quelle conséquence pour PSA ?
En premier lieu desquelles celles menant aux technologies électriques. Alors que Dongfeng bénéficie déjà de l’apport de PSA, son autre partenaire, concernant des motorisations économes (hybrides), il y a fort à parier que le développement avancé de Renault, mais aussi de Nissan, un autre partenaire de Dongfeng, en matière de véhicules électriques a joué un rôle important dans les négociations. Alors que la seconde étape du plan produits de DRAC prévoit de lancer une “gamme de véhicules sous une marque locale”, l’apport du VE dans celle-ci prend tout son sens sur un marché où l’offre en la matière est encore relativement modeste. Enfin, ce partenariat soulève de nombreuses questions au sujet de PSA, partenaire de longue date de Dongfeng. Alors que, depuis plusieurs semaines, des rumeurs insistantes voyaient la firme chinoise entrer dans le capital du constructeur français, l’arrivée de Renault en Chine est-elle susceptible de tout remettre en cause ? PSA souhaite-t-il “partager” son partenaire avec son principal concurrent ? D’autant plus sur un marché où le groupe de Philippe Varin a lui aussi de grandes ambitions. PSA est-il d’ailleurs en mesure de négocier ? Les prochaines semaines apporteront leur lot de réponses, et celles-ci viendront probablement de la sphère dominante et de la Chine.
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