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Constructeurs

La dernière chance de GM

Publié le 28 octobre 2005

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Le géant américain est au bord du gouffre après avoir perdu près de 4 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l'année. Rick Wagoner vient d'annoncer un traitement de choc. Réduction drastique des effectifs, des coûts et notamment ceux de santé, éventuelle vente d'une participation...
Le géant américain est au bord du gouffre après avoir perdu près de 4 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l'année. Rick Wagoner vient d'annoncer un traitement de choc. Réduction drastique des effectifs, des coûts et notamment ceux de santé, éventuelle vente d'une participation...

...majoritaire dans GMAC, ce plan sonne comme celui de la dernière chance.


Alors que son principal fournisseur et ancienne filiale, Delphi, vient de se placer sous la protection du Chapitre 11, GM a annoncé un traitement de choc pour tenter de redresser la barre. Les résultats du premier constructeur mondial plongent dans le rouge. Après avoir enregistré plus de 1,4 milliard de dollars de pertes au premier semestre, les résultats du troisième trimestre sont malheureusement pires pour GM. En effet, sur ce dernier trimestre le numéro 1 mondial a encore accumulé une perte nette de 1,6 milliard de dollars ! Sur les neuf premiers mois 2005, la perte atteint 3,8 milliards de dollars alors que sur l'année 2004, GM affichait un bénéfice de 2,9 milliards de dollars. Rick Wagoner, président de GM n'a plus le choix, à pertes exceptionnelles, remèdes exceptionnels. Le président de GM a donc annoncé, le 17 octobre dernier, un vaste plan qui devrait permettre de réduire les coûts de près de 5 milliards de dollars par an d'ici à fin 2006. Effectifs, usines, achats, couverture de santé, salaires, rien n'échappe à ce véritable plan de sauvetage.

La justice invitée dans la réduction des coûts de santé

La réduction des coûts de santé était sans doute la priorité du président. Bien que le dossier semble avoir avancé, GM avait annoncé un accord préliminaire, le syndicat des ouvriers américains de l'industrie automobile (United Auto Workers, UAW) vient de porter l'affaire devant la Cour Fédérale de Detroit afin d'obtenir l'approbation des termes de l'accord. Sous cette procédure se cacherait en fait le risque de rendre une partie de l'accord nul. L'UAW estime que le constructeur a décidé unilatéralement de retirer certains droits à ses salariés déjà en retraite, ce que la loi interdit. Affaire à suivre. Toutefois, cet hypothétique accord aurait dû permettre à GM d'économiser près de 15 milliards, sans toutefois préciser l'échéance, sur les coûts de santé de ses retraités et 3 milliards de dollars par an sur la facture santé des employés actuels. Une bonne chose pour GM, mais qui risque de se voir en partie annulé par les charges que le constructeur va devoir assurer, dans ce même secteur de la santé, vis-à-vis de son ex-filiale Delphi. En effet, GM s'était engagé à payer, en 1999, les pensions de retraites d'une partie des ouvriers transférés de GM à Delphi. Cette "prestation compensatoire" versée par GM pourrait atteindre, au maximum, 12 milliards de dollars ! Toutefois, le constructeur estime que dans la situation actuelle cette somme ne devrait pas dépasser les 6 milliards de dollars. Jusqu'ici, il est beaucoup question des retraités de cette industrie automobile américaine mais les actifs ne sont pas pour autant oubliés ! GM a confirmé les 25 000 suppressions d'emplois, entre 2005 et 2008, qu'il avait déjà annoncées en juin dernier. Cette coupe drastique dans les effectifs, dont nous connaîtrons les détails en fin d'année, devrait lui permettre d'économiser près de 2,5 milliards de dollars. Dans cette réorganisation industrielle, le nombre d'usine mais peut-être aussi le nombre de marques du groupe pourraient être réduites. La vente de Saab et son usine de Trollhättan mais aussi celle d'Hummer, implantée à Mishawaka en Indiana, ont même été évoquées dans la presse américaine. Mais ce ne sont pas les seules, Saturn et Buick sont régulièrement citées. Rappelons que le constructeur a déjà abandonné Oldsmobile en 2004.

Vers une vente de participation majoritaire dans GMAC

Mais le redressement du géant de Detroit passera également par GMAC mais surtout par ses produits. Evoquée lors du divorce GM-Fiat, la vente de GMAC, la très rentable filiale crédit du constructeur, semble être inévitable. Dans un communiqué, GM avoue "explorer la possibilité de vendre une participation majoritaire dans GMAC à un partenaire stratégique." Si effectivement une telle opération était montée, elle permettrait à GMAC de ne plus être pénalisée par les notations catastrophiques de sa maison mère dans ces actions de refinancement. Aujourd'hui, la dette de GM est classée dans la catégorie "pourrie" !
GM vit un "moment charnière" comme l'a souligné un responsable de la banque d'affaires Merrill Lynch. Qui plus est, ce dernier a précisé que "la structure n'est pas stable, nous pensons que cela va empirer. Comme la sidérurgie, le textile, le transport aérien et d'autres industries qui ont dû se restructurer radicalement, nous nous attendons à un environnement de plus en plus difficile pour les constructeurs automobiles." L'avenir donnera-t-il raison à cet analyste ? Après Chrysler, encore sous traitement, GM, en grandes difficultés, Ford ne devrait pas être épargné. Comme GM avec Delphi, Ford paye sa filiation passée avec Visteon et, comme tous les autres constructeurs américains, l'augmentation du prix du baril, mettant en exergue la gloutonnerie de leur gros 4x4, qui pèse sur leurs ventes. Des ventes que GM devra obligatoirement redresser sous peine d'annihiler les efforts consentis. La part de marché américaine du groupe s'érode, elle est passée de 28,5 % en 2004, elle n'atteint plus que 25,6 % au troisième trimestre.


Christophe Jaussaud

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