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Constructeurs

La clémence pour Renault

Publié le 25 septembre 2009

Par Marc David
5 min de lecture
Alors que l'écurie Renault s'en sort bien avec une simple mise à l'épreuve sur une période de deux ans, son ex directeur général est pour sa part exclu à vie de la F1.« Je suis ici par la volonté d'un seul homme…...
...Flavio Briatore ! ». Pure fantaisie journalistique que celle-ci, en référence avec une autre grande affaire, liée cette fois au monde politique. La tentation était trop forte. N'empêche. Présent au siège parisien de la FIA pour défendre les intérêts de Renault face aux membres du Conseil mondial extraordinaire, Bernard Rey, le président du Renault F1 Team, n'aura sans doute pas manqué de rappeler le rôle clé de son ancien directeur général désavoué, et donc « débarqué » de l'équipe française la semaine dernière en compagnie de son stratège Pat Symonds. A l'issue des auditions tenues ce lundi à Paris, le sémillant italien a écopé de la peine la plus lourde avec une suspension à vie.

Autrement dit, Flavio Briatore est désormais interdit de séjour en sport automobile y compris, bien sûr, dans les paddocks de Grands Prix. Une décision peu évidente à appliquer dans la réalité, au vu du rôle joué par ce dernier par le biais de sa société FFBB (Formula Flavio Briatore Business). En effet, cette société joue un rôle déterminant dans la recherche de jeunes pilotes (le Renault Driver Development) dont est issu Romain Grosjean, par exemple. De même, elle intervient au niveau du management de certains pilotes en activité, tels Fernando Alonso, Mark Webber ou encore Heikki Kovalainen. Pas simple de tout remettre en question. Pas simple non plus pour les pilotes, qui doivent désormais faire en sorte de préserver leur image et leur intégrité. Seule solution, sortir du système Briatore… s'ils le peuvent.

Bref, le Conseil mondial a également infligé à Pat Symonds, reconnu au même titre que Briatore d'être l'instigateur de l'accident volontaire du GP de Singapour 2008, une peine de 5 ans d'interdiction de toute activité dans le sport auto. Seulement, dirions-nous. Reste que, le départ de l'ingénieur anglais représente une perte sèche pour la marque au losange, tant celui-ci avait contribué, de par ses compétences reconnues et indéniables, aux quatre titres conquis en 2005 et 2006. Les pilotes ? Comme elle lui avait promis en échange de son témoignage, la FIA a accordé l'impunité à Nelson Piquet Jr. Quant à Fernando Alonso, aucune sanction n'a été prise à son encontre, la FIA estimant « qu'il n'est en rien mêlé aux violations du règlement commises par Renault ». Ici, il faut juste espérer que la manœuvre orchestrée par le duo Briatore/Symonds n'ait pas été réalisée « à l'insu de son plein gré » !

Reste Renault. Max Mosley, le président de la FIA, expliquait : « le conseil mondial considère qu'une faute de cette gravité mérite une suspension définitive du championnat du monde de Formule 1. Mais, compte tenu de l'attitude positive de Renault, et aussi par le fait que l'écurie a démontré qu'elle n'avait aucune responsabilité morale dans cette affaire, le conseil mondial n'appliquera cette disqualification que si Renault se rend coupable d'une faute comparable d'ici à fin 2011 ». Heureusement, le ridicule ne tue pas. Comment Renault, qui a eu le tort de conférer les pleins pouvoirs à un seul homme, pourrait-elle être assez stupide, voire suicidaire, pour rééditer un tel acte dans le futur ? On en connaît qui doivent être « verts », à la simple évocation de cette sentence on ne peut plus clémente. A commencer par Ron Dennis, par exemple, dont l'écurie McLaren avait été purement et simplement exclue du championnat du monde 2007 pour cause « d'espionnite aiguë » (affaire Stepney/Coughlan, soit les échanges d'informations techniques et confidentielles entre les ingénieurs des équipes Ferrari et McLaren), avec à la clé une sévère amende de 100 millions de dollars.

Pourtant, l'affaire qui a secoué l'écurie britannique était autrement moins grave que celle de Singapour, tant sur le plan médiatique que sur celui de la sécurité. Seule différence, le comportement. Dans un premier temps, en effet, le patron de l'équipe britannique avait entravé la bonne marche de l'enquête en se réfugiant dans le mensonge. Au contraire de Renault, qui a collaboré et pris des mesures drastiques. Néanmoins, Renault peut dire merci à la crise ! Cette crise qui officiellement a fait partir Honda et bientôt BMW. Bernard Rey en est forcément conscient, lui qui déclarait après-coup : « nous acceptons pleinement la décision du Conseil mondial. Nous présentons toutes nos excuses, et ce sans réserve, auprès de la communauté de la F1. Nous espérons sincèrement être bientôt en mesure de mettre cette affaire derrière nous et nous concentrer sur le futur de manière constructive. Nous communiquerons plus d'informations dans les prochains jours ». Il est certain que l'équipe franco-anglaise va devoir redorer son blason. Dans un premier temps, elle devra surtout étayer sa reconstruction, avec les bonnes personnes.

Photo : Considérés comme les deux instigateurs de « l'affaire de Singapour », Flavio Briatore et son bras droit Pat Symonds ont écopé respectivement d'une radiation à vie de la F1 et d'une peine de 5 ans d'interdiction d'exercer.

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