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Constructeurs

Jean-Philippe Colin, directeur général de Peugeot.

Publié le 24 octobre 2008

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
"Je ne crois pas vraiment au concept d'un seul véhicule mondial d'entrée de gamme."Tout en reconnaissant un climat de crise aiguë, Jean-Philippe Colin tient à relativiser la situation à l'aune du potentiel...
...des pays émergents.

Le Journal de l'Automobile. Quel regard portez-vous sur la crise automobile actuelle, notamment le déclin européen ?
Jean-Philippe Colin. Comme tout le monde, nous reconnaissons que nous évoluons sur un marché difficile et dénué de surcroît de toute visibilité. Mais la météo s'impose à tous les constructeurs en Europe ! Par ailleurs, si la conjoncture est tendue pour le véhicule de tourisme, il faut souligner nos performances sur le VUL. En outre, au-delà de la crise économique globale, pour l'automobile, il convient de se tourner vers les bright-spots et de tirer profit de la croissance de ces marchés.

JA. Les mesures touchant la production et donc les effectifs sont mal perçues par le grand public, comment les expliquez-vous ?
J-P.C. Quand on est dans l'industrie lourde, il est essentiel de savoir anticiper pour adapter ses points morts. Cela influe directement sur la juste gestion des stocks. Et comme il est nécessaire de produire au plus près des marchés, notamment par rapport aux coûts de transports qui représentent une variable de plus en plus importante, lorsqu'un marché décline, il faut ajuster la production. C'est le cas de l'Europe de l'Ouest.

JA. Par rapport aux objectifs du plan 2010, comment comptez-vous rattraper les volumes que vous allez perdre à cause de la crise en Espagne et en Italie, deux marchés importants pour la marque ?
J-P.C. On peut aussi rajouter le Royaume-Uni… C'est une situation difficile qui a assurément peu de chances de se détendre en 2009, donc nous travaillons surtout à défendre nos parts de marché. Par exemple, en Espagne, si nos volumes chutent, notre part de marché progresse, grâce au travail du réseau notamment. Par ailleurs, comme je l'évoquais à l'instant, il y a des gisements de croissance à exploiter ailleurs et cela ne remet donc pas en question les objectifs du Cap 2010.

JA. La croissance est presque exclusivement concentrée dans les BRIC. Or, à l'exception du Mercosur, votre présence est très faible sur ces marchés, donc est-ce vraiment la solution pour tenir les objectifs 2010 ?
J-P.C. La présence de la marque est significative au Mercosur, comme vous le soulignez et en Argentine, par exemple, notre pénétration est supérieure à 10 %. Sur les autres marchés, force est de reconnaître que nos résultats sont moins significatifs. Mais cela prouve aussi que notre potentiel de croissance y est important, d'autant que nous nous donnons actuellement les moyens de nous développer. Ainsi, en Russie, la taille de notre réseau a été multipliée par trois et nous pouvons viser à court terme un taux de pénétration de 5 %, contre 2 % aujourd'hui. En Chine, les efforts ont aussi été importants et la marque Peugeot suit d'ailleurs grosso modo la progression du marché, avec des ventes en hausse de 13,8 % au 1er semestre.

JA. Votre développement sur certains marchés n'est-il pas freiné par votre spécialisation dans les offres diesel ?
J-P.C. Contrairement à ce qui est souvent mis en avant, nous n'avons pas une monoculture Diesel et j'en veux pour preuve le fait que 55 % de nos ventes sont réalisées en essence. Dans les pays européens, le diesel règne en maître, donc nous suivons la demande. Mais c'est totalement différent en Russie par exemple, même si je suis convaincu que le diesel va aussi s'imposer là-bas. Par ailleurs, en Amérique latine, le flexfuel est très prisé et il faut proposer des offres adaptées. Bref, ce n'est pas un problème.

JA. Dans une optique similaire, le fait de ne pas disposer de modèle low-cost n'est-il pas pénalisant ?
J-P.C. Par rapport au low-cost, notre réponse actuelle réside dans le duo 107/206 qui fonctionne très bien. Notre stratégie consiste à travailler précisément nos entrées de gamme, en lien avec chaque marché. Je ne crois pas vraiment au concept d'un seul véhicule mondial d'entrée de gamme.

JA. Pour conclure, pouvez-vous nous dire si vous comptez donner une nouvelle impulsion au design de vos modèles car vous êtes un peu dans une fin de cycle, certes bien gérée, sur ce plan ?
J-P.C. Une nouvelle impulsion va être donnée au style de nos modèles, oui, et nous allons briser l'homothétie. Vous découvrirez prochainement de nouvelles silhouettes, qui pourront notamment être plus hautes par exemple.

Photo : 313 chevaux et seulement 109 g/km de CO2 : une performance rendue possible par le mariage du 1.6 THP de 218 ch et d'un moteur électrique de 70 kW.


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