Hyundai : l’évolution perpétuelle
A sa naissance, Hyundai Motor Company se dote d’un outil industriel tout neuf, vibre “d’une volonté de travailler extraordinaire” et se déclare prêt à conquérir le monde. En commençant par la Corée. Sans historique et tradition, le constructeur s’inspire de ce qui existe déjà dans l’automobile, il est considéré comme un imitateur, comme cela est fréquent dans la culture asiatique. Ainsi, commente Jean-Claude Debard, le président de Hyundai France, “Ils n’avaient pas la culture automobile suffisante pour imaginer des véhicules par eux-mêmes, donc, ils ont externalisé, copié : le Galoper, par exemple, était fortement inspiré du Mitsubishi Pajero.” Comme ils savent s’investir et investir, le succès est immédiatement au rendez-vous, en Corée, aussi parce leur mode de production leur permet de sortir des produits économiques. Jean-Claude Debard n’hésite pas à les considérer comme les pionniers du low-cost : “Hyundai était considéré, en 1992, (date de l’arrivée de Hyundai en France, importé par Sonauto), comme une alternative au véhicule d’occasion, et pas plus que cela. C’étaient de bons produits, dotés de bonnes motorisations mais sans style propre, sans esprit comme aujourd’hui. Des produits extrêmement rationnels, pas chers, solides et mieux équipés que les véhicules européens. Le client achetait du “low-cost”, des produits de qualité 10 % moins chers que les concurrents mais jouissant de 10 % d’équipements en plus”. Grâce à cette première étape, Hyundai s’invite sur le marché, il faut vite passer à la suivante.
L’élan créatif
Des véhicules de qualité et moins chers constituaient un droit d’entrée, pas de rester. Hyundai fait alors appel à des designers extérieurs et pas des moindres, puisque c’est Pininfarina qui s’y colle en Europe. Pourtant, comme le précise Jean-Claude Debard, “le succès s’avère mitigé. Il y avait, en effet, un décalage entre les produits élaborés par les designers européens et les produits imaginés par la Corée. Cela se traduisait par un manque d’esprit de gamme, puisqu’on notait, ici, des produits très stylés alors que, là, on en relevait d’autres d’une modernité totalement différente.” Il faudra 10 ans au constructeur pour atteindre son objectif. L’élément déclencheur prend sa source dans l’établissement des centres de recherche et de développement au cœur même des grandes régions du monde, des différents marchés. Là, ce sont les propres équipes du groupe, qui sont à la manœuvre et travaillent à comprendre les attentes des consommateurs de leur zone de chalandise avant de concevoir et de lancer les produits. “Cela a été un bouleversement total, puisqu’au lieu de faire du marketing constructeur-clients, ils ont changé de stratégie et se sont posé les questions suivantes : “qu’est- ce que demandent les clients, qu’est-ce qu’ils attendent et comment nous, en tant qu’industriels, nous pouvons nous adapter à leurs souhaits ?”” raconte le président de Hyundai. En France, justement, Hyundai se met au Diesel parce que les automobilistes ne jurent que par ce carburant au lendemain du premier choc pétrolier. Mais les Français aiment également les 4x4, dont les prix dépassent souvent leur budget. C’est dans ce lit que se coulera la marque et deviendra le constructeur spécialiste des 4x4, une étiquette qui lui collera à la peau jusqu’à la constitution de la gamme des i10, i20, ou i30, jusqu’à l’affichage des taux de CO2 “compatibles” avec les directives gouvernementales, jusqu’au prochain défi. La promesse du, désormais, constructeur généraliste consiste à mettre dans les showrooms ce qui est demandé et ce qui se vend. Ce qui est développement durable et nouvelles énergies. Ce qui plaît et assure une bonne rentabilité au réseau. Ce qui lui donnera 2,7 % de marche français en 2015…
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