Honda : L’Accord presque parfaite
...révèle toujours cohérent. La nouvelle Accord fait partie de celles-là…
Aux dires de Honda, la nouvelle Accord doit devenir le porte-drapeau de la marque, en devenant l'alternative premium aux marques déjà bien établies. Selon Christophe Decultot, General Manager de la division automobiles de Honda Motor Europe (South), "la nouvelle Accord est conçue pour rivaliser avec les meilleures berlines familiales, soit VW, Audi ou BMW. Nous ambitionnons de vendre 3 600 voitures en année pleine". L'Accord deviendrait ainsi le troisième pilier de Honda, après la Civic et le CR-V, qui représentent aujourd'hui 70 % des ventes de la marque en France.
Honda Automobiles représente environ 3 800 000 véhicules à l'année, dont 400 000 ventes en Europe. En France, la marque a vendu quelque 16 000 véhicules en 2007, soit une croissance de 33 %. Sur le marché total, le segment D, dans lequel s'inscrit la nouvelle Accord, représente 9,4 %, soit 194 000 véhicules. Les berlines ont tendance à baisser, tandis que les breaks se maintiennent. Ce sont les marques premium qui progressent le plus sur le segment (+ 44 %), ce qui explique que Honda souhaite s'y engouffrer et faire évoluer l'image de l'Accord sur un plan plus "haut de gamme". Autre piste de réflexion sur laquelle s'est penché Honda, les entreprises. Si 57 % du segment D est encore le seul apanage des particuliers, le chiffre baisse, et les flottes constituent maintenant une clé d'entrée potentielle. Si bien que Honda se prend à rêver de 25 % de ventes à sociétés pour l'Accord, ce qui représenterait tout de même un bond de 15 points…
HONDA ACCORD EN BREF
Juin 2008 Audi A6 TDI 2.0 140 ch, à partir de 34 890 euros ; Volvo S60 2.4 D, 163 ch à partir de 31 550 euros ; Peugeot 407 2.0 l HDi, 136 ch à partir de 25 900 euros. 3 600 unités en année pleine De 28 500 e à 37 000 euros + 1 300 euros pour la version Tourer. |
Une voiture importante pour la marque
Depuis son lancement, en 1977, l'Accord s'est vendue à 63 361 unités en France, en sept générations, toutes silhouettes confondues… La huitième génération cristallise aujourd'hui toutes les attentes du constructeur nippon, qui espère pas moins de 2 % de pénétration sur le segment, avec ses 80 points de vente…
Pour parvenir à ces objectifs ambitieux, l'Accord a dû revoir une robe un brin conventionnelle, et adopter une ligne plus différenciante. La filiation reste pourtant évidente, et le dessin général se montre réussi.
Le style de la nouvelle Accord affiche un dynamisme et une agressivité accrus. Plus large, plus basse, l'auto est indéniablement plus statutaire, un premier bon point pour aller taquiner les allemandes… A l'arrière, la berline s'est aussi "bangleisée", du nom du célèbre designer qui s'est illustré en taillant à la serpe les récentes BMW… Comprenez que la nouvelle Accord se montre plus anguleuse, dans l'air du temps donc. Mais l'évolution par rapport à la précédente génération de l'Accord est encore plus marquée sur la version break, baptisée Tourer. Beaucoup plus élancée, fuselée, l'auto se veut plus athlétique, avec, pour triste conséquence, la perte de plus de 100 litres sur le volume de coffre, par rapport à la version précédente… Mais la nouvelle Accord n'a pas perdu sur tous les tableaux ! Au niveau du poids par exemple, elle s'offre quelque 100 à 120 kg supplémentaires, rançon d'une plus grande rigidité de la structure et de la taille générale de l'auto, plus longue d'environ 5 cm… L'embonpoint se justifie également par la présence, pour la première fois, d'une suspension arrière multibras et d'une double triangulation à l'avant.
Du travail à l'intérieur
Selon nous, il reste du travail à Honda, pour se placer au niveau des allemands, à la fois en esthétique et en qualité perçue, pour ses intérieurs. Et la nouvelle Accord ne déroge malheureusement pas à la règle. Si le confort des sièges et la pléthore d'équipements (que nous détaillerons plus loin) peuvent éventuellement faire illusion, il est regrettable que les matériaux et l'ergonomie ne suivent pas… C'est beau, mais BMW et Mercedes ont encore de beaux jours devant eux, tout comme Volkswagen… J'en veux pour preuve les ajustages approximatifs, voire larges entre les éléments de tableau de bord, ou encore le plastique bas de gamme et brut de démoulage qui encadre la poignée d'ouverture de porte… Tout comme l'afficheur de la montre de la planche de bord, qui rappelle les montres à quartz des années 80… Réellement indigne et incompatible avec des ambitions premium… Quant aux commandes, il y en a partout ! Que ce soit sur le volant, autour du volant, sur la console centrale… Heureusement que quelques fonctions sont regroupées sous un énorme joystick, au milieu de ladite console… Bon point en revanche pour le combiné compteur/compte-tours, vraiment très réussi sur le plan esthétique, avec ses aiguilles extérieures, très futuristes, inspirées de la nouvelle Civic.
Sous le capot, la seule véritable révolution concerne le nom du moteur Diesel. Le 2.2 l i-DTEC est en effet le même bloc que l'ancien i-CDTI, sauf qu'il reçoit désormais un système common rail Bosch, à injecteurs piézoélectriques, afin de satisfaire au futur Euro V. Les ingénieurs ont (un peu) planché sur la puissance moteur, en lui offrant royalement 10 ch, ce qui porte à 150 ch la cavalerie, un peu juste. Juste pour mouvoir les 120 kg supplémentaires, mais surtout limite pour satisfaire la clientèle premium du segment D visée par Honda et plus habituée, chez les concurrents, à se voir offrir des motorisations développant jusqu'à 170 ch dans leurs versions haut de gamme. Précisons cependant que ce moteur, que nous avons trouvé bruyant lors des phases d'accélération, se positionnera dans la zone franche concernant les émissions de CO2, puisqu'il plafonne à 148 g, ce qui est un véritable atout dont ne peuvent se vanter beaucoup de concurrents…
Deux moteurs essence viendront compléter l'offre. Le 2.0 l i-VTEC de 156 ch et le 2.4 l i-VTEC de 201 ch. Les transmissions sont, pour leur part, confiées à une boîte mécanique à six rapports ou à une boîte auto à cinq rapports. Sachant que la version Diesel ne sera disponible qu'avec la transmission mécanique.
Sécurité premium
En fait, c'est au plan "sécurité" que la nouvelle Honda Accord ne tolère aucune critique. ABS et VSA (ESP) bien sûr, appuis-tête actifs…, mais surtout ADAS (Advanced Driving Assist System), sur certaines versions. Le package ADAS intègre le LKAS, un système déjà disponible sur les Accord commercialisées au Japon, depuis 2003. Il s'agit de corriger les trajectoires du véhicule, pour qu'il reste entre les lignes blanches sur la route. Concrètement, une caméra CMOS noir et blanc, sise au niveau du rétroviseur intérieur, scrute la position des marquages au sol (lignes blanches à droite et a gauche). Si d'aventure, dans un état de fatigue naissante, le conducteur a tendance à se rapprocher des lignes, la direction à assistance électrique, asservie aux ordres d'un calculateur, corrige la trajectoire pour ramener le véhicule dans le droit chemin. Mais attention, ce n'est qu'un avertissement. En aucun cas, il ne s'agit d'un pilote automatique. Le LKAS corrige une fois, avec une alerte sonore et visuelle au tableau de bord. Mais, si le conducteur ne montre pas sa présence dans les 10 secondes par une action, sur le volant, même minime, le système se déconnecte.
Par ailleurs, le pack ADAS intègre aussi l'ACC, ce fameux régulateur de vitesse adaptatif qui, grâce à une détection par radar, permet à votre voiture de conserver une distance constante par rapport au véhicule qui précède. Enfin, le CMBS (Collision Mitigation Braking System), déjà dispo sur Legend et CR-V dans leurs versions haut de gamme, vient compléter la panoplie… Cette fois, le radar est toujours utilisé pour surveiller en temps réel, l'écart et le différentiel de vitesse entre la nouvelle Accord et le véhicule précédant. Mais l'information pilote cette fois un système de sécurité active, préparant le véhicule dans le cas d'un danger imminent. Le CMBS fonctionne en trois étapes. La première, si le choc est analysé comme pouvant survenir dans les 3 secondes. Dans ce cas, un avertissement sonore et visuel apparaît. La seconde phase intervient si le choc approche des 2 secondes. La ceinture de sécurité, motorisée, donne deux légères impulsions pour alerter le conducteur, et le véhicule commence à freiner légèrement. Lors de la 3e phase, celle où la collision devient inévitable (moins d'une seconde), le système s'attache à "limiter les dégâts" : le freinage automatique devient alors puissant (0,6 g) et les deux ceintures de sécurité se rétractent fortement, pour augmenter l'efficacité des prétensionneurs. Bien sûr, avec tous ces équipements, on comprend pourquoi le volant est si encombré de commandes. Trop, peut être… Mais si la sécurité est à ce prix…
Gamme bien conçue
En terme de structure de gamme, la nouvelle Accord présente une politique astucieuse. Comme les marques premium sont très établies, Honda se devait d'adopter une stratégie forte en termes de dotation en équipements. Ainsi, la nouvelle Accord ne bénéficie pas d'options, tout étant intégré dans les différentes versions. L'entrée de gamme, baptisée Elegance, s'offre la climatisation bi-zones, le régulateur de vitesse, et de la fonction Bluetooth. La version suivante se segmente en trois modèles, là encore bien vus… Executive tout d'abord, propose le xénon, les jantes en 17", le toit ouvrant. Libre ensuite au client de choisir entre Executive Navi, incluant la navigation, une version idéale pour les flottes, ou bien Executive Innova, qui intègre le package ADAS. Suivront ensuite, dans le haut de gamme, une version Luxury, avec le cuir et la navigation, et enfin une version encore plus équipée, baptisée Luxury Innova, et qui devrait recevoir tous les équipements précités.
Et, parce que la clientèle Premium ne se satisfait pas que de produit, Honda accompagne ses acheteurs avec une palette de services innovants et de haut rang. En plus de l'extension de garantie, facturée 608 e pour 5 ans en kilométrage illimité, avec contrat cessible, la nouvelle Accord pourra recevoir un programme d'assistance spécifique. Il inclura hôtel, véhicule de courtoisie, assistance en cas de perte de clés, panne ou erreur de carburant, crevaison… Enfin, un contrat entretien-réparation, au prix avantageux de 32 e par mois, intégrera toutes ces prestations, agrémentées des opérations d'entretien périodique du véhicule.
Bref, si Honda n'avait pas annoncé vouloir rivaliser avec les marques premium sur le segment D, la nouvelle Accord aurait mérité bien des éloges. Homogène, sécuritaire, propre, l'Accord n'est en retrait que sur ses finitions intérieures. Et ce péché d'orgueil promet des réveils difficiles, car il reste encore un peu de marge pour arriver à tutoyer des allemandes…
Photo : Un avant racé et dynamique, un arrière fuselé et élancé : l'Accord bénéficie de lignes accrocheuses, surtout dans sa version Tourer.
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