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Constructeurs

Homme de l’Année 2010 : Et les nominés sont…

Publié le 16 février 2011

Par Alexandre Guillet
10 min de lecture
Alors que la crise fait un brin moins parler d’elle et que plusieurs groupes reprennent un peu d’allant, les nominés à l’élection de l’Homme de l’Année 2010 sont légion. Le jury a ainsi ouvert de nombreuses pistes, parfois alternatives. Mais à l’issue du 1er tour, force est de constater qu’aucun grand favori ne se distingue nettement. Verdict dans notre prochaine édition !

Les favoris :

Alan Mulally, président et CEO de Ford Motor Company
C’est le “candidat” le plus cité par le jury lors du premier tour de l’élection. Plusieurs membres du jury soulignent de concert qu’il a permis à son groupe “de traverser la crise sans solliciter l’aide du gouvernement d’Obama. Dans cette perspective, la comparaison avec les deux autres anciens pensionnaires du Big Three, GM et Chrysler, est forcément flatteuse”. Par ailleurs, le groupe a fait mieux que résister puisqu’il présente même aujourd’hui des résultats financiers encourageants. Au titre de l’exercice 2010, Ford a ainsi annoncé un bénéfice de 6,6 milliards de $US, soit sa meilleure performance depuis 1999. Même si le 4e trimestre fut plus décevant, et d’ailleurs sanctionné par les places de marché, un tel résultat aurait tout bonnement été jugé illusoire il y a seulement vingt-quatre mois. “Certes”, admet un membre du jury, “mais la dette reste tout de même très importante !”... Au-delà des données financières, le groupe a su aussi réorienter sa stratégie autour du concept “One Ford” qui remet au goût du jour la voiture mondiale, tout en garantissant de significatives réductions de coûts. Un membre du jury met enfin en exergue le charisme du dirigeant : “Je me souviens de l’avoir rencontré dans les années 90, quand il était chez Boeing, et il faisait forte impression, assumant parfaitement une certaine originalité qui vient contredire son image de cost-killer. En outre, il était très ouvert, loin de la culture du secret et du confidentiel dans laquelle aiment se draper de trop nombreux dirigeants aujourd’hui”. Un témoignage qui n’empêche pas d’autres membres du jury de voir en Alan Mulally un cost-killer, voire un mercenaire. “A maverick” comme on dirait outre-Atlantique.

Vincent Besson, directeur de la stratégie produits et marchés de PSA
Régulièrement nominé ces dernières années, Vincent Besson tire tout d’abord profit de l’engouement dont bénéficie Citroën. Un engouement qui ne se dément pas depuis quatre ans, Jean-Pierre Ploué ayant d’ailleurs été nommé Homme de l’Année par le jury en 2007. L’an passé, le lancement de la DS3 a frappé les esprits : montée en gamme à la fois audacieuse et cohérente, nouveau style de communication mis en œuvre… Le fait que les premiers résultats commerciaux soient positifs vient couronner l’entreprise, même si un membre du jury fait remarquer que “le plus dur commence pour la gamme DS. Il faut désormais durer et s’imposer sur des segments de plus en plus haut de gamme, ce qui est loin d’être gagné”. Cependant, l’homme, accessible et volontiers affable, jouit d’un capital sympathie important. Un membre du jury tente l’exercice de la synthèse : “Ex-directeur des produits et marchés de Citroën, Vincent Besson a été pendant plusieurs années l’instigateur des produits et des gammes du constructeur. A cet égard, il est bel et bien l’auteur de la réussite actuelle des modèles de la marque aux chevrons. En outre, c’est un homme brillant, sympathique, accessible et passionné par le produit automobile. Il fait aussi valoir une vision très large de l’automobile, non seulement technique, mais encore psychologique et sociologique”. Les valeurs humaines, l’ancrage dans le produit et le frémissement d’ores et déjà perceptible chez Peugeot sont autant d’arguments en sa faveur.

Les outsiders :

Vincent Bolloré, directeur général du groupe Bolloré
Cela peut sembler surprenant, surtout que la Bluecar n’est pas encore sur les routes, mais cette mise en avant témoigne aussi d’un phénomène de fond dans l’automobile qui fait la part belle aux nouveaux acteurs en lien direct avec les enjeux d’une nouvelle mobilité. Plusieurs membres du jury louent “son audace, sa capacité à prendre un pari et la cohérence de ses projets, JV avec Pininfarina, usine de batteries en Bretagne et aventure Autolib”. D’autres estiment qu’il est hâtif de distinguer “un pari aux contours bien incertains et un pari de surcroît en partie subventionné”. Même débat passionné autour de l’homme. Quand certains voient en lui un “entrepreneur capable de prendre des risques et de faire bouger les lignes”, d’autres stigmatisent “un homme d’affaires qui n’a pas forcément que des faits de gloire à faire valoir”. Un débat vif qui devrait se poursuivre au tour final de l’élection.

Sébastien Loeb, champion du monde de WRC pour la 7e fois
Déjà élu Homme de l’Année, Sébastien Loeb trouve encore les faveurs de nombreux membres du jury tant ses performances et ses records laissent sans voix ! Du coup, c’est un concours de superlatifs et une surenchère de louanges ! Plusieurs membres du jury tiennent encore à souligner “le côté droit de l’homme” et militent pour qu’il soit élu avec Daniel Elena.

Yann Delabrière, président de Faurecia
Enarque, normalien, agrégé de mathématiques, voici une tête bien faite. Pour un membre du jury, aucun doute, c’est son année : “C’est l’année des équipementiers en général d’ailleurs. Après avoir beaucoup souffert, ils ont su remonter la pente et d’une manière générale, ce sont eux qui apportent les deux tiers de la valeur ajoutée d’une automobile. Yann Delabrière a effectué un travail remarquable chez Faurecia, alors qu’il trouvait un groupe en piteux état en arrivant. Il a su mettre en œuvre une restructuration d’envergure tout en redonnant espoir aux salariés, ce qui n’est pas une mince affaire. En outre, en 2010, le groupe a réalisé de nombreuses acquisitions, souvent très stratégiques et ouvrant des perspectives internationales prometteuses”. Aucun membre du jury ne remet en cause la performance de Yann Delabrière à la tête de Faurecia, mais son manque d’aspérités, d’un point de vue humain, pourrait lui être préjudiciable lors du tour final…

Adrian Newey, directeur technique de l’écurie de F1 Red Bull Racing
Au milieu des scandales et des pantalonnades des divas de la F1, une hirondelle a fait le printemps. A l’instar de Ross Brawn, nominé l’an dernier, c’est un directeur technique hors normes qui est mis en avant. Génie pour les uns, quasi gourou pour les autres, l’homme cultive le parti-pris et va au bout de ses idées. Avec bonheur, car comme le souligne un membre du jury, “son palmarès est énorme ! Huit titres mondiaux chez les constructeurs notamment !”. Avant d’ajouter avec enthousiasme : “C’est en plus quelqu’un de très sympathique. S’il ne renie jamais ses convictions, c’est aussi un formidable meneur d’hommes, très apprécié de ses équipes. Il réunit le talent, l’audace, le rêve propre à la compétition automobile et il reste droit, fidèle. Il a ainsi toujours renoncé au pont d’or que Ferrari lui proposait”.

Un monsieur “Volkswagen”
Le groupe Volkswagen impressionne. Portefeuille de marques, succès commerciaux sur tous les marchés, stratégie de conquête, résultats financiers… les indicateurs sont au vert. Mais Martin Winterkorn ayant déjà été élu il y a seulement deux ans, difficile de trouver l’homme ou la femme qui incarne cette success-story. Marie-Christine Caubet, Rupert Stadler et Walter De Silva sont néanmoins cités par des membres du jury.

Un monsieur “Dacia”
Chaque année la question se pose. En effet, le succès de Dacia ne laisse pas le jury insensible. Avant, on parlait du succès Logan, mais avec la Sandero, on parle bel et bien de celui de Dacia, au-delà de toutes considérations sur le jeu de badge Renault-Dacia au gré des marchés. Et le blockbuster Duster n’a fait qu’accentuer le phénomène ! “C’est vrai que le positionnement low-cost est actuellement un atout, mais il n’en demeure pas moins que Dacia sait aussi rester dans l’air du temps, comme en témoigne le Duster”, souligne un membre du jury. Certes… Mais qui incarne cette réussite ? Comme chaque année, plusieurs membres du jury évoquent alors Gérard Detourbet. A la tête du programme Entry après avoir dirigé le projet XC90, ce docteur en mathématiques évolue, volontiers effacé, depuis près de quarante ans au sein du groupe. Les années précédentes, cela n’avait pas suffi au second tour, surtout que d’autres membres du jury rappellent que Georges Douin avait été distingué en son temps en grande partie pour le concept Dacia.

Ils peuvent créer la surprise… :

Dan Akerson, P-dg de General Motors
Son nom revient à plusieurs reprises tant le sauvetage de GM relève du miracle. Le retour fracassant en Bourse séduit aussi des membres du jury, au même titre que les succès enregistrés en Chine. Pour d’autres, le miracle tient surtout à Obama et son administration, c’est-à-dire aux deniers du contribuable américain, et l’accueil en Bourse révèle d’avantage la faculté d’amnésie des places de marché qu’autre chose…

Donato Coco, directeur du design de Lotus
Même si son passé chez Citroën ne fait pas l’unanimité, plusieurs membres du jury estiment qu’il fut à l’origine du renouveau de la marque. Mais c’est surtout le tour de force réalisé avec Lotus, avec une pléiade de nouveaux modèles dévoilés au Mondial, qui suscitent l’enthousiasme de ses supporters ! Cependant, plusieurs membres du jury stigmatisent que ces voitures ne roulent pas… Il part de loin, une sacrée cote pour le second tour !

Sergio Marchionne, administrateur délégué de Fiat
Elu Homme de l’Année par le jury en 2006 pour le sauvetage de Fiat, alors qu’il n’était guère connu en France, “le joueur de poker” cosmopolite est cité plusieurs fois. Certains estiment que les résultats financiers encourageants du groupe et l’opération Chrysler méritent d’anticiper un nouveau succès. En outre, le charisme décalé de l’homme séduit toujours. Toutefois, de nombreux membres du jury émettent mille et une réserves.

Li Shufu, président de Geely
Il y a vingt ans, son groupe fabriquait des réfrigérateurs… Mais Li Shufu prend ensuite le pari de la mobilité, avec des deux roues, puis des voitures. Un membre du jury souligne “la croissance fulgurante du groupe et surtout l’excellente opération du rachat de Volvo Cars”. Notons aussi que c’est l’homme qui a électrifié les taxis londoniens. Cependant, il reste assez méconnu au plan humain.

Ils sont cités au moins une fois :

Sébastien Vettel (Red Bull Renault)
Philippe Varin (PSA)
Jean-Marc Gales (PSA)
Christian Streiff (ex-PSA)
Norbert Reithofer (BMW)
Mong-Koo Chung (Hyundai Kia)
François Bancon (Nissan)
Yves-Thibault de Silguy (Vinci)
Hervé et Eric Neubauer (Neubauer)
Philippe Streiff
Eric Wepierre (Chevrolet)
Lili Bertone (Bertone)
Laurens Van Den Acker (Renault)
Murat Günak
Victor Muller (Spyker Saab)
Franz Ferenbach (Bosch)
Laurent Burelle (Plastic Omnium)
Michel Rollier (Michelin)

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FOCUS - Les membres du jury


• Astagneau Denis, France Inter
• Barbe Stéphane, L’Equipe
• Bazizin Luc, France 2
• Bellu Serge, Automobiles Classiques
• Bolle Héloïse, Challenges
• Botella Jean, Capital
• Boulanger Pascal, LCI
• Bourroux Christophe, RTL
• Calvez Laurent, France 3
• Chapatte Dominique, M6 Turbo
• David Christian, L’Expansion
• Decarre Olivier, free lance
• Duron Dominique, Marie Claire
• Fillon Laure, AFP
• Fréour Cédric, Les Echos
• Frost Laurence, Bloomberg News
• Gallard Philippe, free lance
• Gay Bertrand, Autostratinternational
• Genet Jean-Pierre, L’Argus
• Genet Philippe, La Revue du Vin de France
• Grenapin Stanislas, Europe 1
• Jouany Gérard, free lance
• Lagarde Jean-Pierre, free lance
• Macchia Jean-Rémy, France Info
• Marmet Jérôme, Le Journal des Finances
• Massy-Beresford Helen, Thomson Reuters
• Meunier Stéphane, L’Automobile Magazine
• Normand Jean-Michel, Le Monde/Le Monde 2
• Pennec Pascal, Auto Plus
• Péretié Olivier, Le Nouvel Observateur
• Robert Lionel, free lance
• Roubaudi Renaud, free lance
• Roy Jean-Luc, Motors TV
• Verdevoye Alain-Gabriel, La Tribune
• Zambaux Gilles, Le Parisien

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