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Constructeurs

Homme de l’Année 2004, un titre disputé !

Publié le 18 mars 2005

Par Alexandre Guillet
10 min de lecture
Côte à côte au rang de favoris, des patrons en pleine réussite, Helmut Panke ou Wendelin Wiedeking, des managers de compétition comme Guy Fréquelin et des designers à l'instar de Giorgetto Giugiaro. Côte à côte de purs financiers, de purs créatifs, de purs sportifs et un seul critère de comparaison...
Côte à côte au rang de favoris, des patrons en pleine réussite, Helmut Panke ou Wendelin Wiedeking, des managers de compétition comme Guy Fréquelin et des designers à l'instar de Giorgetto Giugiaro. Côte à côte de purs financiers, de purs créatifs, de purs sportifs et un seul critère de comparaison...

...: le talent. Celui qui définit aussi le travail d'un Georges Douin, outsider devenu favori. En somme, des hommes plus que des marques.

Les favoris

Georges Douin, directeur général adjoint et directeur plan, produit et opérationnel de Renault
Georges Douin, c'est la surprise qui ne devrait pas en être une. Le choix de la raison et du cœur. "Cet homme, c'est l'anti-tous les autres, très discret mais tellement efficace !", assène un membre du jury. Georges Douin est l'un des piliers de la "maison" Renault, l'une des pierres angulaires d'une Régie devenue entreprise privatisée. Ancien élève de l'X, il intègre Renault dès 1967. Ingénieur de talent, il marque de son empreinte plusieurs départements de l'entreprise avant de connaître une première consécration en 1988, en devenant directeur des études. Première consécration qui en appelle d'autres puisqu'en 1997, il est nommé directeur plan, produits et opérations internationales du groupe, avant d'être promu directeur général adjoint (tout en gardant sa précédente fonction) l'année suivante. Cette date et cette fonction sont plus que des indices… Georges Douin a en effet beaucoup œuvré pour l'Alliance avec Nissan et pour le rachat du constructeur coréen Samsung Motor. Avec le succès que l'on sait. A l'heure de son départ à la retraite, c'est la dernière occasion - rêvée - de rendre hommage à un homme délibérément effacé mais diablement efficace.


Giorgetto Giugiaro, président d'Italdesign Giugiaro SPA
Certains attendaient sans doute les designers "officiels" des grandes marques qui s'étaient distinguées cette année : le sage Gérard Welter, l'ambitieux Jean-Pierre Ploué, ou encore l'enfant terrible Chris Bangle. Mais le jury a succombé au charme fou d'un "indépendant", à la puissance d'une légende : Giorgetto Giugiaro. Plusieurs arguments plaident en la faveur du président d'Italdesign-Giugiaro SPA. Tout d'abord, le désir de saluer le designer pour l'ensemble de son œuvre, riche de modèles mythiques et de concept-cars hallucinants. Ensuite, la volonté d'applaudir la pertinence de sa politique d'internationalisation, notamment en Corée et en Chine. Enfin, Giugiaro a indubitablement bénéficié d'un "effet Genève". Le coupé Alfa Brera, "une fleur qui s'épanouit" dixit le maestro, a mis le public en pâmoison et confirmé, si besoin en était, que l'histoire d'amour avec Alfa Romeo qui dure depuis la 2000/2600 Spirit de 1960, avait encore de beaux dessins devant elle. La présentation de la Fiat Croma 8tto V, hommage émouvant à "L'avvocato" et brillant dérivé du proto de recherche Maserati Buran, a aussi fait chavirer les cœurs. Sans oublier le concept Mitsubishi Nessie, SUV alimenté à l'hydrogène et doté d'une inédite silhouette de coupé à deux volumes et demi, qui dévoile le Giorgetto Guigiaro prospectif et novateur. Giugiaro, la passion, la légende et le visionnaire.


Guy Fréquelin, directeur de Citroën Sport
Triple champion de France des rallyes (entre autres !) et surtout vice-champion du monde des rallyes (avec Jean Todt) sur Talbot, qui remporte en 1981 le titre de champion du monde des constructeurs, Guy Fréquelin prend la direction de Citroën Sport le 1er mars 1989. Après de nombreux succès obtenus en rallyes raids (via la ZX Rallye Raid), il convainc les dirigeants de PSA d'engager la marque aux chevrons dans le grand bain du WRC. "Programmée" depuis 2001, l'ascension sera fulgurante avec le titre de champion du monde des constructeurs en 2003, et surtout, le double titre "Pilotes" et "Constructeurs" en 2004. Ne bat pas Peugeot qui veut, surtout sur son propre terrain ! Humain et compréhensif tout en ayant instauré une certaine rigueur dans le travail, toujours présent sur le terrain (chrono en main !), Guy Fréquelin a su réunir les meilleurs éléments pour faire de Citroën l'équipe de référence en WRC. Et surtout, il a réussi à faire en sorte que ses hommes gardent leur motivation malgré l'annonce du retrait en fin de saison. Chapeau bas.


Helmut Panke, président du directoire de BMW AG
Sous l'impulsion d'Helmut Panke, BMW est sorti de ses heures noires. Mieux que cela, le groupe renoue avec le succès tant au niveau de sa capitalisation boursière que de son chiffre d'affaires. Déclaré vaincu un peu hâtivement par son concurrent et voisin Volkswagen suite à l'échec de Rover, BMW est ressorti grandi de cette épreuve. Non seulement le groupe a cédé Rover, reconnu son échec - difficile d'associer dans un même esprit une culture germanique et un état d'esprit britannique - tout en préservant le réseau et en offrant une possible reconquête aux repreneurs. Mais il a su aussi motiver ses hommes autour de la notion de revanche. Revanche par la qualité, revanche par la capacité d'innovation - en témoigne le nombre de nouveaux modèles -, revanche par l'adaptabilité au marché - résultats inespérés et remarquables de la Mini, lancement de la série 1 et des 4x4 X 5 et X 3 -, revanche enfin par la pérennité d'un réseau de bonne facture. Les concessionnaires BMW ne ressentent pas ce besoin très symptomatique chez certaines marques de changer de panneau au gré des courants. Helmut Panke, l'homme de cette reconversion, s'avère un candidat redoutable.


Wendelin Wiedeking, président du directoire de Porsche AG
Parce qu'il a su faire admettre à la fois à l'actionnariat et au réseau que le développement de la marque mythique passait par le lancement d'un 4x4, Wendelin Wiedeking a acquis une réputation de visionnaire. De quelqu'un qui a de la suite dans les idées et ce pour le bonheur du groupe. Dans l'usine de montage des moteurs de Porsche à Stuttgart, les techniciens se regorgeaient l'an dernier avec fierté de "faire" 40 % de moteurs pour le Cayenne. Venant de puristes "maison", cet engouement a gagné l'ensemble du groupe et conquis les réseaux, permettant à Wendelin Wiedeking de prendre un ascendant remarqué dans la construction automobile. Déjà, un autre 4x4 se profile et les résultats financiers explosent. Cependant l'arrogance de membres d'un réseau perçu comme élitiste nuit à l'image de la marque. Et même si, en France, un Detlev Von Platen, s'évertue à rendre plus accessible son réseau, la prestigieuse marque passe pour manquer d'humilité, se remparant derrière des chiffres ne souffrant aucune critique. Dommage, car il fallait oser la diversification. Cela suffira-t-il à Wendelin Wiedeking pour remporter l'élection ?

Du côté des équipementiers

Shigeo Watanabe, président de Bridgestone Corporation
Diplômé de la Keio University BS (Ingénierie industrielle), Shigeo Watanabe rejoint Bridgestone Tire Co Ltd en 1965. La suite est éloquente. Bien que numéro 2 mondial du pneumatique avec 19 % du marché, Bridgestone Corporation a pourtant le profil du numéro 1 : juste derrière Michelin avec un CA 2004 consolidé de 2 417 milliards de yens (23,2 Mds de dollars), le leader mondial du caoutchouc réalise 78 % de son CA dans le pneumatique, alors que le manufacturier clermontois le réalise à 95 %.


Edouard Michelin, président de Michelin
Fils de François Michelin ("Homme de l'Année" 1989), Edouard Michelin a su conserver les valeurs de l'entreprise, tout en continuant de la hisser au sommet de la hiérarchie mondiale. Avec 19,5 % de parts de marché, Michelin n'est pas seulement le leader mondial du pneumatique. Le manufacturier se distingue aussi par la politique de qualité mise en place au niveau du groupe et par sa stratégie d'internationalisation aboutie, avec une ouverture sur des marchés comme la Chine et l'Inde par exemple.


Guy Maugis, président de Bosch France
A peine arrivé à la tête de Bosch France, première filiale de Robert Bosch GmbH, Guy Maugis a dû affronter les foudres sociales, accusé porte drapeau des délocalisations sauvages. Lui qui avait réussi à les éviter. Gérant la crise avec caractère et personnalité, il a su s'imposer comme un interlocuteur de haut niveau, accessible et humain. Rappelons que le groupe Bosch s'est hissé à la première place des équipementiers mondiaux en 2004.

La grille des sportifs

Michael Schumacher, sextuple champion du monde de F1
La "référence" absolue en Formule 1. A 36 ans, le sextuple champion du monde (2 titres chez Benetton en 1994 et 95, 5 titres chez Ferrari de 2000 à 2004) aborde sa quinzième saison en F1 fort de tous les records existants hormis celui du nombre de pole positions (65) toujours détenu par un certain… Ayrton Senna. Travailleur, talentueux, l'allemand a toujours su réunir les meilleurs ingrédients pour s'imposer au plus haut niveau.


Sébastien Loeb, champion du monde des rallyes 2004
Elu "Espoir de l'Année" en 1997 par notre confrère Echappement, Sébastien Loeb est un pur produit des formules de promotion Citroën. Champion du monde Super 1600 en 2001, il accède logiquement au WRC la même année au San Remo, qu'il termine à la 2e place. Sa 1re victoire mondiale viendra au Rallye d'Allemagne 2002. En 2003, il est vice-champion du monde derrière Solberg et obtient le titre suprême en 2004. La réserve de cet alsacien pure souche est à la hauteur de son talent.

Déjà élus, encore nommés

Bernard Dudot
Directeur général adjoint de l'entité moteurs de Renault F1 Team, Bernard Dudot est le bras droit de Flavio Briatore à Viry-Châtillon. Présent dès l'aventure turbo, en 1977, il a été l'un des artisans des titres mondiaux récoltés par la marque dans le rôle de motoriste, ce qui lui a valu d'être "Homme de l'Année" 1992. Il était alors directeur technique. Après un passage chez Prost Grand Prix et dans le championnat IRL aux Etats-Unis, il a rejoint Renault début 2003.


Jean Todt
Après ses succès Peugeot obtenus avec la 205 Turbo 16 et la 905, Jean Todt rejoint Ferrari en juillet 1993 à l'occasion du GP de France. Pour cet homme rigoureux dans son travail, le succès en "rouge" ne tardera pas. Depuis 1999, la Scuderia enfile les titres comme des perles et attaque cette nouvelle saison en tant que favori logique. Le patron de la Scuderia a été élu "Homme de l'Année" 2000.


Louis Schweitzer
Si le règlement le permettait, Louis Schweitzer aurait eu de sérieuses chances d'être une nouvelle fois élu homme de l'année ! Histoire de distinguer un grand président de Renault (27 mai 1992-29 avril 2005) qui a notamment orchestré la privatisation de l'entreprise et la réalisation de l'Alliance avec Nissan. Sous son action, Renault est passé du statut de marque française à celui de groupe mondial.


Louis Schweitzer et Carlos Ghosn
Encore Louis Schweitzer, mais cette fois associé à son successeur désigné, Carlos Ghosn ! Deux anciens hommes de l'année ! Ils sont mis en avant pour leur gestion en amont de la passation de pouvoir à la tête du groupe. Un modèle de management opérationnel qui rend ses lettres de noblesse à la notion moderne trop souvent galvaudée de "pro-activité".


Fujio Cho
Le patron de Toyota, Homme de l'Année 2003, aurait peut-être réussi un doublé retentissant. Grâce à la pérennité mondiale du groupe et à d'excellents résultats financiers. Mais aussi à l'aune de la position de leader technologique du groupe sur des dossiers névralgiques comme l'hybridation par exemple.

Le coin des designers

Jean-Pierre Ploué, directeur du style Citroën
L'homme a du charme et les modèles qui sortent de son studio aussi ! Pour preuve, la C4 et l'incroyable histoire de ses deux silhouettes, ou la luxueuse C6. Il a réussi à moderniser de façon radicale le style de Citroën sans le déconnecter de son riche héritage historique. Bravo.


Gérard Welter, directeur du style Peugeot
Régulièrement nominé mais jamais élu, le directeur du style Peugeot fera prochainement valoir ses droits à la retraite. C'est l'occasion de récompenser une carrière exemplaire symbolisée par une politique design cohérente et homogène. Le tonitruant coup d'éclat de la 907 lui donne un nouveau gros atout.

Ont également été cités

Odile Desforges, P-dg de RNPO


Marie-Christine Caubet, Directrice commerciale Europe de Renault


Maria Stenström, Directeur général de Volvo Automobiles France


Jean-Claude Debard, P-dg de Hyundai France


Mong Koo Chung, Chairman and CEO de Hyundai Motor Company


Jean-Charles Lievens, Senior vice-président de Kia Motors Europe


Michel Gardel, Vice-président de Toyota France


Hiroshi Tsuda, Président et COO de Suzuki Motors


A.G./H.D./M.D.

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