GM garde Opel

L'annonce a surpris tout le monde. Alors que le montage avec Magna et l'argent de Sberbank semblait devoir être entériné avant la fin de l'année, la direction de GM a annoncé mardi depuis Detroit qu'elle ne comptait plus vendre Opel et préférait la conserver. Fritz Henderson, CEO de GM, qui affirmait pourtant encore il y a quinze jours que la cession d'Opel à Magna était la meilleure solution, a déclaré : « Nous présenterons rapidement un plan de restructuration aux gouvernements européens ». Sans s'appesantir sur les suppressions d'emplois et d'éventuelles fermetures de sites, mais en évoquant une enveloppe de 3 milliards d'euros, soit une somme bien moindre que celle que Magna et d'autres repreneurs potentiels avaient envisagée. Pour justifier cette volte-face, la direction de GM, dont la plupart des membres ont été choisis par l'administration d'Obama, rappelons-le, met en avant « une amélioration de l'activité en Europe et une situation financière plus saine et stable au sein du groupe depuis quelques mois ».

Pas du goût du gouvernement allemand…

Frank Stronach, CEO de Magna, s'est montré magnanime, au même titre que Siegfried Wolf, co-CEO, qui déclare par voie de communiqué : « Nous continuerons à soutenir Opel et GM pour les challenges à venir ». Le ton était plus sévère chez les responsables des syndicats et les élus allemands. « Le Gouvernement regrette la décision du board de General Motors de restructurer Opel et de la garder au sein du groupe », a lâché sans fioritures diplomatiques Ulrich Wilhelm, porte-parole du Gouvernement allemand. De son côté, Jaap Timmer, responsable d'Euroda, le groupement des concessionnaires Opel/Vauhall, s'est fendu d'un communiqué très prudent, espérant seulement qu'Opel demeure une entité autonome au sein de GM.

Comment GM peut-il financer le redressement d'Opel ?

Si la conduite de la direction de GM peut sembler légère à bien des égards, son choix stratégique n'en demeure pas moins pertinent. En effet, en se séparant d'Opel, le groupe américain perdait un important point d'ancrage en Europe. Or Opel est très complémentaire de Chevrolet, notamment pour la couverture des marchés traditionnels de l'Ouest. De surcroît, Opel est une carte majeure dans l'optique d'une politique de downsizing et de réduction de la consommation et des émissions. Reste la grande question : où GM va-t-il trouver l'argent pour restructurer Opel ? « Cela relève encore du mystère », assène Aaron Bragman, analyste chez IHS Global Insight, avant d'ajouter : « Ce qui est sûr, c'est que GM n'a pas le droit d'utiliser les aides reçues du gouvernement américain pour ses activités hors USA ». Il faudra donc des jeux d'écriture et de la créativité comptable… Mais depuis début juillet et la prise de participation du gouvernement américain à hauteur de 60 %, aucune information financière fiable n'est disponible sur GM. La publication des résultats du troisième trimestre est attendue pour mi-novembre. Toutefois, une bonne nouvelle est venue de son marché domestique : pour la première fois depuis des lustres, le groupe affiche une progression de ses ventes sur un mois par rapport à la même période de référence de l'année précédente. En octobre, GM a vendu 176 632 VN légers contre 168 719 en octobre 2008, soit + 4,7 %. Au cumul des 10 mois 2009, son recul est toujours significatif : - 33,6 % sur un marché à – 25,4 %.

Photo : GM évoque 3 milliards d'euros pour restructurer Opel. Mais le groupe n'a pas le droit d'utiliser les aides du gouvernement américain pour ses activités hors USA. Dès lors, où trouver les fonds nécessaires ?