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Constructeurs

Francfort 2015

Publié le 19 octobre 2015

Par Christophe Jaussaud
12 min de lecture
Sur fond d’affaire Volkswagen mais aussi de reprise du marché européen, cette 66e édition du Salon de Francfort a tenu toutes ses promesses “produits”. Pour ceux qui en doutaient encore, les SUV et l’hybridation rechargeable s’affirment encore. Mais les berlines compactes n’abdiquent pas. Tour d’horizon.

Bien que l’affaire Volkswagen ait hanté les travées de cette édition du Salon de Francfort durant les journées publiques, l’affluence a été au rendez-vous avec plus de 930 000 visiteurs. C’est mieux que les 880 000 entrées de l’édition 2013. La croissance retrouvée du marché européen en est peut être l’une des causes. En effet, contrairement à l’édition 2013 où le marché européen était au plus bas, cette année, à fin août, les immatriculations sont en hausse de 8,6 % avec déjà plus de 9 millions de nouveaux véhicules sur les routes. Certes, les 15,5 millions d’avant crise sont encore loin mais l’Europe de l’automobile va mieux. Dans ce contexte de reprise, quasiment aucun constructeur n’a fait l’impasse. Et même si la fête est allemande commençons par les Français.

Une Mégane prometteuse

Renault n’a pas manqué son rendez-vous avec les premiers bains de foule des Talisman, Talisman Estate et surtout de la 4e génération de la Mégane. Le compteur des nouveautés du Losange pour l’année 2015 grimpe ainsi à six ! Avec la Mégane, Renault revient vraiment armé sur un segment C ô combien stratégique en Europe. En 2014, pas moins de 5,4 millions de véhicules y appartenant ont été écoulés, dont 2,9 millions pour les seules berlines compactes (4, 5 portes et Break). Le différentiel étant couvert par les crossovers (1,5 million) et les monospaces (800 000 unités) où évoluent le Kadjar et le Scénic. Ce dernier sera d’ailleurs remplacé en 2016. Mais revenons à la Mégane. A l’image des dernières nouveautés du Losange, la berline repose sur la plate-forme CMF lui permettant d’offrir le meilleur de la technologie disponible chez le constructeur. En effet, la tablette verticale R-Link2 est de la partie comme les quatre roues directrices 4Control (sur la GT) ou encore le MultiSense et la suspension pilotée. Cette nouvelle berline devrait être sur le marché début janvier 2016 puis ce sera au tour de la version Estate d’être dévoilée. En revanche, les versions Coupé et CC ne sont plus d’actualité. En 2017, Renault va également s’essayer à l’hybridation légère sur la Mégane en mariant son moteur 1.5 dCi 110 à un moteur électrique de 10 kW. Mais ici pas question de Zero émission, de propulsion électrique, le système épaulera simplement le moteur thermique afin de réduire la consommation. Renault parle de 76 g/km.

“DS4 Crossback : notre vision du baroudeur chic”

Chez PSA, l’actualité produits était moins riche. En effet, Peugeot présenté la 308 GTi que l’on avait déjà aperçu à Goodwood. Mais le Lion a attiré l’attention avec son concept Fractal. Une vision du véhicule électrique urbain que nous présente Gilles Vidal, le directeur du style de Peugeot, dans les pages suivantes. Un creux dans le plan produits que n’a pu masquer Citroën en exposant une version “Méhari” du C4 Cactus baptisé Cactus M. Un exercice de style certes très sympathique et réussi, mais qui n’a malheureusement pas d’avenir. Finalement, la plus jeune des marques du groupe, DS, était la plus fournie en nouveautés en dévoilant ses nouvelles DS4 et DS4 Crossback. Deux versions pour tenter d’afficher de meilleures performances commerciales en s’adaptant au marché. Le choix, à l’origine, de faire de la DS4 une berline-coupée-SUVisée n’a, semble-t-il, pas été apprécié avec 115 000 exemplaires vendus depuis son lancement. Alors DS corrige maintenant le tir en “berlinisant” davantage la DS4 tout en lui offrant une variante vraiment typée crossover. Il faut dire que les crossovers et autres “all road” du segment C Premium représentent aujourd’hui 30 % des ventes. Pour cette opération réhabilitation, la DS4 a vu sa garde au sol baisser de 30 mm, puis un artifice, le toit d’une autre couleur, vient encore renforcer cette impression que l’auto est plus basse. Efficace. Le contraste n’en est que plus fort avec la DS4 Crossback qui gagne 30 mm en hauteur mais aussi des barres de toit et les accessoires nécessaires à l’affirmation de sa personnalité. “Il s’agit de notre vision du baroudeur chic”, explique la marque. Dans les deux cas, l’habitacle a également été profondément revu avec l’apparition, pour la première fois chez PSA, du système Apple CarPlay dans le DS Connect mais aussi et surtout une refonte totale de la console centrale qui a notamment permis de faire disparaître deux tiers des boutons. Cependant, aussi réussis soient-ils, ces larges facelift ne semblent pas convaincre les analystes. En effet, pour Tim Urquhart, analyste chez IHS Automotive : “Nous ne pensons pas que ces restylages soient susceptibles d’augmenter les ventes de DS en Europe. En 2016, nous tablons ainsi sur un volume stable en Europe de l’Ouest et en Europe centrale, aux alentours de 17 000 unités, bien loin des 30 000 ventes enregistrées en 2012. Par ailleurs, nous ne voyons pas de signe de rebond commercial de la marque avant le renouvellement des modèles en 2020”.

Déjà 30 000 commandes pour l’Astra

Toujours dans l’univers des compactes, la nouvelle Opel Astra était incontournable aussi bien en version 5 portes que Sports Tourer dont c’était la première mondiale à Francfort. En témoigne la présence des deux plus hauts responsables de GM : Mary Barra, le CEO du groupe, et Dan Ammann, le président du groupe américain. De quoi rappeler l’implication du groupe dans l’avenir de sa filiale européenne et ses ambitions : d’ici 2022, Opel vise la deuxième place du marché européen avec une part de marché voisine de 8 % contre 6,7 % actuellement. L’Astra, qui a déjà enregistré plus de 30 000 commandes en Europe, a naturellement un rôle à jouer dans cette reconquête, et nous y reviendrons dans un prochain numéro, comme les 29 produits au Blitz qui seront lancés dans les années à venir. Seule indication pour l’heure, il y aura un véhicule électrique mais aussi un grand crossover aux côtés de l’Insignia. En attendant, Opel va mieux, les ventes progressent en Europe sous l’effet du vaste plan d’investissement de 5 milliards d’euros. La Corsa, renouvelée en début d’année, mais aussi le Mokka et l’Insignia équipés de nouveaux moteurs essence et Diesel ou encore l’Adam, enregistrent de beaux résultats commerciaux comme la Karl qui a permis à Opel de se repositionner sur le marché des véhicules d’entrée de gamme. Une tendance positive qui devrait d’ailleurs permettre à la marque de renouer avec les bénéfices en 2016.

Incontournables SUV

Parmi les autres généralistes incontournables, Volkswagen, la marque numéro un en Europe. L’actualité produits de VW était centrée sur le nouveau Tiguan qui ne sera toutefois qu’en concessions en avril prochain. Plus long, plus large mais aussi plus bas et plus léger, ce Tiguan deuxième génération repose sur la plate-forme MQB, lui donnant ainsi accès à de nombreuses technologies déjà vues sur les Golf ou Passat. Notamment l’hybridation rechargeable qui donnera naissance à un Tiguan GTE. De quoi profiter de la croissance du segment des SUV compacts qui représente environ 8 % du marché français aujourd’hui. Jusqu’ici, le Tiguan s’est adjugé 15 % du segment, au maximum, dans l’Hexagone et Arnaud Barral, directeur de la marque en France, souhaite retrouver un tel niveau malgré une concurrence toujours plus nombreuse. Actuellement, le modèle en fin de vie affiche encore 12 à 13 % du segment. Mais naturellement, l’arrivée de ce nouveau SUV pose la question d’un petit frère qui évoluerait face aux Captur, 2008 et autres Juke. Rappelons que ce segment des SUV urbains pèse aujourd’hui 14 % du marché français. Alors, oui, Volkswagen disposera d’un tel modèle mais aucune date n’a encore été avancée. Toyota lui pourra bientôt compter sur un petit SUV. Enfin, le C-HR mesurera tout de même 4,35 m et viendra se positionner sous le RAV4. Un futur concurrent pour les Honda HR-V, Opel Mokka et Suzuki Vitara. Il devrait être une réalité commerciale fin 2016. En attendant, LE modèle incontournable du stand Toyota était la quatrième génération de la Prius. Reposant sur la nouvelle plate-forme de Toyota, baptisée TNGA, cette nouvelle Prius devrait afficher une consommation en baisse de 18 %, soit environ 3,2 litres aux 100 km et des émissions de CO2 voisines de 73 g/km. Toujours au chapitre des SUV incontournables de cette édition 2015, figurent aussi le nouveau Kia Sportage ou encore la deuxième génération du BMW X1.

Le Premium ou l’élargissement ­permanent ­

Basé sur la plate-forme UKL, inaugurée par la Mini puis reprise par la Série 2 Active Tourer, le nouveau X1 cache donc des moteurs en position transversale et des roues avant motrices. Mais famille X oblige, il sera disponible en transmission intégrale avec un système Haldex. Dans les concessions d’ici quelques semaines, ce modèle devrait vite monter sur le podium des ventes de BMW France où, par le passé, il a représenté jusqu’à 10 000 unités par an. La nouvelle Mini Clubman n’atteindra sans doute pas un tel volume dans l’Hexagone mais sa crise de croissance ouvre de nouvelles perspectives à la marque comme l’a fait il y a peu la Mini 5 portes. En effet, avec 4,25 m, la Clubman entre maintenant dans la catégorie des compactes et pourra constituer la seule voiture d’un foyer. L’univers Premium ne se résume donc pas à une question de taille mais c’est sur le segment des berlines de luxe qu’une autre bataille à distance s’est jouée entre BMW et Mercedes. En effet, la récente Classe S, ici dévoilée dans une superbe version cabriolet, est clairement dans le viseur de la 6e génération de la Série 7. “Ce segment, si l’on inclut les voitures de plus de 100 000 euros, représente un peu moins de 2 000 unités par an”, explique Serge Naudin, président du directoire de BMW Group France, “et nous avons été leader, en 2012, de ce marché. Notre objectif est clairement de retrouver ce leadership.” Pour séduire, cette Série 7 ne manque pas d’arguments. Pour le dirigeant, il s’agit de “la voiture de demain aujourd’hui. De plus, elle ouvre une nouvelle ère chez BMW car les technologies inaugurées ici se déclineront ensuite dans la gamme.” Et les nouvelles technologies sont nombreuses. Notons par exemple, les commandes gestuelles, le parking complètement autonome, la clé intelligente ou encore l’utilisation de pièces de structures en carbone, comme sur les BMWi, pour encore plus d’efficience. Ainsi, la 730d (265 ch), le modèle le plus vendu en France, pèse moins de 1 800 kg avec pour corollaire une consommation moyenne selon le cycle de 4,5 l, soit des émissions de CO2 à partir de 119 g/km. La Classe S 350 Cdi (258 ch) est loin avec 5,5 l et 146 g/km. La guerre va se poursuivre avec les versions hybrides puisque la Série 7 aura, l’été prochain, droit à sa version hybride rechargeable avec 40 km d’autonomie électrique et une consommation normalisée annoncée de 2,1 l et des émissions de 49 g/km. Certes, actuellement, les grammes de CO2 sont à prendre avec des pincettes mais la règle, aussi absurde soit-elle, est la même pour tous. Quant au X5 eDrive, il ne va donc pas rester seul au catalogue bien longtemps puisqu’avant la Série 7 et la Série 3 l’été prochain, l’Active Tourer goûtera aux joies de l’hybridation au printemps 2016.

Encore un tour de chauffe pour Alfa Romeo

Alfa Romeo n’a encore pas de modèle à apposer à une Série 7, mais la Giulia sera en concurrence frontale avec les Série 3, Classe C ou Audi A4. Mais pour l’heure la Giulia fait seulement face à une M3, une C63 AMG ou une RS4 car la marque italienne fait durer sa renaissance. En effet, comme en juin dernier, seule la Giulia Quadrifoglio Verde avait fait le déplacement. Pour les Giulia “classiques” il faudra attendre le prochain Salon de Genève. En attendant, il est vrai que la fiche technique de cette Quadrifoglio Verde est alléchante avec un V6, dérivé du bloc V8 Ferrari, affichant 510 chevaux. Le tout passant exclusivement par les roues. Cette Giulia sera disponible en début d’année contre, au minimum, 79 000 euros. Sur le stand Audi pas de réplique directe mais tout de même la variante S4 de la toute nouvelle A4 avec ses 354 chevaux. Mais dans le gigantesque hall Audi, le concept e-tron Quattro attirait l’essentiel des curieux. En plus de préfigurer un véhicule 100 % électrique, dont la commercialisation est annoncée pour 2018, ce concept renseigne sur les évolutions futures du style Audi et pourquoi pas sur un futur probable Q6 afin de répondre aux X6 et au nouveau GLE Coupé.

Enfin, pour conclure ce rapide tour d’horizon, le coup de cœur de ce salon est incontestablement le Project 2&4 de Honda. Cette sorte de gros kart est le fruit de l’imagination des ingénieurs auto et moto du constructeur. Ce projet reprend la mécanique de la Honda RC213-V, qui s’illustre en Moto GP aux mains de Marc Marquez et Dani Pedrosa, pour offrir le plein de sensations. Résultat : 405 kg à mouvoir grâce à un quatre cylindres de 215 chevaux à 13 000 tr/min. L’accueil a été tel que Honda se pose maintenant la question d’une petite production. Pourvu qu’ils disent oui ! Si le projet Honda remporte la Palme, Porsche pourrait être récompensé du Prix Spécial du Jury avec son concept e-mission. En plus de proposer une berline électrique capable de répondre à Tesla avec 500 km d’autonomie, Porsche a dévoilé un design étonnement moderne sans rien renier du passé de la firme. Il se murmure aussi que la prochaine Panamera pourrait s’en inspirer. Là encore pourvu qu’ils disent oui ! Deux projets qui deviendront peuvent être des réalités lors de la prochaine édition de l’IAA du 14 au 24 septembre 2017.
 

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