Exercices de style avec Grégory Guillaume

Le Festival Automobile International enthousiasme Grégory Guillaume qui y voit pour le grand public une opportunité unique d’appréhender le travail des designers. C’est pourquoi Kia exposait non seulement un concept-car, mais aussi des films tournés dans les studios de style, une maquette clay et même une maquette “éponge”. Histoire de bien faire comprendre l’importance des proportions, des équilibres, du traitement des volumes et des surfaces. “L’événement s’y prête, on peut d’ailleurs se demander pourquoi c’est le seul dans le monde, il faudrait le dupliquer dans d’autres pays !”, lance-t-il.

Coagulation et synthèse

Quand on lui demande si l’exposition peut susciter des vocations, il répond : “J’espère que oui. Surtout qu’aujourd’hui le design est partout dans notre société et il a gagné ses lettres de noblesse. Quand j’étais petit, la donne était différente, je dessinais, je dessinais tout le temps des voitures, mais je ne savais pas, pas plus que mon entourage, que cela correspondait à un métier…”. Pour lui, le designer est une éponge qui s’enrichit de mille et une choses et qui doit ensuite trouver la juste coagulation, la bonne synthèse, à l’instar de certains mathématiciens. “De plus, les voyages sont très importants, car ils permettent de se confronter à des environnements très variés. Or la même voiture n’a pas le même impact ni la même résonance selon qu’elle est à New York, dans une province chinoise ou à la campagne en Europe”.

L’art du bien choisir

Il reconnaît qu’il y a beaucoup d’excellents jeunes designers aujourd’hui, dans de nombreuses écoles partout dans le monde. Mais, pour lui, quand il s’agit d’embaucher, ce n’est pas l’aura de telle ou telle école qui fait la différence, mais bien l’individu : “Au-delà du talent, le plus difficile est d’identifier le jeune designer qui parviendra à reconnaître les bonnes idées parmi une multitude de propositions, celui qui aura l’aptitude d’agréger plusieurs bonnes idées aussi, bref, celui qui fera les bons choix”.

“Challenger sympathique”

Passionné de voitures anciennes et reconnaissant un attachement très intime à une vieille Austin Healey, Grégory Guillaume n’en reste pas moins tourné vers l’avenir de Kia. Et si la marque a franchi un cap en Europe, il ne pense pas pour autant qu’elle entre actuellement dans une deuxième phase de développement : “On ne peut pas vraiment parler de deuxième phase car nous nous attachons vraiment à travailler dans la continuité. Certes, nous avons désormais des bases, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans quand nous étions un no-name sans héritage en Europe, mais je préfère parler d’évolution structurée et de progrès continu”. A ses yeux, la clarté du message délivré par la marque dans la durée paie et Kia bénéficie aujourd’hui d’une image de “challenger sympathique”, à même de susciter l’empathie des clients. “C’est parce que nous ne trichons pas. Nos concept-cars en sont d’ailleurs l’illustration, nous jouons plus sur la fluidité, la projection vers la série que sur des motifs tape-à-l’œil”, explique-t-il. Tout en restant secret, il estime que Kia pourrait évoluer vers le Premium, une notion pourtant plus souvent attribuée à Hyundai au sein du groupe : “Pourtant, c’est paradoxal, car Kia a un langage stylistique qui se prête mieux au Premium”. De concert avec Peter Schreyer, il annonce d’ailleurs que Kia bénéficiera bientôt d’un modèle sportif, commercialement taillé pour les Etats-Unis, mais positif en termes d’image sur tous les marchés. Souvenez-vous, il y a deux ans, Kia exposait le concept-car GT au… Festival Automobile !