Entretiens avec Gilles Michel, directeur de la marque Citroën et Francois Ruppli, directeur des réseaux propres de Citroën

...de l'Automobile. Comment qualifieriez-vous le marché français en 2007 ?
Gilles Michel. Sur un marché traditionnel dit de renouvellement qui a connu une hausse de 3,5 %, nous affichons une progression de 5 %. C'est satisfaisant, d'autant que nous grignotons 0,2 point de part de marché. Sur le marché VP, notre progression s'établit même à 7,5 %, avec un essor significatif sur les ventes à particuliers à + 8,1 %.

JA. A l'inverse, comment expliquez-vous votre recul sur le marché du VUL ?
gm. Nous avons surtout connu des problèmes au 1er semestre avec une mauvaise performance qui fait que notre année n'est pas satisfaisante. Mais nous avons réagi en temps et en heure, par le biais d'animations commerciales notamment, et nous attaquons donc 2008 dans une bonne dynamique, encore renforcée par les lancements programmés.

JA. Selon vous, quel sera l'effet du bonus-malus sur le marché ?
gm. Pour l'heure, il est très difficile de se prononcer sur la question et nous allons scruter le marché au premier semestre pour tenter d'avoir ensuite une idée plus précise de ce qui nous attend. Cependant, je pense que le volume du marché dépendra plus de l'environnement économique général que de l'éco-pastille qui n'aurait qu'un impact limité à 100 000 véhicules d'après les premières études des analystes. Au niveau des versions et des motorisations, cette mesure aura certainement de l'influence, mais elle n'aura pas pour autant d'impact sur les marges. Enfin, je tiens à souligner que Citroën fait valoir une offre environnementale très attractive. 22 modèles sont éligibles au bonus, soit 40 % de nos ventes, tandis que 17 % de nos ventes sont neutres.

JA. Dans une perspective environnementale, pensez-vous commercialiser rapidement des modèles tout électriques ?
gm. Les contraintes technologiques liées aux batteries seront levées un jour, mais force est de constater qu'elles ne le sont pas encore. Il serait donc hâtif d'envisager une commercialisation massive pour le grand public. En revanche, des expérimentations sur flottes captives sont à l'ordre du jour.

JA. Au niveau de vos succursales, quelles sont vos priorités ?
François Ruppli. Notre politique est d'ajuster le nombre de m2 à nos besoins, ce qui ne signifie nullement de fermer des sites, mais d'optimiser leur exploitation. Nous avons défini un projet collectif avec nos succursales qui vont déboucher sur des plans d'action nous permettant d'améliorer nos performances.

JA. Cela rime-t-il avec réorganisation ?
fr. C'est une réorganisation positive et concertée. Les responsables des succursales seront moins exécutants qu'auparavant, dans les limites d'une multinationale bien entendu, mais ils auront plus d'autonomie. Au niveau des ressources humaines et du recrutement des dirigeants de succursales, cela implique des changements. On ne viendra plus faire un stage en succursale entre guillemets, mais ce sera une étape importante dans la carrière des collaborateurs concernés.

JA. D'une manière générale, quelles sont vos préconisations sur les niveaux de remise à consentir ?
fr. Comme vous avez pu le constater par le biais de notre communication publicitaire, nous n'évoquons plus les niveaux de reprise, mais nous privilégions les incitations à la reprise ou les prix nets. Une page s'est tournée.

JA. Pour conclure, qu'attendez-vous de l'exercice 2008, important dans l'optique du plan Cap 2010 ?
gm. Nos ventes mondiales vont encore progresser pour s'établir dans une fourchette de 1 525 000 à 1 750 000 véhicules. Pour l'Europe en général, nous pensons que le marché sera atone et pour l'Europe comme pour la France, nous ne faisons pas de prévisions chiffrées car les incertitudes macro-économiques sont trop fortes pour s'y risquer. Cependant, eu égard à notre programme de lancements, notamment C5, Berlingo et Nemo, nous avons de réels atouts dans notre jeu.

Photo : Gilles Michel, directeur de la marque Citroën.