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Constructeurs

Entretien : Robert Peugeot, P-dg de la FFP Société Foncière, Financière et de Participation.

Publié le 14 mars 2008

Par Tanguy Merrien
5 min de lecture
Jean-Pierre Ploué est tourné vers l'avenir tout en admettant que les racines du passé comptent. A l'origine de la venue de Jean-Pierre Ploué à la direction du style de Citroën, Robert Peugeot, alors "superviseur" du design à la direction...
Jean-Pierre Ploué est tourné vers l'avenir tout en admettant que les racines du passé comptent. A l'origine de la venue de Jean-Pierre Ploué à la direction du style de Citroën, Robert Peugeot, alors "superviseur" du design à la direction...

...générale de PSA Peugeot-Citroën, évoque une rencontre pour le moins décisive et constructive.

Journal de l'Automobile. Comment recrute-t-on un directeur du style ?
Robert Peugeot. Les histoires racontées après semblent évidentes, il faut se replacer dans le contexte dans lequel cela s'est déroulé. Quand nous avons formé le comité exécutif en 97, 98 avec Jean-Martin Folz, j'avais pris la décision, qualifiée à l'époque d'originale, de rattacher les patrons du style directement à la direction générale. J'étais convaincu que le style était devenu tellement important dans le monde de l'automobile qu'il était dangereux que les directeurs du style de Peugeot et de Citroën aient deux ou trois couches de management entre eux et la direction générale. J'ai donc cherché moi-même qui pouvait prendre la tête du style de Citroën.

JA. Pourquoi votre choix s'est-il porté sur Jean-Pierre Ploué ?
rP. Quand j'ai rencontré Jean-Pierre Ploué, j'ai eu très vite l'intuition que c'était quelqu'un qui irait bien pour Citroën, qui irait bien avec Citroën. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, et je me suis forgé assez rapidement la conviction qu'il avait la vision, l'expérience, et la volonté de venir développer une grande marque française. Son expérience multiple dans plusieurs sociétés, et pays lui avait ouvert des horizons tout à fait différents, parce qu'il avait vu beaucoup de choses tant en termes de problématiques de constructeurs et de marques, que de problématiques d'équipes, et de pays. Outre cette ouverture, il était indéniable que sur le plan de l'attachement à la marque Citroën, c'était l'homme qu'il fallait. Je ne pouvais pas nommer à la tête de nos marques qui ont des décennies d'histoires fortes, émotionnelles, un back ground considérable, quelqu'un qui soit totalement neutre par rapport à cela. Jean-Pierre a cette émotion. J'ai senti qu'il avait la vision ou l'envie de nous aider à développer Citroën, et puis j'ai fait le pari sur le talent et aussi le pari qu'il s'intégrerait bien chez nous.

JA. Qu'est-ce qui émanait de lui qui vous a fait penser qu'il intégrerait bien Citroën et qu'il serait bien pour Citroën ?
rP. Ce que j'ai senti chez Jean-Pierre, c'est qu'il avait un sens des contacts personnels, de gestion proche des gens et des situations qui révélaient qu'il s'intégrerait bien chez nous. Ce ne serait pas un étranger qui aurait de la peine à se faire à la culture d'entreprise que nous représentions.

JA. Qu'il soit français était important ?
rP. Ce n'était pas neutre. J'ai pensé qu'un français, un latin comprendrait plus facilement qu'un anglo-saxon, le contenu émotionnel et l'histoire de notre marque. Le fait qu'il soit français est un élément qui l'a certainement aidé à "renifler" plus vite à la fois les gènes de Citroën et le développement qu'on pouvait en faire. C'était un pari partagé et c'était aussi une relation de confiance réciproque. En ce sens, que je misais sur sa capacité d'intégration et de développement et qu'il acceptait de rapporter directement à la direction générale dans un rôle qui était tout sauf de la figuration.

JA. Comment définiriez-vous ses premiers pas ?
rP. Enthousiaste et simple.

JA. Comment définiriez-vous le style de Jean-Pierre Ploué comme designer ?
rP. Là où nous nous entendons très bien, c'est qu'il est comme moi, tourné vers l'avenir, tout en admettant que les racines du passé comptent. Pour illustrer sa vision de l'avenir, j'évoquerais le C4 Picasso et nos échanges. Nous n'aurions pas pu construire le style de C4 Picasso comme on l'a fait si nous n'avions pas anticipé les travaux de recherche sur le pare-brise et donc travailler le concept du pare-brise du Visiospace avec des fournisseurs pilotes comme St-Gobain, en mettant au point la faisabilité technique et industrielle de cet invraisemblable élément. Nous ne prenions pas le risque de construire un concept éventuellement très séduisant pour ensuite reconnaître que techniquement ou financièrement, ce n'était pas réalisable. Je vous parle, en fait, de travail d'équipe, de vision et de la volonté de faire une voiture qui ne soit pas celle d'un suiveur mais d'un leader.

JA. Est-ce que Jean-Pierre Ploué supporte les contraintes ?
rP. Il supporte les contraintes d'une grande entreprise où l'on doit arbitrer en permanence entre ce qu'on peut décider en plan produits, en ressources à mettre etc. et la liberté. C'est pourquoi nous réalisons plus de concept-cars, ce qui nous permet de mener jusqu'au bout des réflexions de créativité et de les mettre en scène.

JA. Comment voyez-vous l'avenir avec Jean-Pierre Ploué ?
rP. Il y a un risque dans notre métier, c'est celui de la position acquise. Dans l'automobile, il n'y a rien de définitivement acquis. Cela signifie que les positions sont rarement durables et que le challenge, ce n'est pas d'avoir installé Citroën, le challenge, c'est de poursuivre. Je suis très rassuré quand je fais le tour des studios avec Jean-Pierre, je vois que la suite est prometteuse. Et l'équipe qu'il a mise en place avec beaucoup de perspicacité, l'ADN que j'ai créé, - création à laquelle il a participé - sont autant d'outils qui vont l'aider à poursuivre le développement de la marque.

JA. Le message que vous aimeriez lui faire passer au moment où on va lui remettre le prix ?
rP. Qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Nous avons un marché européen en croissance modérée, mais l'Amérique du Sud est en forte progression, l'Asie également, nous avons donc encore beaucoup de choses à faire et à créer pour assurer le développement mondial de Citroën.

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