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Constructeurs

C’est le projet Essentiel, nom de code E3, qui serait suspendu chez PSA

Publié le 13 avril 2012

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Chahuté par l’affaiblissement des principaux marchés européens, PSA revoit simultanément sa géométrie industrielle dans le cadre de l’accord avec GM. Les projets et les victimes dans le détail.
Le projet Essentiel, initialement programmé à Madrid, est gelé, tandis que le projet Global Small, version PSA de la Mitsubishi Mirage, est tout simplement abandonné, avant de trouver une nouvelle forme avec GM.

Conséquence de l’accord conclu avec GM, c’est donc selon toute vraisemblance le projet “Essentiel”, ou E3, que PSA Peugeot Citroën vient de suspendre. Il s’agissait en effet du seul projet de modèle “dans les tuyaux” pour le site de Madrid. Ce modèle devait être badgé Citroën pour venir s’intercaler entre la C3 et la C4 au niveau du gabarit. Le modèle, issu du concept-car C-Cactus, ne se voulait pas low-cost, mais devait tout de même reprendre les codes du “rouler basique”. Simple et dépouillé, il devait revenir, comme son nom l’indique, à l’essentiel. L’approche n’était cependant en rien malthusienne et un vaste dispositif marketing “tendance” était programmé pour le lancement, en jouant sur la notion de 2 cv du troisième millénaire. En attendant de définir les contours précis de la collaboration avec GM sur les produits, le projet, dont le lancement était à l’origine prévu à l’horizon 2013, est donc suspendu. Cela ne signifie pas qu’il soit purement et simplement annulé. En outre, s’il convient de rester prudent, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’usine de Madrid, qui apparaissait dans le document interne de PSA listant les sites industriels potentiellement menacés de fermeture…

PSA coupe les ponts avec Mitsubishi

Le gel de ce projet n’est pas le seul effet d’envergure de l’accord signé avec GM. En effet, PSA est aussi en train de couper les ponts avec Mitsubishi. Tandis que la Mitsubishi Mirage vient d’être dévoilée, l’alter ego prévu dans la gamme de PSA, baptisé projet “Global Small”, est annulé. Mitsubishi faisait valoir le lead du projet en Thaïlande, mais initialement, PSA devait utiliser ce modèle, plus mainstream que low-cost à proprement parler, sur de nombreux marchés, ce qui pouvait notamment être précieux dans le cadre de son implantation en Inde. Cette fois, “Global Small” devait être décliné dans les deux gammes, Citroën et Peugeot. On peut imaginer que PSA ne renonce pas à l’idée véhiculée par ce projet, mais que le groupe compte désormais le réajuster et le réaliser avec GM. C’est notamment ce qu’on peut lire en filigrane de l’annonce du tout récent comité de “l’alliance” à propos d’un “programme de petites voitures pour les pays émergents avec une première application potentielle en Amérique latine”. Par ailleurs, vu le potentiel ouvert par l’accord avec l’américain sur les SUV, on peut aussi être enclin à penser que la coopération avec Mitsubishi dans ce domaine ne sera pas reconduite au-delà des modèles en passe d’être commercialisés. Dès lors, la coopération sur les véhicules électriques ne résistera pas non plus. A l’heure des grands rapprochements et d’une recherche de concentration, Mitsubishi Motors se retrouve soudain bien esseulé et devient une proie de premier choix, ce qui n’est pas sans danger.

La coopération avec Ford redimensionnée à la baisse

Au-delà de Mitsubishi, l’accord avec GM a aussi eu une conséquence directe dans les rapports entre PSA et Ford. Par un communiqué lapidaire, les deux groupes ont annoncé que leur coopération sur les moteurs Diesel à forte cylindrée, 2.0 litres et supérieure, allait s’arrêter. Dans un premier temps, cela ne concernera que les véhicules utilitaires à l’horizon 2015. Pour l’heure, le second volet de la coopération, portant sur les moteurs Diesel de cylindrées comprises entre 1.4 litre et 1.6 litre n’est pas remis en cause. Dans un premier temps, Philippe Varin, président du Directoire de PSA Peugeot Citroën, avait indiqué que les accords passés avec Toyota, Ford et BMW allaient continuer, avant que Robert Peugeot, directeur général de la holding FFP, ne se montre plus prudent : “chaque coopération sera traitée au cas par cas et, je crois, de façon extrêmement rationnelle”. Avec BMW, outre le récent renforcement du partenariat sur l’électromobilité, la situation semble plus pérenne, dans la mesure où Norbert Reithofer, président du groupe allemand, a officiellement déclaré que les autres accords n’étaient pas remis en question et qu’ils pourraient même être étendus au-delà du terme contractuel de 2015.

Segments B et D, le jeu des plates-formes au sein de l’accord GM/PSA

En outre, il est désormais possible d’être plus précis sur les fruits de l’alliance entre PSA et GM sous l’angle des produits, notamment sur les segments B et D. Selon IHS, quatre modèles pourraient bénéficier d’un partage d’architecture à l’horizon 2016-2017. PSA ayant un avantage d’échelle sur le segment B, on peut imaginer une migration de la plate-forme G2XX (Global Gamma) de GM vers la plate-forme BVH1 de PSA, ce qui aboutirait à une volumétrie significative de l’ordre de 2,3 millions d’unités. A l’inverse, GM ayant une position dominante sur le segment D, la plate-forme E2XX (Global Epsilon), qui est déjà programmée pour atteindre 1,6 million d’unités en 2020, sera privilégiée et pourrait accueillir des modèles Peugeot et Citroën, ce qui marquerait la fin de la plate-forme PF3 de PSA. Pour les SUV et autres MPV, PSA pourra s’appuyer sur la plate-forme E2XX de GM. En outre, un travail important pourra être effectué sur la modularité entre les plates-formes E2XX et D2XX, cette dernière accueillant de nombreux modèles du segment C. En attendant la future plate-forme D3XX, aussi appelée Delta, qui pourrait couvrir 33 modèles des deux groupes dans plusieurs régions du monde, est prometteuse. Toutefois, pour IHS, il faudra attendre 2019 et au-delà pour mesurer la juste ampleur de ces synergies potentielles. Enfin, le projet de création d’une plate-forme “basses émissions” devrait s’orienter vers le modèle de BMW i à savoir une plate-forme modulaire pouvant indifféremment produire des véhicules thermiques ou à énergies alternatives (hybrides et électriques). La modularité devrait aussi s’appliquer à la taille des modèles, entre segment B pour l’Europe et segment C pour les Etats-Unis.

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