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Constructeurs

"C’est bel et bien un nouveau chapitre qui s’ouvre pour la marque"

Publié le 30 octobre 2012

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Laurens Van Den Acker, directeur du design industriel de Renault - Après plusieurs années de vaches maigres, l’heure de vérité a sonné pour Renault : Clio 4 pour relancer l’épopée du modèle et Zoé pour adouber le véhicule électrique. Même s’il n’a pas supervisé l’intégralité des projets, Laurens Van Den Acker, le chef d’orchestre qui doit ré-enchanter le design du losange, nous détaille ses choix et ses espoirs.
Laurens Van Den Acker, directeur du design industriel de Renault - Après plusieurs années de vaches maigres, l’heure de vérité a sonné pour Renault : Clio 4 pour relancer l’épopée du modèle et Zoé pour adouber le véhicule électrique. Même s’il n’a pas supervisé l’intégralité des projets, Laurens Van Den Acker, le chef d’orchestre qui doit ré-enchanter le design du losange, nous détaille ses choix et ses espoirs.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Avec les critiques sur le style de Renault en toile de fond et après la saga de vos concept-cars, peut-on dire que ces deux lancements marquent un jalon essentiel pour le renouveau du langage et du style de la marque ?
LAURENS VAN DEN ACKER.
A mes yeux, c’est effectivement bien plus que deux modèles présentés sur un salon. Cela correspond au renouveau du design de la marque. Les concept-cars consistaient à investir le territoire du rêve et à raconter une histoire, mais avec Clio et Zoé, nous sommes dans le domaine des véhicules de série. Il y a trois ans, la direction m’avait demandé d’amorcer un virage stylistique, en sachant que cela prend du temps et qu’on ne peut pas bouleverser les projets déjà engagés. Sur ce Mondial, c’est donc bel et bien un nouveau chapitre qui s’ouvre.

JA. La Clio constitue un modèle névralgique, voire vital, pour la marque : quel était le cahier des charges de ce quatrième opus et dans quelle mesure avez-vous pu intervenir sur le projet ?
LVDA.
A mon arrivée, l’équipe avait déjà commencé à travailler sur le projet. En fait, depuis 2008, les équipes s’étaient mises à l’ouvrage, avec le soutien de la direction des Programmes, et avec l’obsession d’améliorer tous les paramètres de la voiture. Notamment les proportions : le toit a été abaissé, le véhicule dans son ensemble aussi, les voies ont été élargies pour un résultat prometteur, car le véhicule est mieux intégré et plus présent dans la rue. Je suis donc arrivé sur de bonnes bases, au moment où il fallait faire un choix et geler le style. J’ai donc pu intervenir à ce moment et il fallait aussi trouver la bonne face avant. J’ai donc lancé le projet Dezir à cet instant et nous avons travaillé avec les deux voitures face à face. Le choix s’est alors vite imposé. La Clio est vraiment un véhicule bien né et, au-delà du style, il y a aussi de la substance derrière, avec des motorisations sobres et un excellent système multimédia, par exemple.

JA. Alors que les progrès en qualité n’avaient pas été perçus par le client avec la nouvelle Laguna, pensez-vous que la Clio puisse enfin vous permettre de franchir un cap dans ce domaine ?
LVDA.
Je l’espère ! Même si nous savons aussi que le design demeure le premier critère d’achat, devant la qualité ou même le prix. Or, avec la Clio 3, nous étions en retrait sur le marché à ce niveau. Nous n’étions pas choisis sur ce critère, alors j’espère surtout que nous avons réglé ce problème avec la Clio 4.

JA. Venons-en à la Zoé qui, après un long teasing et un dense soutien de communication, débarque enfin dans les showrooms : quels arbitrages avez-vous faits entre référentiel classique et expression plus radicale liée au premier “vrai” véhicule électrique ?
LVDA.
Je n’étais pas encore au sein du groupe lorsque le projet a été initié et je suis arrivé au moment où il fallait faire un choix entre deux propositions. Le choix s’est imposé assez aisément et, par la suite, il a fallu travailler sur l’implémentation de la nouvelle identité de marque sur Zoé pour que le modèle s’intègre bien dans la gamme. C’est un projet passionnant et complexe, comme à chaque fois qu’une nouvelle technologie est mise en avant. En effet, il faut à la fois satisfaire le pionnier, le technophile, mais aussi le plus grand nombre… Dès lors, vous ne pouvez pas lâcher complètement la bride, et il s’agit de trouver l’alchimie entre une dimension très contemporaine et une autre plus rassurante. Il ne faut pas faire peur, afin de ne pas se couper du marché de masse. Je pense que nous y sommes bien parvenus car il y a plusieurs entrées vers le modèle : au-delà de la technologie, il est ainsi mignon et fluide. Et, bien sûr, si la conduite électrique est difficile à décrire, il faut vraiment essayer la voiture, cela peut être un déclic. Quand on a goûté au véhicule électrique, c’est dur de retourner en arrière !

JA. Avec ce véhicule d’un nouveau type, quels ont été les obstacles les plus ardus à franchir au plan du style ?
LVDA.
L’aérodynamique constituait un vrai défi. En effet, par rapport à l’enjeu de l’autonomie, il faut traiter l’énergie comme si c’était de l’or ! Dès lors, le respect des normes de sécurité et de l’attrait stylistique du véhicule devient plus compliqué. Pour que le design reste central sans nuire à l’aérodynamique, nous avons donc eu recours à plusieurs solutions, au niveau des formes, des pneus développés avec Michelin, des vitrages plus serrés, du système de climatisation, etc.

JA. Comme beaucoup de spécialistes et même de concurrents, pensez-vous que du succès de Zoé dépend en large partie celui du véhicule électrique en France, au moins à court terme ?
LVDA.
Nous nous observons tous les uns les autres, et c’est bien normal. Que Renault soit central quand il s’agit du véhicule électrique n’est guère surprenant, car la marque a choisi d’être le pionnier dans cette voie. Toutefois, nous ne partons pas totalement d’une feuille blanche et nous avons déjà préparé le terrain. Kangoo Z.E. est ainsi une réussite, avec quelque 15 000 ventes et un taux de satisfaction à l’usage très élevé. Twizy s’affirme aussi comme une réussite, car même s’il s’agit d’une niche, on constate que le véhicule suscite l’empathie et donne le sourire aux gens. Disons donc qu’avec Zoé, nous franchissons une nouvelle étape. D’une part, avec un véhicule 100 % électrique, conçu dès le départ comme tel, qui s’adresse à tous les clients et, d’autre part, avec un prix tout à fait abordable une fois les aides déduites. Entendons-nous bien, Zoé est un second véhicule et, pris comme tel, il correspond à 70 % des usages des automobilistes. Je suis confiant. En effet, on dit qu’une bonne idée est souvent copiée. Or, tous les constructeurs, y compris Volkswagen, suivent aussi cette voie. Cela peut vraisemblablement signifier que nous n’avions pas tort.

JA. Lors de notre précédente entrevue, il y a environ un an, vous affirmiez que la mission de reconstruire une image de marque prenait du temps. Si on considère que ces deux lancements marquent un top départ, à combien de temps estimez-vous ce processus ?
LVDA.
Sur la base de notre nouveau langage stylistique, nous allons renouveler la gamme ainsi que nos concessions. Le chantier est lancé, mais pour modifier une image de marque en tant que telle, il faut nécessairement du temps. Toutefois, si je regarde avec quelle rapidité des marques comme Hyundai et Kia ont réussi à changer leur image, je me dis qu’il n’est pas impossible d’aller vite. On pourrait aussi citer Citroën. Je suis donc confiant, tout en restant patient et, surtout, humble.

JA. Pour conclure sur une note légère, vous aviez coutume de rapprocher des stars avec vos concept-cars, comme Laëtitia Casta pour Dezir par exemple : qui choisiriez-vous pour la nouvelle Clio ?
LVDA.
Je suis en désaccord avec mon homologue du marketing qui compare la Clio 4 à Monica Bellucci… Pour moi, c’est plus Sophie Marceau ! D’une manière générale, Clio, c’est une beauté avec un cerveau.

JA. Même exercice pour Zoé ?
LVDA.
Bonne question… Je n’y avais pas réfléchi… Peut-être Marion Cotillard, oui Marion Cotillard !
 

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