Carlos Tavares s’inquiète des objectifs d’émissions de CO2 post-2020
Les futurs objectifs d’émissions de CO2 post-2020 fixés par l’Europe ne sont même pas encore établis, mais font déjà trembler l’univers automobile. Un mois avant le vote du Parlement européen sur ces futures cibles et quelques semaines avant la réunion des différents ministres européens de l’Environnement, Carlos Tavares s’empare du sujet. L’occasion pour le patron de l’Acea de rappeler ce qu’il avait déjà mis en lumière lors de sa consécration à la soirée de l’Homme de l’Année, organisée par le Journal de l’Automobile.
S’il admet que la décarbonisation de l’automobile s’impose comme l’un des plus grands défis de cette industrie, il s’inquiète en revanche des futurs objectifs imposés par l’Europe pour la période post-2020. Et ce, en rappelant que leur atteinte reste très largement conditionnée aux ventes de modèles électrifiés…qui peinent encore aujourd’hui à trouver preneur, en raison, notamment, de leur coût.
Ventes d’électriques : passer de 1 % à 30 % du marché
Avec quelques chiffres à la clé : selon les dernières données de l’Acea, 85 % des véhicules électriques et hybrides rechargeables sont vendus dans six pays d’Europe, ceux au PIB par habitant élevé. Inversement, les marchés où le PIB par habitant est inférieur à 18 000 euros, comme ceux d’Europe central ou de l’Est, la part de marché de ces véhicules tend vers 0.
"Il s’agit d’un sérieux problème, sachant que la Commission européenne envisage de fixer, à l’échelle de l’Union européenne, des critères de référence pour les ventes de véhicules électriques, soit 15 % d’ici 2025 et 30 % à l’horizon 3030. Il existe clairement un fossé en Europe entre les ventes actuelles de véhicules électriques et les indices de références de la Commission. Selon cette proposition, il faudrait passer de moins de 1 % des ventes aujourd’hui à 30 % en moins de douze ans", souligne Carlos Tavares.
L’épineux problème de la recharge rappelé
Mais l’accessibilité des véhicules électriques n’est pas le seul écueil, selon Carlos Tavares, qui souligne aussi le manque de réseau de recharge. Les données de l’Acea montrent que 76 % des 100 000 points de recharge disponibles sont concentrés dans quatre pays (Pays-Bas, Allemagne, France, Royaume-Uni), alors qu’à l’inverse, un pays tel que la Roumanie, environ six fois plus grand que les Pays-Bas, ne compte que 144 points de recharge.
"Nous regrettons que la proposition de la Commission pour les objectifs de CO2 post-2020 ne tienne pas en compte la disponibilité de l’infrastructure, car ces deux éléments vont de pair", a détaillé Carlos Tavares. Ce dernier a, de fait, demandé que la législation intègre une évaluation à mi-parcours des objectifs CO2, de la disponibilité des infrastructures et de la maturité du marché électrique.
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