Carlos Tavares, PSA : "Toute la filière automobile sera impactée par les limites d’émission de CO2"
Carlos Tavares, président du groupe PSA a pointé du doigt "le manque de sagesse" et les "pulsions émotionnelles trop fortes" qui font peser des risques énormes sur l’ensemble de l’industrie automobile. En cause, les normes européennes d’émissions de CO2 qui prévoient un abaissement des rejets à 95g de CO2 en 2021 et une nouvelle baisse de 37,5 % pour 2030. "Tous les pays qui ont une industrie automobile forte ont voté pour un abaissement drastique des normes d’émission de CO2. Mais dès 2020, nous serons obligés d’exclure les voitures non performantes du marché, ce qui aura des conséquences sur la production dans les usines", a expliqué Carlos Tavares lors d’une table ronde au salon de l’automobile de Genève.
Depuis 18 mois maintenant, le président du groupe PSA pilote un comité qui travaille sur les outils de CO2 et dresse des scénarios sur l’évolution du mix de ventes des marques du groupe. "En Europe, les émissions de CO2 s’élèvent à 125 g de CO2/km mais dans les 6 mois qui viennent, nous devrons atteindre 95g. Les gammes Peugeot de demain doivent se constituer maintenant", estime Jean-Philippe Imparato, directeur de la marque Peugeot, en marge de la présentation de la nouvelle 208 qui sera disponible en trois motorisations : essence, diesel et électrique.
10 % des véhicules en électrique et hybride
Au regard du nombre de véhicules immatriculés par le groupe, un seul gramme de dépassement pourrait coûter 400 millions d’euros. Un bilan auquel se refuse le groupe. La première berline électrique de dernière génération du groupe sera proposée, dès l’ouverture des commandes en juin 2019, avec une batterie garantie 8 ans et 160 000 km pour un loyer prévu à moins de 300 euros mensuels (299 euros) pour une location sur 48 mois et 60 000 km. En comparaison, la même berline devrait s’afficher à partir de 269 euros pour une motorisation essence et 289 euros pour un diesel. "Nous estimons que pour répondre aux exigences des normes européennes, nous devrons immatriculer en moyenne 10 % de nos véhicules dès le 1er janvier 2020. Mais en réalité cette part pourra osciller entre 3 et 16 % selon les pays en fonction des aides gouvernementales mises en place", poursuit Jean-Philippe Imparato.
Pas de compensation avec l’électrique
Mais pas question pour autant que les ventes de véhicules électriques viennent compenser les mises à la route de véhicules à fortes émissions. "Le comité de pilotage mis en place au niveau du groupe, composé de la moitié des membres du comex, fixe la trajectoire. Mais il est d’ores et déjà certain qu’un certain nombre de versions thermiques seront supprimées du catalogue car il faudrait les compenser par un volume trop important de ventes de véhicules électriques." En moyenne, les versions émettant plus de 130 g de CO2 pourraient disparaître du catalogue. Ce qui veut dire également que les stocks de véhicules à fortes émissions devront être également absorbés, que ce soit du côté du constructeur ou des réseaux. "A la fin du premier semestre 2019, le nettoyage de la gamme devra être terminé", avance le directeur de Peugeot.
Catherine Leroy
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