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Constructeurs

Carlos Ghosn se donne trois ans pour relancer Renault

Publié le 17 février 2006

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Le plan de croissance ambitieux dévoilé par Carlos Ghosn ferait presque oublier la contre-performance de Renault en 2005 (2 points de marge perdus) et les prévisions pessimistes pour 2006 (encore 0,7 point de marge en moins). En 2005, Renault réalise le meilleur résultat net...

...de toute son histoire, à 3,37 milliards d'euros, en hausse de 18,7 %. Depuis 2000, le taux de rentabilité du groupe n'a cessé de progresser, passant de 2,7 % du chiffre d'affaires à plus de 8 % cette année. Mais, comme d'habitude depuis 2001, c'est la contribution de Nissan qui permet de réaliser cette performance : elle s'élève en effet à 2,275 milliards d'euros, soit près de 68 % du résultat net de Renault. La contribution relative de Nissan était identique en 2002 et 2003 mais avait baissé en 2004, à 60 %.
La marge opérationnelle de Renault, qui cette fois ne concerne que Renault et ses filiales (Dacia et Samsung), est pour sa part en chute de 37,4 % à 1,32 milliard d'euros. Le chiffre d'affaires étant en légère hausse (+ 1,5 %) à 41,338 milliards d'euros, le taux de marge perd 2 points, à 3,2 %. "C'est inférieur à la marge moyenne de 3,6 % du secteur automobile en Europe. C'est surtout le signe d'une fragilité inacceptable", a lancé Carlos Ghosn, le P-dg du groupe lors de la présentation des résultats. Cette vulnérabilité, précisera-t-il par la suite, est liée à la trop grande dépendance de Renault à un marché, l'Europe, qui représente 80 % de ses ventes, et à un produit, la Mégane, qui assure la moitié de sa rentabilité.
Dans le détail, la diminution de la marge de près de 800 millions d'euros par rapport à 2004 est à mettre sur le compte d'une dégradation des volumes, du mix et des prix de vente en Europe, des surcoûts liés aux normes Euro IV (pour 321 millions d'euros), d'un accroissement des coûts industriels (135 millions d'euros) et des frais de R&D (226 millions d'euros). En revanche, malgré la hausse du coût des matières premières, Renault fait état d'une amélioration de ses conditions d'achat (132 millions d'euros d'économie) et de ses performances à l'international (214 millions d'euros, avec les nouveaux modèles de Samsung et de Dacia). "En 2006, nous tablons sur une augmentation du coût des matières premières et une concurrence exacerbée sur un marché européen en légère baisse. Dans ce contexte, nous prévoyons une marge de 2,5 % du chiffre d'affaires. 2006 sera une année charnière, nous serons sur la défensive sur les marchés mais nous serons offensifs en interne pour préparer le plan", a déclaré Carlos Ghosn.

Le contrat 2009, un plan de croissance ambitieux

Le plan, c'est le Contrat 2009, un programme sur trois ans qui vise à "positionner Renault comme le constructeur européen généraliste le plus rentable", tout simplement. Jusqu'à maintenant, du fait de sa dépendance au cycle de vie d'un seul produit, Renault oscillait entre les bons élèves (Toyota, Nissan, Honda) et les mauvais (GM, Ford, Fiat). En 2009, Renault devra dégager une marge opérationnelle de 6 %, "taux qui sera dépassé dès 2010", a ajouté Carlos Ghosn. Cette performance devrait permettre de tripler le dividende par action (4,5 euros en 2009 contre 1,8 en 2005), a-t-il déclaré à l'attention des actionnaires.
Deuxième élément du plan : vendre 800 000 véhicules de plus qu'en 2005, soit 3,33 millions de véhicules. C'est une bonne nouvelle pour les salariés qui pouvaient craindre un plan de rigueur. Non, c'est bien un plan de croissance, qui ne concerne pas seulement l'international : un tiers des ventes supplémentaires devraient se faire sur un marché européen stable en 2009. "800 000 voitures de plus en trois ans, c'est un engagement pas une prévision", a lancé le patron de Renault, "et sans pousser les voitures avec des ventes flottes et des O km, qui dégradent l'image de la marque".

Redorer l'image de Renault

C'est son autre cheval de bataille : redorer l'image de la marque. "La différence d'image entre un constructeur et un autre se mesure à l'écart de prix entre leur produit sur le même segment", prix qui définit ensuite le niveau de rentabilité. Or aujourd'hui, avec une Laguna qui se négocie à - 30 % de son prix catalogue et une valeur résiduelle catastrophique, l'image de Renault sur le haut de gamme est très dégradée. D'où le troisième pari de Carlos Ghosn : faire de la future Laguna, lancée en 2007, l'une des trois meilleures de son segment en termes de qualité (fiabilité, attractivité) et de service (délais de livraison, satisfaction client, coût et qualité du SAV). "Et j'inclus naturellement les marques allemandes dans le segment de référence", a-t-il ajouté. Et pour conclure, à l'intention des fans de F1, Carlos Ghosn a déclaré : "Disposer d'un véritable haut de gamme est la seule raison qui puisse justifier notre engagement en Formule 1".


Xavier Champagne

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