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Constructeurs

Captur et 2008 : faux jumeaux

Publié le 4 juin 2013

Par Christophe Jaussaud
9 min de lecture
Avec le 2008 et le Captur, Peugeot et Renault nous livrent leur vision du crossover urbain. Deux produits réussis, mais en rien semblables. Rencontre avec des faux jumeaux.

Le duel de l’année 2013 ! Après la 208 et la Clio en 2012, Peugeot et Renault déplacent le combat sur le segment des petits SUV avec le 2008 et le Captur. Deux véhicules revendiquant un ADN relativement proche, mais qui sont finalement très différents, offrant deux visions de ce que peut être un crossover urbain. Dans les deux cas, le but est le même : le leadership d’un segment qui reste l’un des plus dynamiques, en Europe comme en France. En effet, les crossovers urbains pèsent 8 % du segment B sur notre continent, soit environ 257 000 unités en 2012. La courbe de leurs ventes a ainsi croisé celle des monospaces citadins en 2012, et Renault estime qu’en 2013, cette part devrait presque doubler pour atteindre 14 % du segment B. Il faut dire que l’offre est de plus en plus importante avec, notamment, les arrivées récentes des Opel Mokka ou du Chevrolet Trax, et le sera encore plus avec le Fiat 500X et le Ford EcoSport. Beaucoup veulent le trône du Nissan Juke, qui a représenté plus de 21 350 immatriculations en France sur le dernier exercice. Mais revenons sur ces deux Français.

Deux SUV plus ou moins mondiaux

Si le 2008 et le Captur sont d’une importance capitale en Europe, leur rôle ne va toutefois pas se limiter à notre continent. Surtout chez Peugeot. En effet, le 2008 sera mondial, avec déjà trois sites de production annoncés. En plus de Mulhouse qui alimente l’Europe, il sera produit à partir de 2014 à Wuhan, en Chine, puis dès 2015 à Porto Real, au Brésil. Une fois ce schéma industriel en action, Peugeot espère fabriquer et vendre 200 000 unités du 2008 par an. De quoi tirer le meilleur de la croissance dans ces régions du monde où la demande pour ce genre de produit est forte. Depuis 2008, elle a doublé au Brésil et été multipliée par 4 en Chine. Le Captur sortira lui aussi des frontières européennes, mais plus timidement. En effet, le constructeur au losange imagine que 40 % des ventes du modèle se feront en France et la majorité des 60 % restants dans les autres pays d’Europe, puis dans les pays du Maghreb et en Turquie. Au rang des marchés plus “exotiques”, mais pas vraiment porteurs en volume, il y aura aussi le Japon, le Liban ou Israël. Pour l’heure, pas de Chine ou de Brésil. Il y a naturellement des demandes de la part de ces pays, mais comme nous l’avait expliqué Jérôme Stoll, le directeur commercial du groupe Renault, “il y a des produits qui ne seront jamais commercialisés au Brésil, comme la Clio 4 par exemple. Elle y serait trop chère, et donc très difficile à vendre”. Et le Captur repose sur la base technique de la Clio. Toutefois, le SUV urbain de Renault aura une carrière en Corée du Sud sous le badge Samsung et sous le nom de QM3. Renault reconnaît qu’il s’agit d’un pari car il n’y a pas vraiment de marché pour ce type de véhicule dans ce pays, mais ces importations, car les QM3 seront bien assemblés en Espagne, sont une conséquence de l’accord de libre échange avec le Pays du Matin calme. En effet, les Captur “coréens” ne seront assujettis qu’à 4 % de taxes. Renault alimentera donc l’ensemble de ses marchés depuis l’usine espagnole de Valladolid où, avec la mise en place d’une deuxième équipe, la capacité théorique de production sera de 150 000 unités.

Pour l’heure, Peugeot compte sur l’usine de Mulhouse pour diffuser ses 2008. Le site alsacien, d’une capacité totale de 430 000 unités, et où sont également produites des 208, C4 et DS4, espère que le 2008 représentera rapidement 100 000 unités. De quoi augmenter le taux d’utilisation qui est seulement de 60 % en ce moment. Pour cette année 2012, le petit crossover du lion apportera 45 000 unités supplémentaires.

La revanche de l’essence

Si Peugeot a déjà connu le succès dans l’univers du crossover avec le 3008, ce n’est pas le cas de Renault, qui livre pour autant une belle copie. Deux expériences différentes qui expliquent peut-être les choix faits par les constructeurs. Au vrai look SUV du Captur, le 2008 répond par une silhouette plus proche du break, du SW. Mais dans les deux cas, ce ne sont que des tenues d’apparat car il n’est pas question de quatre roues motrices. Cette transmission ne représente d’ailleurs que 5 % des ventes du Juke. Cependant, le 2008 propose le Grip Control, une astuce électronique associée à des pneus contacts, disponible sur la finition haute, pour se sortir de quelques pièges glissants ou boueux du quotidien. Renault ne le propose pas. En fait, “pas encore”, a lâché un responsable de Renault, justifiant cela pour alimenter “le cycle de vie” du produit. Dommage car ce système, baptisé “X-Mod” à Boulogne, est au point et déjà disponible sur le nouveau Scénic. Même chose au niveau des mécaniques, où Renault a fait le choix de limiter son offre Diesel au 1.5 dCi 90 ch (3,6 l et 95 g/km) alors que Peugeot, en plus de son 1.6 Hdi 92 ch (4 l et 103 g/km) qui devrait rester le cœur de gamme, offre au 2008 une version 115 ch de son bloc. Réponse du cartésien Renault : “Le 1.5 dCi 105 ch ne représentait que 4 % des ventes sur la Clio.” Puis le constructeur a également voulu s’épargner un développement supplémentaire à l’approche de la norme Euro 6. En revanche, le losange va “offrir”, pour environ 1 400 euros en option, une boîte double embrayage EDC à son dCi 90 ch dès le mois de juillet. Donc, d’ici là, pour les nouveautés mécaniques, il faut vraiment regarder les blocs essence. Le lion et le losange proposent des gammes essence modernes qui devraient permettre de corriger le mix. En effet, comme sur les 208 et Clio 4, les 2008 et Captur héritent de 3 et 4 cylindres essence de dernière génération avec une efficience bien meilleure. Le Captur propose même pour la première fois le 1.2 TCe 120 ch couplé à la boîte EDC qui permet de limiter la consommation du modèle à 5,4 l, soit 125 g/km. Pour PSA, la gamme des VTi et e-VTi sera complétée en 2014 avec une variante turbo du 3 cylindres maison qui sera alors disponible en 110 et 130 ch. En revanche, pas de boîte double embrayage au programme chez Peugeot, mais la technologie Hybrid Air à l’horizon 2016 pour reprendre le leadership en termes de CO2. En attendant cette technologie, l’une des raisons qui explique aussi les bonnes performances environnementales de ces modèles est lisible sur la balance. En effet, la chasse aux kilos est devenue essentielle et ces deux stars en devenir n’ont pas échappé au régime ambiant pour que leur masse reste mesurée. Le 2008 est seulement de 40 à 70 kg plus lourd que la berline équivalente, dont 67 % des pièces ont d’ailleurs été reconduites. Le Captur, lui, affiche en moyenne 100 kg de plus que la Clio 4. Cependant, pour les deux meilleures ventes annoncées, le Captur 1.5 dCi 90 et le 2008 1.6 92, la différence n’est que de 10 kg à l’avantage du Renault, qui est aussi le plus efficace avec 95 g de CO2/km contre 103 g pour le Peugeot.

Deux interprétations d’une même idée

Si, jusqu’ici, les parallèles entre les deux modèles sont nombreux, ce n’est plus le cas une fois franchi le seuil de l’habitacle. Si la position haute est la règle, le conducteur du Captur sera par exemple assis aussi haut que dans un Scénic (à 665 mm du sol, soit 100 mm de plus que sur une Clio 4), pour le reste, chacun joue une carte vraiment différente. Le 2008 reprend l’ensemble de la planche de bord de la 208 alors que celle du Captur a son propre dessin. Si cette dernière est réussie, avec notamment le tiroir Easy Life offrant 27 litres de rangement, les matériaux, même bien assemblés, ne sont pas à la hauteur. Le 2008 fait mieux sur ce point, mais cela ne suffit pas à faire la différence car le Captur est un modèle de modularité avec, en tête de liste, sa banquette arrière coulissante sur 160 mm. Le Renault fait également mieux en matière de connectivité avec sa tablette R-Link, qui surclasse le système Peugeot, moins convivial et moins pratique avec sa clé USB. Enfin, la personnalisation est aussi l’un des éléments différenciants. Là où le Captur propose plus de 300 versions possibles avec, notamment, son offre bi-ton mais aussi la possibilité de choisir des touches de couleurs tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, la 2008 se limite à quelques bandes adhésives ou coques de rétroviseurs. Mais le Peugeot est le seul des deux à offrir un toit vitré panoramique.

Vous l’aurez compris, bien qu’en concurrence frontale, ces deux produits sont loin d’être identiques. Il s’agit de deux interprétations d’une même idée. Dans les deux cas, ces crossovers seront des succès et ils n’auront pas de mal à faire oublier les modèles qu’ils remplacent, même concernant les volumes de ventes. En effet, on ne peut pas dire que les Modus et 207 SW aient été des best-sellers. En France, les meilleures années, la Modus a représenté 37 600 unités et la 207 SW à peine un peu moins de 25 000 unités. Le duel est lancé.

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Captur et 2008 en bref

Dates de lancement
Captur : 11 avril
2008 : 12 avril
Segment de marché
SUV citadin
8 % segment B en Europe, selon Renault. 257 000 unités en Europe en 2012
6 % segment B en Europe, selon Peugeot
Ventes France 2013*
Captur : 37 000
2008 : 35 000
Principales concurrentes du Captur 1.5 dCi 90 Zen : 19 600 € et 2008 1.6 eHDi 92 ch : 19 700 €
• Kia Soul 1.6 CRDi 128 ch Active : 20 400 €
• Nissan Juke 1.5 dCi 110 ch Acenta : 20 440 €
• Mini Countryman One D 90 ch : 23 100 €
Prix Captur
Essence
de 15 500 à 21 200 €
Diesel
de 17 700 à 22 700 €
Prix 2008
Essence
de 15 200 à 21 700 €
Diesel
de 16 700 à 24 450 €

*Estimation JA
 

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