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Audi R8 : Le grand 8

Publié le 1 juin 2007

Par Christophe Jaussaud
8 min de lecture
Intraitable sur les circuits d'endurance, Audi l'était moins sur le marché des sportives. Avec la R8, le constructeur d'Ingolstadt corrige, de belle manière, cette anomalie. 62 victoires en 79 courses ! Voilà, en résumé, le fantastique palmarès de l'Audi R8. Véritable bête...

...de course, avec notamment 5 victoires aux 24 Heures du Mans, la R8, remplacée par la R10 TDi depuis 2006, ne pouvait demeurer qu'un souvenir, même glorieux. C'est pourquoi Audi a choisi cette appellation, mais aussi cet héritage, pour marquer son entrée dans le petit monde des sportives de haut vol. Une entrée attendue depuis le Salon de Francfort 2003 où sous les lignes du concept Le Mans Quattro, la R8 sommeillait déjà. Il aura toutefois fallu attendre le Mondial de Paris 2006 pour enfin découvrir cette héritière. Aujourd'hui, la commercialisation débute et nous avons pu prendre le volant de cette Audi pas comme les autres. Pourtant, elle respecte parfaitement l'ADN de la marque. Calandre single frame, moteur FSI, Audi Space Frame, transmission Quattro, qualité de fabrication, rien ne manque ! De plus, ce modèle illustre parfaitement la volonté du constructeur d'Ingolstadt de jouer un rôle sur tous les segments premium.

Le V8 en vitrine

Le premier contact visuel est fort. Enfin, plus fort qu'attendu. En effet, sur le stand Audi de la Porte de Versailles l'automne dernier, la R8 était certes imposante, voire impressionnante, mais isolée du monde extérieur et finalement sans base de comparaison. Là, simplement garée sur un parking, au milieu d'automobiles plus classiques, elle prend toute sa dimension. Elle se montre sportive à souhait grâce à un design très expressif et agressif. Cependant, on retrouve les classiques de la marque avec la calandre single frame qui, pour la première fois, n'accueille pas les quatre anneaux de la marque. Des feux diurnes, utilisant des LED, comme sur les S5 ou S6, viennent encore un peu plus affirmer cette filiation. D'ailleurs, concernant les LED, la R8 sera la première voiture à disposer, début 2008, d'un éclairage avant entièrement réalisé avec ces diodes qui ont déjà conquis les feux arrière. Les sideblade, ces larges panneaux latéraux cachant les entrées d'air nécessaires au moteur sont d'autres éléments caractéristiques de ce coupé. A l'intérieur, même si les gènes sportifs de la R8 sont bien présents, le cuir et l'alcantara vous rappellent que l'on évolue également dans l'univers du luxe. Audi a même mis son 8 cylindres derrière une vitrine. En effet, le V8 4,2 l FSi qui l'anime peut être admiré de l'extérieur. Et même de nuit, car le compartiment moteur peut s'allumer ! Mais c'est derrière le volant qu'il est le plus admirable.




L'AUDI R8 EN BREF

  • Date de lancement :
    24 mai 2007
  • Segment de marché :
    Sportives. 1 728 immatriculations en France en 2006
  • Principales concurrentes :
    - Porsche 911 Carrera 4S 355 ch : 97 979 € ;
    - Aston Martin V8 Vantage 380 ch : 108 400 € ;
    - Jaguar XK 4.2 V8 Suralimente 416 ch : 109 000 € ;
    - Mercedes SL 500 V8 388 ch :
    115 600 € ;
    - BMW M6 V10 507 ch : 118 000 €
  • Objectifs de vente :
    100 unités en 2007 et 200 en 2008
  • Prix en euros :
    106 900 € R8 V8 420 ch
    114 350 € R8 V8 420 ch R-Tronic
  • Un aérodynamisme très travaillé avec de la portance négative

    Avec 420 chevaux derrières le siège qui vous catapultent de 0 à 100 km/h en 4,6 s et qui vous font dépasser la barre des 200 km/h en moins de 15 s, pas de doute la R8 joue dans la cour des grandes sportives. Avec 1 560 kg sur la balance, la R8 peut se targuer d'avoir un rapport poids/puissance de 3,7 kg par cheval. Cette cavalerie est très étroitement dérivée de celle de la RS4, mais ici le V8 adopte notamment un carter sec qui a permis d'abaisser le centre de gravité de 57 mm par rapport à la berline. Ce V8 FSi, qui ne pèse que 223 kg, délivre l'intégralité de sa puissance à 7 800 tr/mn alors que le régime maxi est atteint à 8 250 tr/mn. De quoi permettre de longues et rageuses envolées. Mais à l'inverse, une conduite plus en phase avec les limitations de vitesse met en avant la souplesse et la disponibilité de cette mécanique grâce à un couple de 430 Nm entre 4 500 et 6 000 tr/mn. D'ailleurs, 90 % de cette valeur est disponible entre 3 500 et 7 500 tr/mn. Deux utilisations qui se traduisent également dans la sonorité. En effet, durant de longues balades ou de longs parcours autoroutiers, le V8 reste discret et agréable, mais si la cadence et les régimes augmentent, de petits clapets dans l'échappement le laissent alors s'exprimer. Et là, c'est un régal. Placé en position centrale arrière, ce bloc participe également à la bonne répartition des masses de la R8 avec 44 % du poids sur avant et 56 % sur l'arrière. Un train arrière qui est également privilégié par la transmission Quattro, avec un viscocoupleur, qui lui transmet 90 % de la puissance en temps normal. Si les conditions d'adhérence se dégradent, le train avant peut alors voir sa part atteindre 35 %. Deux éléments qui expliquent, en partie, le bon comportement de la R8. Agréable et sûre, cette Audi doit également beaucoup de son efficacité à son aérodynamisme. Comme les R8 et R10 de circuits, la R8 a fait quelques stages en soufflerie. Le résultat : la R8 a de la portance négative avec un Cz de -0,01. C'est-à-dire que plus la vitesse augmente, plus la caisse est plaquée au sol grâce à l'effet des diffuseurs placés dans les soubassements totalement carénés de la voiture. Ajoutez à cela un Cx de 0,345 et l'on comprend mieux pourquoi la R8 atteint 301 km/h en vitesse de pointe. L'aileron arrière qui se déploie à 110 km/h puis se rétracte à 35 km/h participe également au bon rendement aérodynamique de l'auto. Cet appendice aérodynamique joue également un rôle dans le refroidissement du moteur en laissant sortir le flux d'air chaud grâce à un intérieur creux et grillagé. Un compartiment moteur d'ailleurs aéré par des prises d'air dans le fond plat et non par les larges entrées d'air des sideblade qui alimentent seulement la mécanique.

    L'aluminium y est roi

    La R8 partage-t-elle sa structure avec la Lamborghini Gallardo ? La question était légitime puisque la marque au taureau appartient au groupe Volkswagen. Et bien non, ces




    FOCUS

    Un mini réseau spécifique pour la R8

    Seuls 21 concessionnaires peuvent vendre et réparer l'Audi R8 en France. La sélection a été faite sur la base du volontariat en tenant compte tout de même du potentiel de vente des affaires. Une R8, outre les classiques formations de vente et d'après-vente que demandent tous nouveaux modèles ainsi que le matériel, demande 40 m2 dans le showroom en plus des 240 minimum demandés par les standards Audi.
    deux voitures n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est leur architecture quatre roues motrices avec viscocoupleur et une boîte de vitesses séquentielle. Une boîte baptisée R-Tronic qui devrait d'ailleurs représenter 80 % des ventes. La boîte mécanique brille par sa précision, mais il faut reconnaître qu'après une petite période d'adaptation, la R-Tronic, dont les passages demandent seulement 80 millisecondes, l'emporte. Mais revenons à la caisse. L'aluminium y est roi. La R8 est une nouvelle démonstration de l'Audi Space Frame que le constructeur Ingolstadt a inauguré en 1994 sur l'A8. Si le dernier TT a un châssis hybride mêlant acier et aluminium, la R8 est totalement en alu, excepté le cadre du moteur qui est magnésium. Le résultat est sans appel : la coque pèse 210 kg. 277 avec l'ensemble des ouvrants. En acier, la coque serait plus lourde de 50 % ! Et pour être sûr de la qualité de la coque, Audi a même installé un scanner dont les rayons X peuvent déceler les défauts de l'ordre du micron sur les 99 mètres de soudure ou les 1 000 rivets et vis que compte la caisse. De plus, un robot automate contrôle, en l'espace de 5 secondes, pas moins de 220 points comme les jeux d'assemblage, grâce à 95 capteurs. Autre détail témoignant du soin apporté à la production, les 52 points d'assemblage des trains roulants, eux aussi totalement en aluminium, sont percés en une seule fois pour une plus grande précision au final. Toujours dans cette guerre contre le poids, Audi a choisi de faire reposer ses énormes disques flottants (380 mm à l'avant et 356 mm à l'arrière) sur des moyeux en aluminium. En plus de l'incidence thermique, ce choix permet de réduire de 2 kg par roue les masses non suspendues. Avec l'option céramique, 5 kg sont gagnés par roue.
    Avec une production, dans l'usine de Neckarsulm, limitée à environ 20 unités par jour (environ 4 500 unités par an), c'est sûr, il ne va pas y en avoir pour tout le monde. Pour vous donner une idée, avant même sa commercialisation, les Anglais en avaient déjà commandé 1 000 !


    Christophe Jaussaud


     

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