Accidentologie urbaine : la France à la traîne
Après avoir dévoilé au printemps dernier les résultats européens et allemands de son étude sur l'accidentologie en milieu urbain, Dekra en a fait de même pour les villes françaises comptant plus de 50000 habitants. Portant sur la période allant de 2009 à 2012, le rapport montre que 46% d'entre elles sont parvenues à ne pas compter le moindre accident mortel sur leurs routes pendant au moins une année alors que quatre d'entre elles ont réussi cela pendant trois ans.
Un pourcentage plutôt satisfaisant, qui s'approche de la moyenne continentale, toutefois contrebalancé par le résultat des villes de plus de 100000 habitants où le "zéro accident" n'est relevé que dans 13% des cas, soit 5 villes sur 39. A titre de comparaison, l'Allemagne en compte 21%, l'Espagne 43%, la Grande-Bretagne 47% et les Pays-Bas 52%. Au final, il n'y a bien que la Pologne (8%), l'Italie (4%) ainsi que la Grèce et la Hongrie (0%) pour présenter pire bilan.
Des résultats à relativiser
Directeur technique et qualité de Dekra Automotive, Geoffrey Michalak a tenté de tempérer ces chiffres, expliquant que cela "ne signifie pas que la sécurité routière ne soit pas une priorité française. La France, dont seulement 22% de la population se trouve dans les villes de plus de 50000 habitants, contre par exemple 54% en Grande-Bretagne, a dirigé ses efforts sur son vaste réseau autoroutier, dont le niveau de sécurité est aujourd'hui cinq fois supérieur au reste du réseau".
En marge de ces constats, le spécialiste allemand du contrôle technique a avancé différents axes de réflexions. Le premier d'entre eux concerne les infrastructures urbaines qui doivent être pensées différemment en facilitant la visibilité des usagers et en améliorant la signalisation. Autre piste, le développement et même la généralisation des systèmes électroniques d'aide à la conduite présentant un grand potentiel pour la sécurité routière. Enfin, le comportement des usagers et la cohabitation constitue un axe de travail fondamental.
"C'est aux citoyens de s'approprier la sécurité"
Adjoint au maire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) en charge de la sécurité, l'habitat, le logement et la prévention, Denis Gabriel estime de son côté que "c'est aux citoyens de s'approprier la sécurité, mais c'est à nous de leur en donner les moyens". En plus de multiples initiatives assurant aux écoliers et à leurs parents des déplacements sûrs, sa municipalité réalise de gros efforts pour sensibiliser automobilistes et cyclistes à respecter des règles de signalisation trop souvent bafouées.
D'autres agglomérations, quant à elles, ont fait des choix bien plus tranchés. Maire-adjoint à la sécurité, prévention, voirie et déplacements urbains à Villeurbanne, Didier Vullierme explique ainsi que "la forte hausse de la population, croisée à des modes de déplacement nouveaux, nous ont obligés à réétudier la mobilité". En favorisant le développement du cycle et des transports en commun, sa municipalité a réduit de 15% les déplacements automobiles. Un parti pris parfois contesté, mais clairement assumé qui porte aujourd'hui ses fruits.
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