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Constructeurs

Accidentalité : les radars n'ont plus d'influence

Publié le 9 juin 2011

Par Clotilde Chenevoy
3 min de lecture
Via son Institut d'études des accidents de la route, 40 millions d'automobilistes analyse, tente de comprendre et de donner des tendances sur l'accidentalité, proposant une autre méthode que celles des pouvoirs publics. Pour l'association, cette démarche est nécessaire, car la politique de la sécurité routière, basée un système répressif, ne permet plus de gain de vie.

Depuis le 1er janvier, l'association 40 millions d'automobilistes, qui se positionne comme le porte-parole des conducteurs, a créé un Institut d'études des accidents de la route. En effet, pour l'association, l'ONISR (Observatoire National Interministériel de Sécurité Routière) considère trop les automobilistes comme des chauffards potentiels. L'association n'ayant pas eu accès au fichier de la gendarmerie, elle a donc décidé de se constituer sa propre base, qui s'appuie sur les articles de presse qui couvrent plus de 85 % des accidents mortels. Depuis le début de l'année, l'institut a recensé 1 350 tués, et précise bien qu'il n'a pas la prétention de traiter les chiffres comme la sécurité routière, mais il travaille sur la masse, et peut ainsi dégager de grandes tendances.

Une nouvelle unité de mesure

40 millions d'automobilistes utilise une unité de mesure différente de celle du gouvernement. Ce dernier se base sur des pourcentages dans ses analyses. Pour Gérard Minoc, responsable de l'institut de l'association, diplômé de l'Ecole Centrale de Paris, "un pourcentage changera si on modifie la segmentation des accidents. Il nous semble plus pertinent de raisonner en nombre de tués par jour, notamment car cela permet de faire des comparaisons d'un mois à l'autre, et non d'une année sur l'autre. Par ailleurs, nous structurons nos analyses par type de réseau et par type d'accident. Le gouvernement se cantonne à classer l'incident selon l'infraction."

L'autre revendication de l'association porte sur la prise en compte de la météo. En effet, le climat influe sur le comportement des automobilistes, et sur le trafic routier. Ces informations sont à mettre en corrélation avec le nombre de tués. "L'assouplissement du permis à point n'est en rien responsable de l'augmentation du nombre d'accidents sur la route, précise Laurent Hecquet, directeur général de l'association. Il y a des causes conjoncturelles à prendre en compte qui expliquent les résultats."

Par exemple, quand il fait beau, les cyclistes sont plus enclins à sortir, d'où une augmentation du nombre de morts lors des beaux jours. Ou encore les piétons sont davantage touchés dès lors qu'il fait nuit. "Ce résultat n'est pas satisfaisant, souligne le directeur général, mais il convient d'adopter une bonne vision de l'accidentalité pour comprendre et maîtriser les accidents. Par ailleurs, il ne faut pas stigmatiser les voitures, les deux-roues, ou les piétons. L'objectif final consiste particulièrement à dédramatiser le débat."

La somnolence, un vrai danger

Fort de ces premières analyses, l'Institut pointe notamment que la somnolence, notamment en ligne droite, se révèle préoccupante. Au total, 57,7 % des tués sur la route proviennent d'une perte de contrôle. Or, ce phénomène ne provient pas majoritairement de la vitesse, mais à 20 % de la somnolence. Et ce point n'a pas été soulevé dans les dernières mesures de l'ONISR, qui s'est focalisé sur les excès de vitesse. "Nous n'avons pas de réponse à ce problème, mais nous souhaitons que des mesures soient prises pour agir sur les vraies causes de l'accidentalité, à savoir la somnolence, l'alcool et la drogue, détaille Laurent Hecquet.

Pour l'association, la multiplication des radars, et la suppression des panneaux d'informations, ne permettent plus de faire baisser la mortalité routière. "La bataille contre la vitesse a été gagnée, il reste aujourd'hui très peu de dépassement à grande vitesse, conclut le directeur général. Il faut maintenant mettre en place d'autres actions que les radars. Les automobilistes considèrent aujourd'hui les mesures de la sécurité routière comme des pompes à fric. Cette incompréhension nuit à la politique du gouvernement."

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