Des citadins de plus en plus app-addicts, selon le Bipe
Est-il devenu impossible de se déplacer en ville sans sortir son mobile et ouvrir une application ? Il faut le croire. Selon une étude de Kantar TNS pour le Bipe, publiée ce 28 mars, 75 % des citadins vivant dans 30 métropoles de 19 pays ont recours à une "app" de mobilité pour organiser ou guider leur déplacement. La navigation, l'évaluation et la gestion des coûts, le calcul de temps de trajet ou la consommation de services de mobilité partagée sont autant de fonctionnalités recherchées en priorité.
Cette étude de Kantar TNS et du Bipe, menée auprès de 24000 personnes a permis de distinguer de grands ensembles de villes et de populations. Les analystes estiment qu'il y a aujourd'hui quatre profils de métropoles, différenciées par leur niveau de maturité. Londres et Singapour, entre autres, apparaissent comme des modèles, quand un "retard" est observé dans les mégacités d'Amérique du Sud. "La fluidité de circulation des informations et la qualité des infrastructures constituent les principaux points faibles", observe Remy Pothet, membre de la gouvernance du Bipe.
La voiture conserve son statut...
A Paris, le sondage de Kantar TNS révèle que les habitants sont 70 % à faire appel à une application de mobilité pour se déplacer, soit davantage que les habitants de New-York qui sont 67 % à avoir adopté cette pratique. Pour les éditeurs de services, il apparait néanmoins plus intéressant encore de viser Mumbaï, en Inde, où 80 % des habitants utilisent des solutions mobiles pour les accompagner au quotidien. Toujours est-il, selon le Bipe, que le changement d'habitude est "fondamental" et largement encouragé par l'émergence des nouvelles technologies plus que par les considérations économiques ou environnementales.
L'emploi d'une application ne détourne pas pour autant les populations de l'automobile, à en croire le sondage de Kantar TNS. D'ailleurs, comme le relève Remy Pothet, la segmentation des sondés voit trois des quatre catégories accorder une place à la voiture. Quelle soit privée, rattachée à une compagnie de taxis ou partagée dans un programme divers, la voiture conserve une part de 49 % dans les modalités de déplacement, contre 31 % pour les transports en commun et 11 % pour le vélo. Paris colle à cette réalité. La voiture y est privilégiée à 47 %, les transports à 39 % et le vélo à 9 %. "Aux Etats-Unis, la pauvreté des infrastructures de transport, hormis à New-York, force à garder une place plus importante à la voiture", constate toujours l'associé du Bipe. En Chine, "on assiste à un développement simultané de tous les modes de transport y compris la voiture individuelle ou partagée pour répondre aux attentes de mobilité des gens, il reste un effort à faire pour équilibrer la balance, alors même que la législation se veut contraignante", complète-t-il ensuite.
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...Mais on conduit moins
Bien que les tendances soient plus ou moins marquées, la pompe est amorcée. Plus d'un quart des personnes interrogées (en juillet dernier, NDLR) ont déclaré avoir réduit le volume d'utilisation de la voiture au cours des six mois précédents. Paris figure dans la fourchette haute, avec 34% de sondés affirmant réduire la voilure, contre 29% à Shanghai, 27% à Londres, 24% à New-York et 11% à Berlin. Sao Paulo avec 37% et Buenos Aires avec 40% et Mumbai avec 43% font, en comparaison, plus fort que la capitale française.
Rejoindre le point B depuis le point A, sans être victime des embouteillages, un défi dans les 30 métropoles passées au crible. Une problématique qui selon toute vraisemblance a poussé 22% des propriétaires de véhicules à abandonner cette solution de transport, en ville. Paris est un peu au-dessus de la moyenne, à 24 %, mais New York se révèle plus drastique, à 40% de taux d'abandon. "Il y a une part non négligeable d'irréductibles qui veulent conserver l'usage de leur véhicule, nuance Rémy Pothet. D'autres acceptent de combiner, s'ouvrent à toutes les solutions, car il faut rappeler que l'automobile présente des avantages de conforts et de praticité." Et Guillaume Saint, responsable pratique automobile de Kantar TNS de rebondir "L'attachement reste fort et ne voit pas d'érosion dans le temps. Les gens ne changeront pas d'habitude s'ils n'ont pas d'alternative ou de contrainte."
Plus enclin à partager
Pour conserver cette part de liberté de mouvement, toutefois, les citadins sont de moins en moins à hésiter face au concept de partage. "Dans dix ans, 25 % des trajets automobiles, en ville seront partagés", anticipe Rémy Pothet. 13% des citadins ont maintenant régulièrement recours au covoiturage, et plus de la moitié des “millennials” dans une ville comme Londres ont recours aux services de Uber ou de Gett au moins une fois par mois, peut-on lire dans la note de synthèse de Kantar TNS et Bipe. En Europe par exemple, le recours au co-voiturage est passé de 22% à 29% entre 2013 et 2016, pendant que l’auto-partage progressait de 4% à 7%.
Reste pour ces compagnies à trouver le modèle d'affaires. "Les clients ne payent pas le véritable coût du service", avertit-on au Bipe. La question de la pérennité et de la durabilité se pose donc au point d'imaginer que certaines formules pourraient tout simplement disparaître dans leur logique économique actuelle. L'autopartage consomme plus d'argent qu'il n'en rapporte, comme le prouve Autolib. La réponse sera peut-être à trouver du côté des industriels. BMW (DriveNow), Daimler (Car2Go) ou encore General Motors (Maven) ne cachent leur ambition de relai de croissance. Ils seront certainement imaginatifs pour rentabiliser les deniers investis.
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