Plus d'un salarié sur deux se dit en situation de fragilité
Réalisée entre mars et avril dernier, l'étude Harris Interactive pour Malakoff Médéric donne des chiffres sur un grand tabou. Dans quel état physique et psychologique se trouvent donc les salariés français ? Qu'elles soient liées à une maladie (douleurs chroniques, dépression, addiction, cancer), à une situation personnelle (séparation, deuil, isolement) ou à une évolution professionnelle (réorganisation, surmenage, conflit, manque de reconnaissance), les difficultés sont multiples et touchent la majorité des actifs.
Un impact sur les autres
Plus de la moitié du panel de salariés interrogés (56 %) déclare subir au moins l'une de ses difficultés sur leur lieu de travail ou dans leur vie privée. Du côté des dirigeants, le sentiment est identique : 91 % d'entre eux estiment employer au moins une personne vivant ce type de situation. Un constat d'autant plus alarmant que ces difficultés sont souvent cumulées : près d'un salarié sur cinq (19 %) déclare ainsi connaître à la fois des fragilités d'ordre professionnel et personnel.
"Cette réalité semble bien installée dans l'entreprise, indique Anne-Sophie Godon, directrice innovation et veille de Malakoff Médéric. Et elle a un impact sur le travail des salariés concernés comme de leur équipe." En effet, parmi les salariés interrogés ayant côtoyé un collègue en difficulté, 61 % affirment que cela a eu des conséquences sur leur propre activité. Une donnée qui pose question quant au rôle que doit jouer, ou non, l'entreprise dans ce cas de figure.
La peur d'en parler
"Pour avoir une entreprise efficace, il faut une confiance mutuelle qui repose certes sur le fait que l'employeur peut compter sur le salarié pour bien faire son travail, mais pas seulement. Le salarié doit aussi savoir que l'entreprise ne va pas le laisser tomber en cas de difficulté", expliquait récemment Bertrand Collomb, ancien patron du groupe Lafarge à l'occasion d'une table ronde organisée par Malakoff Médéric.
Selon l'étude, 94 % des dirigeants et 73 % des salariés affirment que l'entreprise est légitime à agir lorsque les fragilités sont d'origine professionnelle. Pour y remédier, sept patrons sur dix déclarent avoir déjà mis en place des plans d'action avec des initiatives d'ordre financier (avances sur salaires, avances de frais) ou organisationnel (temps partiel, horaires décalés, télétravail). Reste à relever un dernier défi : celui de la parole. Près de la moitié du panel dit craindre d'être licenciée dès lors que ses difficultés seraient connues alors que 39 % ont peur que cela les pénalise dans leur évolution.
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