Les syndicats automobiles américains rêvent d'un new deal social
"Soit nous avons retenu les leçons du passé, soit nous retournons en arrière comme si de rien n'était et nous reprenons l'ancienne façon de faire, celle qui n'a pas fait ses preuves", lance Bob King, 63 ans et président de l'UAW depuis l'an dernier. Alors que les trois constructeurs américains retrouvent des couleurs, les négociations avec les syndicats s'annoncent sous haute tension. En effet, après avoir mangé leur pain noir et dû accepter de nombreux sacrifices, les salariés des constructeurs veulent aujourd'hui avoir leur part d'un retour aux bénéfices, surtout que les copieux émoluments des dirigeants de Ford, GM et Chrysler s'affichent dans la presse, Detroit News en tête. Pour autant, Bob King ne joue pas la carte de la surenchère et privilégie d'adoption d'un nouveau pacte social. Il rompt d'une certaine manière avec son prédécesseur Ron Gettelfinger, qui ne jurait que par les augmentations de salaires et les créations d'emplois. Bob King est plus ambitieux et veut pérenniser l'industrie automobile américaine. Il veut bâtir une classe moyenne globale, mettre en place des standards internationaux de niveau de vie des salariés du Big 3, et réclame un siège au conseil d'administration des constructeurs pour les syndicats, sur le modèle allemand. "Il faut créer une solidité des emplois à long terme, hors de portée des fluctuations du marché, ces dernières ne devant influer que sur les rémunérations supplémentaires", assène-t-il. S'il ne réclame donc pas une hausse immédiate des salaires, il prône cependant pour un meilleur partage des profits, ne rechignant pas à intégrer la productivité et la qualité dans les modes de calcul. Un syndicalisme moins revendicatif, mais beaucoup plus subversif à long terme... Bob King ne fait pourtant pas l'unanimité, de nombreux salariés réclamant des augmentations en lien avec l'amélioration des résultats et en réparation des sacrifices récents. En outre, pour certains experts, le projet de Bob King achoppe sur l'écueil d'une vision trop homogène du Big 3. Or, Ford n'a pas bénéficié d'aides directes du Gouvernement américain, au contraire de GM qui était encore récemment surnommé Government Motors avec force ironie. Quant à Chrysler, la mainmise italienne de Fiat pose problème. Bref, l'été des négociations s'annonce long...
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