...de la femme dans les entreprises de l'automobile en France. L'éternel débat des salaires inférieurs de près de 20 % à ceux des hommes malgré des formations équivalentes, seulement 7 % des 5 000 premières entreprises françaises gérées par des femmes… Bref, ça n'allait pas très fort pour le sexe faible et nous titrions alors : "Dis moi ton métier, je te dirai quel est ton sexe." En 2003, les femmes relèvent la tête, progressent à 17 % dans la recherche automobile et obtiennent que tout employeur soit obligé de lisser les salaires des hommes et des femmes tordant ainsi le cou à certains préjugés. Belle victoire, mais peu suivie d'effets ! Nous voici en 2004, l'émancipation continue. C'est le royaume du tout féminin ! Automobiles dessinées par des femmes, constructeurs s'intéressant à leurs doléances, il est même établi qu'elles influent à 60 % dans le choix final d'une voiture. Il est temps maintenant de présenter un état des lieux de la condition féminine dans les entreprises et dans la société en 2005. Les taux d'activité des hommes et des femmes se sont encore rapprochés. Non pas qu'ils aient augmenté de manière exponentielle cette année pour les femmes, mais ils ont notablement baissé pour les hommes. Pourtant, à diplôme égal, elles restent encore globalement défavorisées face à l'emploi par rapport à leurs homologues masculins. Toutefois, elles occupent un peu plus fréquemment à présent un poste supérieur ou intermédiaire à leur sortie de cursus. On les retrouve également moins que les jeunes hommes à des postes non qualifiés. La féminisation de la population active se montre désormais incontestable. En France, le taux d'emploi des femmes est légèrement supérieur à la moyenne européenne. Cela s'explique notamment par le fait que les femmes ne s'arrêtent plus spécialement de travailler pour avoir des enfants. C'est même entre 15 et 49 ans, alors qu'elles assument les charges familiales les plus lourdes, que le taux d'activité a le plus augmenté. 80,7 % des
FOCUS
Chiffres clés
500 000 à 600 000 femmes entrepreneurs.
36 % de reprise, 26 % de création.
38,6 ans, c'est l'âge moyen des femmes qui créent leur entreprise (les hommes : 39,7 ans).
28 % des femmes n'avaient pas d'activité avant la création. (Hommes : 14 %). |
femmes sont actives, un chiffre qui a progressé de 22 points depuis 1975. Nous avons parlé de quantité, intéressons-nous à la qualité des emplois occupés par nos moitiés. Là, force est de constater que le progrès ne se révèle pas aussi significatif… Tous secteurs confondus, elles sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois temporaires, stages… (11,4 % contre 6,2 %), dits précaires. Côté salaires, les choses n'ont que peu évolué, avec des disparités oscillant toujours autour de 20 % entre hommes et femmes. Cependant, une lueur d'espoir apparaît aujourd'hui au fond du porte-monnaie de Madame ! Le texte de loi sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes a été adopté au Sénat, le 12 juillet 2005 en première lecture avec une trentaine d'amendements. Ce texte poursuit plusieurs objectifs, au rang desquels on trouve bien évidemment la suppression des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans un délai de cinq ans, mais également l'amélioration de l'accès des jeunes filles et des femmes à l'apprentissage et à l'offre de formation professionnelle initiale et continue. Afin d'accompagner cette loi et plus généralement l'évolution de la femme dans la société, le ministère de la Parité et de l'Egalité Professionnelle a lancé récemment une vaste campagne de communication articulée autour d'une série de 40 films courts intitulée "à parts égales", en partenariat avec le Fonds social européen (FSE). Visionnables sur Internet, ces films ont également été diffusés sur France 2 entre le 7 mars et le 13 mai. Le but étant de mettre en lumière les témoignages de Pascal, qui décline au masculin le métier de "sage-femme", de
Scarlett Le Corre, patronne de pêche, de
Fatoumata Konta qui s'insurge contre les mariages forcés, ou encore de
Christophe Brisset, qui affirme que la mixité est l'avenir de son entreprise… Le statut des femmes dans la société et les entreprises reste plus que jamais d'actualité, et les 16 femmes que nous avons rencontrées évoquent ici tantôt avec détermination, tantôt avec fatalisme, mais jamais avec résignation, leur position dans leur métier. Une vision si réaliste et si professionnelle qu'on en viendrait par exemple à rêver d'une écurie de pilotage idéale, où
Justine Monnier et
Danica Patrick occuperaient les places de pilotes titulaires, où la direction du marketing serait gérée par
Almudena Benedito et
Laurence Verdier, où le développement moteur serait confié à
Valérie Jean, où
Thea Maat prendrait la direction générale, où
Viviane Zaniroli travaillerait au développement de l'écurie… Avec de telles ambassadrices de charme, gageons que la société refuserait du monde. Moi-même, je signe où ?
Frédéric Richard