Wô, ou le recyclage de l’eau par ultrafiltration
Le secteur du lavage automobile fourmille actuellement d'initiatives, souvent en lien direct avec la préservation de l'environnement. Il faut dire que la gestion de l'eau devient un problème crucial pour de nombreuses industries. Les stations de lavage sont d'ailleurs souvent pointées du doigt par les municipalités en cas de sécheresse, en raison de leur consommation d'eau.
Les industriels ne disposent pas aujourd'hui des solutions les plus efficaces et pertinentes pour optimiser la ressource en eau. Les rares systèmes d'épuration classiques fonctionnent sur la base du traitement et de la suppression des polluants à partir d'un effluent donné. Et souvent par l'adjonction de produits chimiques, ou de bactéries, pour dégrader une pollution donnée. Ce qui représente un coût supplémentaire pour les exploitants.
Et, malgré les progrès réalisés par les fabricants de portiques et autres nettoyeurs haute pression, sur la consommation de leurs machines, ces équipements dilapident toujours environ 140 litres par automobile.
Intolérable pour les écolos, et de plus en plus politiquement incorrect pour les automobilistes, dont la conscience environnementale se développe à mesure que l'on stigmatise sans cesse leur automobile, mère de tous les vices… Voilà pour le contexte.
Mais, professionnels, rassurez-vous ! La société rennaise 2Ô Innovation apporte la réponse à tous les problèmes de traitement de l'eau, de consommation excessive, ou de pollution pour vos installations. Si vous disposez de stations de lavage (ou êtes en passe d'en faire l'acquisition) 2Ô propose désormais Wô, un système de recyclage des eaux de lavage utilisable en stations de nettoyage automobile.
La genèse
Le contexte est le suivant. Il existe environ 4 000 stations de lavage aujourd'hui en France, comprenant les stations automatiques à rouleaux, ou bien les systèmes en libre service, à haute pression. Une station à l'activité soutenue consomme environ 6 000 m3 d'eau à l'année, une quantité majoritairement issue du réseau de distribution domestique standard. Aucune loi n'impose le recyclage de l'eau. La seule obligation légale concerne des traitements basiques de débourbage et décantage des eaux rejetées. En revanche, les professionnels sont soumis à des taxes de retraitement, géré par les stations d'épuration, en aval. Sur un tarif moyen au m3 de 3,20 euros, ces taxes s'élèvent à environ 1,8 euros.
C'est de ce constat, triste au plan économique comme écologique, que William Maufroy, et Cédric Fontaine, co-gérants de 2 Ô, sont partis pour créer la solution Wô.
Tout a commencé quand un exploitant de station a pris contact avec le bureau d'études de William Maufroy, ingénieur en traitement de l'eau. Le professionnel recherche alors un moyen de traiter son eau, pour consommer et payer moins. William Maufroy n'a pas de solution dans ses cartons, mais élabore une solution d'ultrafiltration, un principe déjà utilisé dans d'autres domaines de l'industrie, eux aussi très consommateurs d'eau. Il s'associe alors avec Cédric Fontaine pour gérer la partie commerciale du futur projet. Ils créent ensemble 2Ô Innovation, qui commercialisera le Wô.
Les secrets de l'ultrafiltration
Contrairement aux autres rares systèmes existants, Wô ne traite pas les polluants. Le système a pour principe de séparer le polluant de l'eau, le concentrer, puis extraire l'eau pure à partir de l'effluent traité.
Pour fonctionner, la technologie s'appuie sur l'ultrafiltration. Cette technique, utilisée dans une station de lavage automobile, permet de recycler 90 % des eaux usées issues de l'activité. Les 10 % restants partent en évaporation pendant le nettoyage, ou bien restent sur l'auto.
Techniquement, Wô utilise deux cuves. La première recueille les eaux chargées d'hydrocarbures et de produits lessiviels. Elle peut contenir jusqu'à 40 m3.
Puis cette eau est pompée par le module Wô contenant les deux membranes d'ultrafiltration. En fait de membranes, au sens le plus courant du terme, il s'agit plutôt d'une multitude de petits tubes en céramique. L'eau circule alors à haute vitesse (4 à 5 m/s) et sous une pression de 2 à 3 bars, au travers de ces tubes. La majeure partie les traverse sans subir de filtration, tandis qu'une petite partie traverse la paroi des tubes, et se retrouve du coup complètement propre, dépourvue des hydrocarbures et savons qui la chargeaient. Ce procédé, dit de filtration tangentielle, permet d'obtenir environ 2,4 m3 d'eau propre par jour, qui rejoignent la seconde cuve d'eau, propre, contenant, elle, 20 m3. Cette eau peut alors repartir dans le circuit de lavage. Pour se révéler utilisable, le système doit donc fonctionner en permanence, son rendement étant relativement faible.
La partie de l'effluent qui n'a pas traversé la membrane, est réintroduite dans le réservoir d'eau "sale", pour être à nouveau filtrée. L'effluent voit donc sa concentration en polluants augmenter au cours du temps. Cette augmentation n'affecte pas le fonctionnement du système, qui peut traiter une eau contenant jusqu'à 40 % de matières grasses… Lorsque l'on atteint ce seuil, l'ensemble de la cuve est éliminé par vidange (minimum une fois par an).
Résultats probants
Une fois le système opérationnel, c'est-à-dire avec ses deux cuves pleines, il fonctionne en permanence, presque en circuit fermé, sans l'apport de l'eau du réseau de distribution. Les seules pertes viennent de l'évaporation citée plus haut.
Et le Wô présente ainsi plusieurs avantages. Tout d'abord, il permet d'utiliser et de recycler les eaux de pluies, qui ruissellent naturellement dans les évacuations de la station, plutôt que de les rejeter. Par ailleurs, le sujet de l'eau étant de plus en plus sensible, on sait que l'été, en cas de sécheresse, les préfets seront de plus en plus enclins à limiter les consommations, et donc, peut-être, à fermer les stations de lavage automobile. Avec le Wô, qui se suffit à lui-même, pas de problème ! Sans compter les communes qui refusent de se charger du traitement de l'eau pour les installations professionnelles, et qui empêchent ainsi toute nouvelle implantation de station de lavage sur leur terrain…
L'installation que nous avons visitée, volontairement surdimensionnée, a nécessité un investissement de 80 000 euros, avec une subvention de 40 % de la part de l'agence de l'eau. Les dirigeants de 2Ô Innovation estiment qu'une installation standard reviendrait plutôt à 50 000/60 000 euros, pour un retour sur investissement en 4 ans.
Photo : La société 2Ô Innovation a été fondée par Cedric Fontaine et William Maufroy.
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