Véhicules autonomes : 64 % des élus locaux français manifestent de l'intérêt
Des quelque 100 000 publications scientifiques relatives à la conduite autonome parues jusqu'à présent dans le monde, moins de 300 d'entre elles avaient pour objet l'usage de cette évolution de l'automobile. L'essentiel se concentrant sur la dimension technique. En France, aucune étude ne s'était même jamais concentrée sur la perception des élus locaux. Voilà qui est chose faite. La tenue du salon Autonomy (16-17 mars 2022) a été l'opportunité pour la communauté d'intérêt de Movin'On de publier les résultats d'une enquête inédite réalisée auprès d'exécutifs et de conseillers locaux.
Sur un échantillon de 1 090 élus interrogés entre juillet et octobre 2021, 64 % ont témoigné de l'intérêt pour la mobilité autonome, estimant que cela pourra constituer un service de mobilité pertinent pour leur territoire. A l'inverse, 26 % des exécutifs et des conseillers locaux se montrent dubitatifs. Ils jugent que la mobilité autonome peut répondre à des besoins précis mais pas pour le grand public. 10 % des élus y voyant simplement une somme de démonstrateurs technologiques inutiles se montrent dès lors réfractaires.
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L'étude se penche ensuite sur les intentions. 6 élus sur 10 désirent avoir un projet de véhicule autonome. Ils sont même 66 % à estimer que cela aurait un effet bénéfique sur leur territoire. A une échelle de temps très courte, 37 % hésitent à développer un service de mobilité autonome (32 % rejettent purement l'idée). A horizon 5 ans, ils sont 45 % à hésiter pour 41 % de refus catégorique.
Il faut dire que l'enquête met en lumière leurs craintes profondes. 45 % des élus jugent l'opération de mise en place difficile, pour 32 % qui la conçoivent comme "extrêmement difficile". Pourtant, plus de la moitié d'entre eux (55 %) anticipent un bon accueil de la part des administrés qui y verraient une réponse adaptée aux besoins du quotidien.
Transport public avant tout
Mais il y a des barrières à lever. Le sondage, dont les résultats étaient dévoilés sur le stand de la Macif, l'entreprise qui a piloté le vaste projet, a montré qu'à 63 % les élus pensent que les populations leur reprocheront de déshumaniser le service de transport public (voire une destruction de l'emploi, à 39 %) et qu'à 62 % on leur imputera le risque d'insécurité routière.
Pour 82 % des élus, la mobilité autonome doit avant tout avoir un usage public. Autrement dit, prendre la forme d'un transport en commun (44 %) soit d'un robot-taxi (38 %). Il y a selon eux moins d'utilité pour le robot-livreur (8 %) ou la voiture individuelle (10 %). Les sondés estiment pour moitié que la pleine automatisation de la conduite ne présentera pas d'intérêt dans cadre du transport scolaire (contre 30 % d'avis favorables). Il faudra davantage l'orienter vers les personnes à mobilité réduite (58 %) ou vers les individus non-motorisés personnellement (75 %). Presque deux répondants sur 3 en feraient une solution d'accès aux zones d'activité de leur territoire.
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Que savent-ils au juste de la mobilité autonome ? Un tiers en fait spontanément une description technique. Il s'agit alors de parler de niveau d'automatisation (52 %), plus que de type de véhicule (18 %), d'alimentation (17 %) ou de connectivité (13 %). S'ils ne parlent pas de la dimension technique, les sondés pensent à 21 % aux conséquences et majoritairement à la sécurité routière (52 % de mentions). La notion de transformation du rapport à la conduite (17 %) ou la mise en place (15 %) sont de grandes thématiques bien moins souvent abordées de prime abord.
Une perception faussée par une réalité édifiante : le véhicule autonome reste un objet imaginaire pour beaucoup d'entre eux. Et pour cause, si 120 expérimentations ont animé l'Hexagone, moins d'une demi-douzaine ont pris pied en milieu rural. De fait, à peine 9 % des sondés ont déclaré avoir déjà vu ou essayé un véhicule autonome. La démocratisation doit déjà passer par là.
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